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Reprise des séquences « nouveautés 2001 » après les salons genevois de janvier : on recommence avec une K.O.T. signée Hublot...
L’ancienne Clé du Temps de la Confrérie horlogère revient avec des habits neufs et un concept mécanique encore plus radical.
Sans parler de l'esthétique plutôt brutale...
1)
••• HUBLOT KEY OF TIME (CLÉ DU TEMPS)
À HEURES ET MINUTES « RATTRAPABLES »...
Ce sera sans doute un des « ovnis » horlogers les plus commentés à Baselword : la K.O.T. – pour Key of Time, c'est plus chic que l’ancienne Clé du Temps – a enfilé une combinaison spatiale pour affronter les immensités créatives d’une galaxie conceptuelle dont les astres se raréfient par rapport aux super-novae des années 2000. On disait les « ovnis » condamnés par le fameux retour au classique : cette K.O.T. prouve qu’on peut non seulement innover dans les délires mécaniques ultimes, mais qu’il reste encore beaucoup de territoires à explorer sur les frontières du design horloger.
••• PREMIÈRE LEÇON MÉCANIQUE de cette Clé du Temps 2011 : autant aller jusqu’au bout du concept et s’amuser à fond pour « jouir sans entraves » – formule révolutionnaire expérimentée en mai 1968 – d’une idée mécanique qui permet de ralentir ou d’accélérer à volonté le temps, lequel n’en restera pas moins inexorablement scandé de seconde en seconde par le tourbillon.
••• DE QUOI S'AGIT-IL ? D’une prolongation créative de l’ancienne Clé du Temps, concept repéré par Business Montres chez Horus, à la fin 2008, sous le nom d’Ultramarinum : la montre pouvait ralentir (deux fois plus lentement) ou accélérer (deux fois plus vite) le temps qui passe, pour revenir à l’heure classique à tout moment. On avait ensuite retrouvé cette idée dans la Clé du Temps de la Confrérie horlogère des ex-BNB (révélation Business Montres du 22 septembre 2009), deuxième meilleur prix derrière Patek Philipe à la vente Only Watch 2009...
••• DÉSORMAIS TOTALEMENT INTÉGRÉS dans l’équipe Hublot, les « confrères » créent à présent les MasterPieces de la marque, mais sans se contenter de les relancer sur les ex-bases BNB. En 2011, dans un boîtier et avec un style entièrement renouvelé, ils se font forts de ralentir et d'accélérer le temps par un facteur 4 : un quart d’heure peut durer une heure, et une heure passer en un quart d’heure, du moins sur le cadran des heures/minutes (heure apparente), le tambour des secondes rythmé par le tourbillon vertical perpendiculaire (à 6 h) restant fidèle au temps réel, ce qui permet au mouvement de « rattraper » ensuite son avance et son retard.
••• COMPLEXITÉ MÉCANIQUE ÉVIDENTE, avec 73 rubis pour les pivots, 440 composants principaux, un tourbillon calé sur 21 600 A/h et un mouvement de 40 mm de large sur 9 mm de hauteur. Cette heures-minutes rattrapante est exceptionnelle dans le paysage horloger et elle cumule la délicatesse de mise au point comme de réglage d’un tourbillon vertical et d’une double rattrapante (non plus des secondes, mais des heures et des minutes). Pour le plaisir du high-tech poussé le plus loin possible dans l’esthétique, bien noter le « sélecteur de fonctions » en liquide fluorescent, dont on aperçoit l’éclat vert à 9 h de la montre (dans l’axe de la couronne) – cela signifie que la manette d’embrayage avance/retard est enclenchée. Le « tube » vert allumé à 10 h de la montre et du cadran intérieur indique qu’on est en phase d’accélération temporelle (x 4) : s’il était allumé à 7 h de la montre et du cadran, on serait en phase de ralentissement temporel (division par 4). Ces tubes à liquide fluorescent fonctionnent sur le principe d’un piston. Toujours à 7 h de la montre, la réserve de marche de 5 jours (par aiguille lumineuse)...
••• L’ESTHÉTIQUE GÉNÉRALE est un hommage du designer aux avancées graphiques de la nouvelle génération des années 2000 : volumes décalés, architraves, courbes néo-industrielles, volonté de sculpter en 3D chaque détail (on peut admirer ici le cadran dans un creux hémisphérique, avec ses aiguilles cintrées en « col de cygne »), fond du cadran ultra-technique dans un « velours côtelé » de métal brut. Toute cette architecture pour exprimer une philosophie très contemporaine du temps, qu’on peut rêver de modifier à sa guise, mais qui prend toujours sa revanche et qui finit toujours par l’emporter – même pour les heureux mortels qui auront le privilège de glisser ce vaisseau spatial à leur poignet...
2)
••• CE QU’ON PEUT (ON DOIT ?) EN PENSER...
Inutile de demander le prix : il est stratosphérique et – sauf exceptions – le demander est encore le meilleur moyen de prouver qu’on n’en n’a pas les moyens ! Mais c’est terriblement tentant, ne serait-ce que par curiosité...
COUP DE CHAPEAU
Quelle qualité de design et quelles subtilités dans l’agencement de la tension dialectique entre lignes et courbes, angles et méplats, volumes et gestion du vide. Si l’ancienne C1 QuantumGravity de Concord était un « ovni » (sa première version, Tourbillon Gravity, avait été consacrée comme meilleur design de l’année au GPHG 2008), que dire de cette K.O.T. ? C’est l’Etoile de la Mort à des années-lumière d'un chasseur TIE de l’Empire (Star Wars) ! L’idée du piston luminescent est géniale pour afficher les fonctions, tout comme la maîtrise de la complexité mécanique qui peut réduire une heure d’ennui à un simple quart d’heure de déplaisir, en attendant de pratiquer dans l’illusion d’une heure de plaisir un simple quart d’heure de bonheur...
COUP DE SIFFLET
Beaucoup plus d’un demi-million de francs suisses pour le plaisir d’embrayer ou de débrayer le temps : il faudra que les amateurs de cette série ultra-exclusive aient le cœur bien accroché, ainsi que le désir d’assumer les commentaires qui s’attachent immanquablement à l’exhibition d’une telle pièce. Tout le monde n’est pas fan de la Guerre des Etoiles – sauf peut-être la poignée de néo-milliardaires capricieux qui auront les moyens de s’offrir ce chef-d’œuvre des beaux-arts néo-contemporains du temps... |