|
En dix fois soixante secondes pour tout lire, le Quotidien des Montres a repéré pour vous de quoi alimenter les conversations sur ce qui se passe dans le village horloger.
VITE FAIT, BIEN FAIT, UN MENU EXPRESS D’INFORMATIONS HORLOGÈRES EN LIBERTÉ, AVEC, CE JEUDI...
1)
••• DES BRACELETS NATO EN CUIR...
Tout le monde connaît aujourd’hui les bracelets « Nato » (OTAN pour les francophones : bracelet réglementaire plus ou moins précisé réalisé selon les spécifications militaires du Bristish Ministry of Defense), qui sont devenus « cultes » après avoir échappé au cercle des seuls initiés. Tout le monde n’aime pas la toile nylon. La maison Leffot (New York, Etats-Unis) les propose désormais en cuir Cordovan, avec deux couleurs de brun et quatre largeurs (225 dollars). Chic, élégant et résistant : de quoi rhabiller et rajeunir bien des montres vintage – c’est très beau sur une Submariner – ou contemporaines...
2)
••• LES TRADITIONNELLES HAUSSES DES PRIX DE DÉBUT D’ANNÉE...
Une première salve chez Swatch Group, qui fait valser les étiquettes chez Blancpain, Breguet et Longines, pour compenser les effets de la hausse franc suisse contre dollar ou euro. Cartier et IWC (groupe Richemont) ont profité du SIHH pour annoncer une nouvelle tarification, de même qu’Audemars Piguet et Ulysse Nardin. Rolex enchaîne avec une substantielle inflation dans les prix boutiques, avec l’Explorer 2 à 5 385 euros, la Milgauss saphir vert à 6 055 euros, la Submariner céramique lunette verte passée à 6 720 euros, la DeepSea à 8 375 euros et la Daytona à 8 870 euros (+ 1 400 euros en un an !). Pas sûr que ces hausses contribuent à endiguer l’explosion du marché gris : tant mieux pour les marques qui sauront rester sages et profiteront d’un report des achats sur des positions économiques plus réalistes...
3)
••• LA TRÈS INTÉRESSANTE HIGHLANDS SAND PROPOSÉE PAR JEANRICHARD...
Il avait existé, dans les années 1990, une Highlands dans la collection JeanRichard. Massimo macaluso la relance, moins en hommage à son père (qui avait conçu la première) que pour se donner une proposition commerciale capable de redynamiser son offre et son image de marque. Avec cette Highlands Sand 2011, il tape juste et il frappe fort, assez du moins pour qu’on reconsidère de plus près son statut actuel, plus sympathiquement marginal que réellement alternatif...
• La nouvelle collection Highlands pourrait refonder la légitimité de la marque. D’abord par son style : une vraie JeanRichard (image ci-dessus), travaillée dans le respect des codes de la marque (l’esprit rond du cadran dans le corps carré du boîtier à « joues » larges), avec un souci de réinterprétation contemporaine de la montre « sport chic » (les grands chiffres luinescents, le cadran sobre et lisible, la lunette tournante à indication GMT, le bracelet en toile à boucle déployante). Cette rigueur dans les lignes et les courbes s’accompagne d’une remarquable intégrité dans le contenu mécanique de la proposition : un vrai mouvement automatique « manufacture », réputé pour sa robustesse et sa fiabilité (le JR 1000 : cartouche de l’image ci-dessus), visible à travers le fond saphir...
• Ensuite, cette Highlands sonne juste par son positionnement prix : au prix public de 5 300 francs suisses pour une telle « gueule » et un authentique mouvement « manufacture », ça devient terriblement tentant. Le format 44 mm x 40 mm reste particulièrement portable, mais il habille le poignet avec une élégance que ne dément aucune fausse note. La montre supporte plus et mieux que des aventures urbaines avec une construction de boîte qui la mène jusqu’à 100 m d’étanchéité...
• Enfin, la communication de la Highlands nous plonge dans un univers cohérent de grands espaces, de safaris et de retour à la vraie vie, celle des premiers matins du monde sur une savane qui parle au cœur de tous les aventuriers, pratiquants ou aspirationnels. Ce que confirme l’environnement photographiques de Peter Beard et les publicités travaillées entre Out of Africa et African Queen : quel amateur de montres ne se sentirait pas une âme rugueuse d’Humphrey Bogart avec cette Highlands Sand au poignet ?
4)
••• LA NOUVELLE MENACE BRITANNIQUE QUI PÈSE SUR LES MONTRES GMT...
