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GRAND PRIX D’HORLOGERIE DE GENÈVE : La Fondation montée avec les autorités de Genève peut-elle sa...
 
Le 05-06-2011
de Business Montres & Joaillerie

Relire
la première partie
de cet article
(Business Montres
du 26 mai) :
la seconde partie
pointe les incohérences
et les aberrations
d’un GPHG
qu’il faut réformer d’urgence
pour lui redonner
les valeurs de référence
et de pertinence
qui devraient
être les siennes...


3)
••• LES QUESTIONS SANS RÉPONSE
SUR LES INCOHÉRENCES DE L’ACTUEL GPHG...

Quels qu’ils soient et quelles que soient leurs « compétences » horlogères, les membres « fondateurs » de la nouvelle stucture auront cependant à répondre très vite à quelques questions urgentes sur le règlement intérieur, avant les cérémonies du Grand Prix, en novembre prochain. Et sans doute après...

••• Le scandale de l’Aiguille d’or « Made in China » ? Si un trophée réalisé en Chine, dans un atelier chinois et avec de l’or chinois, ne dérangeait apparemment pas les organisateurs du groupe Edipresse (révélation Business Montres du 26 novembre), on ose espérer que des représentants officiels des autorités genevoises auront à cœur d’en finir avec cette honte qui consiste à récompenser des marques suisses et des horlogers romands avec une Aiguille 100 % China Made. En politique, le ridicule peut tuer ! Surtout quand toutes les institutions horlogères passent leur temps à se battre contre les tricheurs du Swiss Made fait en Chine. A Genève même, les ateliers capables de refaire un tel trophée, avec des fondeurs suisses et de l’or suisse, ne manquent pas [suggestion : l’atelier de Meyrin qui a réalisé le trophée Chopard de la Palme d’or du Festival de Cannes]. En tout cas, Business Montres ne relâchera pas la pression à ce sujet : s’il faut publier les preuves de ce que nous avançons [et c'est ce que tout le monde sait maintenant dans le milieu, sauf apparemment les organisateurs du GPHG], nous les publierons – et avec tout le retentissement qui s’impose pour une affaire qui humilie et qui ridiculise toute l’horlogerie suisse, bien au-delà de Genève...

••• La réforme du règlement intérieur ? Elle paraît urgente au regard de multiples aberrations, qui donnent l’impression que ce règlement intérieur a été « bricolé » hâtivement, sans réelle connaissance du dossier. Quelques exemples : l’article 1.3. précise que « les montres inscrites doivent présenter des différences notables par rapport aux modèles préexistants dans la même marque ayant déjà concourus par le passé ». L’intention est louable, et il était urgent d’étoffer le règlement intérieur sur ce point, mais qui va juger de ces « différences notables » ? À quel moment une différence entre deux modèles identiques devient-elle « notable » ? Rien n’est plus spectaculaire qu’un cadran de couleur différente, mais est-ce une « différence notable » ? Où commence et où finit cette différence d’un modèle à l’autre ? On aimerait connaître les « différences notables » qui ont permis aux icônes horlogères de survivre et de se renouveler sans jamais renoncer à leur identité : quelle est la « différence notable » de toutes les Rolex Submariner depuis un demi-siècle ?

••• Les injustices de la mono-récompense ? S’il est arrivé, dans le passé, de voir une marque récompensée par plusieurs prix, c’était (parfois) justifié par l’abondance de bonnes montres. L’aspect (parfois) choquant de cette multiplication était une conséquence perverse d’un prix conçu comme un « concours de marques » et non comme une compétition de montres : dérive marketing et non reconnaissance horlogère. Le règlement intérieur va cette année trop loin dans l’autre sens en disqualifiant d’office les montres d’une même marque dans une même catégorie et les montres d’une marque qui mériterait – selon les votes du jury – un second ou un troisième prix au cours de la même soirée : « Une marque ne peut gagner qu’un seul prix » (article 5.6) ! Ce qui est profondément injuste pour une marque hyper-méritante et ultra-performante. D’où l’inévitable soupçon de « distribution des prix » pré-arrangée pour satisfaire tout le monde et repêcher les moins heureux : si une marque venait à mériter plusieurs prix, compte tenu du nouveau système de notation proposé au jury, il serait plus sage de les lui accorder – sans entrer dans ces considérations diplomatiques qui ont déjà torpillé le GPHG dans l’esprit de trop nombreuses marques et qui ont tant scandalisé en 2010 [elles ont été trop racontées ici, et en détail, pour qu'on y revienne]. Surtout qu'on ne peut pas éliminer tout double prix compte tenu des prix annexes (public, Poinçon de Genève, etc.)...

