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Il y avait
Antiquorum Genève,
la SA fondée
par Osvaldo Patrizzi
et récupéré
par Evan Zimmermann
à l’issue d’un conflit
toujours à l’instruction.
Il y a maintenant
une nouvelle société :
Antiquorum Geneva Ltd.
Manœuvre retorse
qui annonce d’importants
changements...
Les lecteurs de Business Montres ne se lassent pas de l’interminable feuilleton Antiquorum. Nous non plus, et c’est pour ça qu’on en suit les inusables péripéties avec attention depuis le premier jour. Du moins depuis ce jour de janvier 2006 où Business Montres avait révélé à la Suisse horlogère incrédulequ’Antiquorum était passé « sous pavillon japonais » : sur le moment, certains pensent toujours qu’on exagère, mais la réalité dépasse souvent la fiction ! Depuis cette date, le western a continué, avec les bons, les brutes et les truands – Dieu reconnaîtra les siens ! – et une cascade d’embrouilles judiciaires qui n’ont toujours pas trouvé de dénouement devant les juges genevois...
••• En juin 2009, Business Montres (4 juin, info n° 1) avait repéré « la dévolution progressive des actifs d’Antiquorum Genève » à la société Antiquorum New York – notamment la marque, le logo et les sites. Ce qui semblait annoncer une « stratégie de la coquille vide ». On nous avait alors juré qu’il n’en n’était rien, même si le centre opérationnel de la maison d’enchères théoriquement genevoise est désormais clairement situé à New York...
••• Nouvel épisode ce lundi, au lendemain même de la vente du 15 mai (7,7 millions de francs adjugés), avec l’enregistrement au registre du commerce de Genève d’une nouvelle société, Antiquorum Geneva Ltd (immatriculée CH-660-1324011-9), destinée à « reprendre les actifs (CHF 6 229 661) et les passifs (CHF 5 852 455) de la société Antiquorum SA (CH-660-0722991-1) pour un maximum de CHF 997 206 ».
••• Selon la Feuille officielle suisse du Commerce (n° 8217/660 du 16 mai 2011), , Evan Zimmermann est toujours l’administrateur de cette société, Julien Schaerer restant directeur. Récemment, le 11 mai 2011, les pouvoirs de William Rohr avaient été officiellement radiés : « Sauvez Willy », écrivait Business Montres à propos de ses « vacances » de M. Rohr !
••• Toujours selon la FOSC, on découvre d’ailleurs que, chez Antiquorum SA, si on a bien radié William Rohr, on a oublié de signaler à l’administration genevoise que, ni Bob Maron, ni Yo Tsukahara ne sont plus administrateurs. Le premier a claqué la porte : il affirme maintenant avoir engagé des poursuites contre Antiquorum (révélation Business Montres du 29 avril dernier, info n° 3). Le second est perdu corps et biens dans les eaux glauques de l’Asie du Sud-Est, entre Hong Kong et Tokyo, jeté comme un citron qu’on a bien pressé : ce n’était qu’un médiocre fusible, dont la seule mission était de limoger Osvaldo Patrizzi...
••• Cet « oubli » de déclaration à l’administration genevoise n’est pas forcément si involontaire que ça ! C’est là qu’on se demande si la création de la nouvelle société Antiquorum Geneva Ltd (SA au capital de 100 000 francs suisses) ne serait pas une tentative de l’actuelle direction d’Antiquorum en vue de « liquider » définitivement le passé : on peut penser qu’il s’agit de solder les comptes, tant avec les anciens administrateurs – et les anciens actionnaires – qu’avec les actuels créanciers d’Antiquorum SA (2,1 millions de francs suisses de capital, mais un endettement record). Les limites du passif repris (CHF 997 206) par rapport au passif avoué (CHF 5,8 millions) fixent les limites de l’exercice, qui permettrait à Antiquorum de se « refaire une virginité » avec quelques actifs genevois, notamment les caisses qui viennent d’être regarnies par la vente du 15 mai (image ci-dessus, la magistrale pendule vacheron Constantin du lot n° 579 : Business Montres du 11 mai). On s’inquiète pour les vendeurs de cette session d’enchères et pour l’imprimeur du catalogue autant que pour les institutions sociales genevoises (principal poste de créances)...
••• Ce n’est pas la seule bizarrerie dans cette création de cette nouvelle société. Toute société genevoise doit avoir un administrateur résidant à Genève : ce n’est pas le cas d’Evan Zimmermann (déclaré à Pleasantville, Etats-Unis), mais Julien Scherer peut en tenir lieu (Code des obligations du 1er janvier 2008, qui précise qu'une société doit pouvoir être représentée par une personne domiciliée en Suisse). En revanche, pour l’ancienne société Antiquorum SA, la radiation des pouvoirs de William Rohr ne laisse en place aucun administrateur ou représentant résidant en Suisse, ce qui – selon le droit suisse des sociétés – devrait logiquement entraîner de facto la liquidation (d’office) de la société. Peut-être est-ce d’ailleurs là le but recherché...
••• Rien n’est jamais banal ou anodin chez Antiquorum : ce matin, personne n’était disponible pour apporter quelque lumière à cet imbroglio. Rien n’est jamais simple avec un avocat aussi tortueusement manœuvrier qu’Evan Zimmermann : donc, affaire à suivre. Et de près...
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