Après le mauvais coup infligé aux cadrans des « heures du monde » par le président vénézuélien Hugo Chavez (révélation Business Montres du 25 août 2007), les autorités britanniques semblent vouloir se décider à aligner Londres sur l’heure européenne, en abandonnant le Greenwich Mean Time (GMT) de l’Observatoire royal de Greenwich, référence horaire mondiale absolue depuis près d’un siècle (ce n’est qu’en 1911 que la France a renoncé à l’« heure de Paris » : GMT moins 9 minutes et 21 secondes, décision effective dans la nuit du 10 au 11 mars). Le gouvernement anglais y songe très sérieusement, pour des raisons essentiellement économiques (source : The Telegraph, Royaume-Uni) : de quoi obliger toutes les marques à recaler leurs modèles « géographiques » à plusieurs fuseaux horaires !
5)
••• LES BONNES LECTURES DES ORGANISATEURS DU SALON GTE...
Florence Noël, la directrice du GTE, reprend, dans une lettre confidentielle à ses exposants, à peu près toutes les critiques (amicales et constructives) que Business Montres avait pu formuler à propos de l’édition 2011. Elle admet axer sa réflexion sur quatre thématiques, pour recadrer le GTE qui se tiendra l’année prochaine dans un autre espace que le Centre international des conférences de Genève :
• « Infrastructure globale haut de gamme, correspondant à l’univers de la haute horlogerie ». Il est clair que GTE, produit né de la crise pour offrir une alternative crédible et peu coûteuse aux marques indépendantes (Business Montres y avait beaucoup contribué), ne convient plus dans son concept à une reprise qui s’est empressée de renouer avec les fastes et les dérives d’antan. Il a suffi que le SIHh accélère un tout petit peu pour que GTE se trouve irrémédiablement distancé (commentaires n° 1, 2 et 3 : Business Montres du 17 janvier)...
• « Segmentation des emplacements exposants selon le style d’horlogerie (styles prédéfinis par la direction de GTE) ». Là, ce n’est pas du luxe : en dépit du nouvel espace créé cette année à l’écart du hall d’entrée, l’hétérogénité choquante de certains apparentements a gâché la fête, pour les marques comme pour les invités, détaillants ou autres. Aussi honorables que soient ces marques, on ne gagne à mélanger à portée de chuchotement Marvin et Laurent Ferrier, Ressence et Snyper, Heritage Watch Manufactory et Louis Chevrolet, Valbray et Catorex, plus tous les autres. La formule d’un GTE clairement polarisé entre marques homogènes reste à inventer – en se demandant si le concept d’un salon unitaire et fédérateur a encore du sens dans une ambiance d’après-crise et sur un marché de « niches » exclusives les unes des autres...
• « Amélioration de la configuration des stands pour permettre une confidentialité des exposants avec leur clientèle ». Ce n’est pas un « point de réflexion », mais une dérivée logique des deux précédentes propositions : les contraintes du luxe ne sont pas celles du mass market ! C’est tellement évident qu’on peut même se poser la question de savoir si attirer, dans un même « piège » et dans un même lieu, les détaillants – réels, potentiels, virtuels, aspirationnels – des unes et des autres marques relève encore du bon sens et d’une stratégie commerciale pertinente. N'est-ce pas un mirage ? Que de détaillants n’ont pas osé venir au GTE pour ne pas se trouver « alpagués » par tel ou tel responsable de marque avec lequel ils ne voulaient pas commercer ! Et que de responsables de marque ont souffert de se voir coincés sur leur stand par des détaillants avec lesquels ils ne voulaient pas travailler !
• « Création d’une journée ouverte au public et aux fournisseurs, le reste de la semaine étant réservé à la clientèle des exposants ». Là encore, c’est une question de concept : nous vivons une désintermédiation des salons horlogers (constat Business Montres du 25 janvier, info n° 8), qui doivent évoluer sous peine de disparaître. Comme le SIHH ou Baselworld, GTE doit se remettre en cause et réexaminer l’intérêt d’une proposition centralisée au sein d’une macro-tendance centrifuge (plus que centripète). Les marques concernées sont trop hétérogènes ! Dans la nouvelle logique émergente de relocalisation ciblée, il est sans doute inutile de tenter de globaliser, dans un même média, de façon intelligente et intelligible, une approche grand public (amateurs et relais d’opinion médiatique), une approche « industrielle » (fournisseurs) et une approche commerciale (détaillants et distributeurs). Ce qui condamne à terme les concepts attrape-tout et les grand-messes qui assuraient jusqu’ici la cohésion annuelle de la communauté horlogère...
• Oui, mais alors, que faire ? Déjà analyser et comprendre ce qui ne va pas (ou ce qui ne fonctionne plus). Ensuite, proposer de nouveaux concepts opératoires plus cohérents. Business Montres aura sans doute largement l’occasion de rouvrir le débat d’ici à la Wonder Week 2012...
6 (x 10)
••• QUELQUES ACTUALITÉS EN DÉSORDRE, MAIS QUI ONT DU SENS...