••• La malthusianisme éradicateur des petites marques ? Gratuite depuis les origines, la soumission d’un dossier pour le Grand Prix est désormais payante : 500 CHF par montre soumise à la sélection initiale. Ce qui n’est pas rien, mais on réclamera en plus 5 000 CHF pour chaque montre sélectionnée par le jury et exposée à travers le monde. Autant dire que ces articles du règlement intérieur (annexe 1.4 et art. 6.3) seront fatals pour les ambitions des nouvelles marques – qui ont déjà très peu de montres disponibles à immobiliser pour ces expositions initinérantes, surtout pour des modèles de l’année. C’est la mort programmée pour les marques indépendantes et pour les créateurs qui faisaient le sel de tous les palmarès du GPHG : avec une telle addition, ces dernières années, Kari Voutilainen, Max Büsser ou Laurent Ferrier n'auraient sans doute pas concouru, ni reçu le Grand Prix qu'ils méritaient !



4)
••• LE GRAND N’IMPORTE QUOI
DES DIFFÉRENTES CATÉGORIES DE PRIX...

L’inanité de la catégorie « Design » ? À quoi rime un prix de la « Montre Design » qui récompense la recherche la plus innovante au niveau esthétique et/ou conceptuel ? On serait tenté de jouer sur le mot recherche appliqué non à une « montre », mais, précise le GPH, à une « création horlogère » – ce qui ne veut pas dire grand-chose, à moins qu’on ait envie de récompenser des pendules ou des réveils : on préfèrerait des montres plus que des « recherches » ! Et certaines montres peuvent être conceptuelles sans être esthétiquement avancée, ou esthétiquement audacieuses sans la moindre avancée conceptuelle. Telle que, c’est la confusion d’une catégorie fourre-tout qui mélange les vélos et les autos sous prétexte que ça fonctionne avec des roues...

••• L’insignifiance de la catégorie « Joaillerie et métiers d’art » ? À quoi rime la juxtaposition de montres remarquables par leur caratage et de montres remarquables par leur artisanat d’art ? La joaillerie et les métiers d’art n’ont rien à voir ensemble, leur seul lien étant la marque-ombrelle qui peut user de l’une ou des autres, séparément ou simultanément. Si on pousse le curseur côté sertissage, les métiers d'art sont pénalisés. Si on privilégie la valeur ajoutée artisanale, les chefs-d’œuvre de la joaillerie font grise mine. On a mélangé ici les torchons et les serviettes : quelle pitié !

••• La bêtise de la catégorie « Grande complication » ? On ne peut trouver moins horloger que la définition que donne le GPHG des « grandes complications : calendrier complet, quantième perpétuel, sonnerie, tourbillon, chronographe à rattrapante ». Académiquement, ce n’est pas l’une ou l’autre de ces complications qui fait la grandeur, mais l’addition de trois d’entre elles. Avec cette définition qui exclue les « petites complications utiles » ( ?), concept étrange qui sous-entend que les autres sont inutiles, le Centigraphe de François-Paul Journe – « simple » chronographe au centième de seconde – n’a plus sa place dans cette catégorie de prix. Elles sont dénuées de toute « grande complication » : faut-il donc recaler cette année l’Opus Eleven d’Harry Winston ou le Mikrograph de TAG Heuer ? Il devient impératif de réviser cette définition proprement stupide...

••• L’inconsistance du prix (catégorie) « Poinçon de Genève » ? Là encore, le flou de la définition laisse rêveur : tel que, ce prix ne pourrait récompenser que deux marques, puisqu’on nous dit (annexe III, article 1) qu’il « récompense la montre, détentrice du Poinçon de Genève, la plus représentative du savoir faire et de l’excellence de l’horlogerie genevoise » ! En excluant Cartier (qui ne veut plus participer au GPHG) et Chopard (que le faible pourcentage de ses montres poinçonnées élimine de fait comme « marque la plus représentative »), il ne reste donc que Vacheron Constantin et Roger Dubuis. Soit un derby Richemont, qui ressemble singulièrement à un « prix de consolation » pour déçus des autres grands prix. Renseignements pris par Business Montres auprès des responsables du Poinçon de Genève, ce prix ne serait (conditionnel de prudence) pas forcément décerné à une montre et pas forcément à une marque : il faudra, là encore, réécrire le règlement intérieur...



5)
••• LE PROBLÈME D’UN JURY DONT LA COMPOSITION
CONTREVIENT AUX DISPOSITIONS DU RÈGLEMENT INTÉRIEUR...

Business Montres (10 mai, info n° 8-1, 2 et 3) a déjà écrit tout le bien qu’on pouvait penser du nouveau jury et de son nouveau commissaire : inutile d’y revenir. Il est toujours plaisant de voir que les erreurs qu’on dénonçait hier dans Business Montres sont à présent corrigées. En revanche, quelques nominations choquent en raison de leur non-conformité au règlement intérieur...