••• Les fêtes de la Wonder Week par un observateur (suisse) qui n’a pas sa langue dans sa poche : un reportage plutôt décapant de L’Illustré (Suisse), avec des choses vues et des propos notés au vol à ne pas manquer. Dont ce commentaire ronchon de notre ami l’Himalaya de la pensée horlogère à propos des fêtes bling bling de ses confrères et amis : « Seul Rolex fait ça bien. Les autres, c’est n’importe quoi ! Les stars restent à peine aux soirées et n’hésitent pas à changer de marque. On ne sait plus qui est avec qui. Et ça coûte extrêmement cher ! »...
••• Omega a frôlé le pire sur la Lune : à en croire certaines sources scientifiques (rapportées The Telegraph, Royaume-Uni), un engin russe – Luna 15 –aurait tenté de griller la politesse aux astronautes américains prêts à débarquer sur la Lune le 21 juillet 1969. Luna 15 se serait écrasé sur la Lune quelques heures avant le débarquement d’Apollo 11, et pas très loin du site de l’alunissage américain. Si c’est vrai [il serait étonnant qu’on n’ait retrouvé aucune trace, alors que la surface de la Lune est en permanence passée au scanner] et si les Russes avaient réussi leur coup, la Speedmaster d’Omega serait-elle devenue l’icône qu’elle est aujourd’hui ?
••• 1 800 mètres carrés sur cinq étages pour ce qui sera la plus grande boutique Montblanc du monde : Lutz Bethge, le CEO de la marque n’a pas lésiné pour marquer son attachement au monde chinois, devenu son premier marché commercial. En privé, il annonce une « boutique-événement » capable de renouveler son concept tous les trimestres en proposant à chaque fois aux clients une nouvelle expérience de la marque...
••• Richard Mille contre Bovet, c’est-à-dire Rafael Nadal contre son compatriote David Ferrer, qui l’emporte ? Pour une fois, Bovet, dont David Ferrer est l’« ambassadeur » depuis plusieurs années.
• Pas grave, puisque Richard Mille est en train de se refaire une santé dans l’univers de la fashion la plus hype, où la marque vient de recruter Baptiste Giabiconi, nouveau mannequin fétiche et inspirateur de Karl Lagerfeld (Chanel) en même temps que go-go boy préféré des rédactrices de mode : comme il est indéniablement très beau, on l’avait repéré la semaine dernière au SIHH avec la montre de poche RM 020 (tourbillon) et sa volumineuse chaîne autour du cou. Pou le clip de son premier album, Showcase, ce jeune homme portera une RM 016 Titalyt...
••• Une « scénographe de vitrines », Stéphanie Moisan, qui a mis en scène de magnifiques vitrines horlogères (par exemple : la boutique Delaneau à Genève : Le Journal des vitrines), raconte à Darkplanneur les « tendances vitrines » de l’année et les secrets du nouveau stopping power
••• Une nouvelle collection « Saint Valentin » pour la créatrice Agatha Ruiz de la Prada. Baptisée Bliss Art, cette collection est parfaitement codée aux motifs, aux couleurs et au style d’Agatha Ruiz de la Prada : pas de chiffres, mais des fleurs et des cœurs, avec une gomme aux teintes très toniques capables de s’assortir aux vêtements de la marque (environ 30 euros)...
••• Les nouvelles spécifications britanniques pour le product placement à la télévision : établi par l’Ofcom (autorité de régulation au Royaume-Uni), un cahier des charges très rigoureux pour bien encadrer le développement des « publicités clandestines » dans le émissions, et notamment les insertions numériques en images de synthèse. A méditer au moment où le marketing se cherche de nouveau canaux promotionnels : on y trouvera quelques idées nouvelles, autant dans ce qui est permis que dans ce qui ne l’est pas (source : Brandchannel)...
••• On ne sait toujours pas qui a offert la montre sertie Black Star of Ghana (signée Backes & Strauss) à Michelle Obama (Business Montres du 24 janvier, info n° 6) : à présent, Ghana Web nous apprend que l’ambassade américaine à Accra estime que ce cadeau « officiel » ne l’était pas vraiment et que ce n’est pas la First Lady ghanéenne qui a offert cette montre de grand luxe à la First Lady américaine. L’« Etoile noire » devient un véritable trou noir de la langue de bois diplomatique...
••• Le parrainage du Festival du film de Berlin sera désormais assuré par Glashütte Original – qui remplace donc plus ou moins Jaeger-LeCoultre, qui avait plus ou moins remplacé Longines, marque qui avait elle-même... etc. Premières séquences dans quelques jours, début février, pour la 61e édition du Festival. Tout cela a-t-il encore du sens ?
••• Sur le luxe horloger en Chine, une séquence d’actualités (en français : 01:56 mn) de CNTV sur la demande asiatique de montres de luxe et sur le SIHH. Amusant : à la minute 00:42, pendant l’interview au SIHH de Sun Yongfu, directeur du département des affaires européennes du ministère chinois du Commerce, on repère facilement Stanislas de Quercize, le président de Van Cleef & Arpels, devant l’entrée de son salon VCA... |