••• L’article 3.2 du règlement intérieur laisse rêveur : « Les membres du jury n’ont pas de lien direct ni avec l’organisateur du Grand Prix d’Horlogerie de Genève, ni avec les marques en compétition ». Une belle pétition de principe, mais à qui veut-on faire croire que MM. König, Simonian, Tay ou Seddiqi n’ont « pas de lien direct avec les marques en compétition » ? Comme ce sont des amis, Business Montres peut en parler très librement : John Simonian (Westime Los Angeles), qui est personnellement responsable de la distribution sur tout le continent américain de la marque Richard Mille, s’interdit-il de voter pour Richard Mille ou pour une autre des marques dont il est l’agent local ? Abdul Hamid Seddiqi s’interdit-il tout suffrage en faveur de A . Lange & Söhne, Audemars Piguet, Chanel, Chopard, FP Journe, Harry Winston, Hermès, Hublot, IWC, MB&F, Patek Philippe, Piaget, Richard Mille, Rolex, TAG Heuer, Urwerk – pour ne citer que quelques-unes des marques dont il représente les intérêts commerciaux dans sa cinquantaine de boutiques à Dubai ? Même question et à peu près mêmes marques pour Michael Tay pour ses multiples boutiques à Singapour, à Bangkok et dans tout le sud-est asiatique : un contrat de distribution n’est-il pas un « lien direct » ? Même le commissaire Patrick König n’échappe pas au soupçon, quoiqu’il n’ait pas de droit de vote : il est lui aussi porteur des intérêts commerciaux de 43 marques – dont beaucoup citées ci-dessus – dans sa boutique de Lucerne (Embassy)...

••• On pourrait également discuter longtemps de l’indépendance vis-à-vis de certaines grandes marques de tel ou tel autre membre du jury et de l’insensibilité aux pressions publicitaires de tel ou tel journaliste. On retombe ici dans l’effet pervers [dénoncé plus haut] d’un GPHG terrassé par sa logique marketing. Alors qu’il aurait fallu en priorité mettre l’accent sur les hommes, les horlogers, les créateurs, le savoir-faire, les ateliers et les montres, on s'est acharné à ne récompenser que les marques et à transformer ce Grand Prix en concours de beauté pour CEO à l'égocentrisme impénitent. Le problème du GPHG, c’est... le problème des marques, qui y sont trop présentes et trop pressantes. Ce qui est une sacrée dérive ! Quel intérêt aurait une cérémonie hollywoodienne des Oscars où ne monteraient sur scène que les présidents des major companies et les propriétaires des grands studios ? Peut-être pèche-t-on ici par angélisme, mais, si c’est une distribution des prix organisé par et pour les marques, qu’on nous le dise clairement !

••• Il faudra enfin sérieusement se pencher sur une idée Business Montres qui avait été largement approuvée par tout le monde en 2010 : en finir avec l’actuel système de sélection et confier le premier tri à un très large jury de professionnels venus de tous les métiers et de tous les horizons, assez nombreux pour être impossible à « manipuler » [vote du « jury fantôme » Business Montres, 13 octobre 2010]. Ce GPHG souffre d’un grave déficit démocratique : il ne fait pas assez participer la profession à son élaboration et il ne l’implique pas assez dans ses procédures de vote. La création d’un premier « grand jury » de professionnels, appelé à sélectionner les montres présentées ensuite au jury final, irait dans le bon sens : c'est facile, c'est pas cher et ça peut rapporter gros (et c'est comme ça que ça fonctionne pour les Oscars ou les Césars)...



6)
••• QUE DE QUESTIONS SANS RÉPONSE
ET SI PEU DE TEMPS POUR TOUT REPRENDRE EN MAIN !

Avec un peu de bonne volonté, le conseil de la nouvelle Fondation peut aller très vite, refaire le règlement intérieur, redéfinir les catégories de prix trop « boiteuses » et recadrer les droits et les devoirs du jury. Il est encore temps de mettre en place le mécanisme du « grand jury » préalable aux décisions du jury final. Une volonté stratégique d’ouverture, de transparence et de participation ne pourrait que ressouder autour de la Fondation et du GPHG l’ensemble de la profession.

••• Le nouveau conseil de fondation peut et doit faire cesser au plus vite la mascarade de l’Aiguille d’or Made in China, avant que les politiciens genevois ne pourrissent le dossier – avec les dommages collatéraux qu'on peut imaginer. Là, ce n’est plus une question de cohésion, mais de dignité personnelle pour toute la branche horlogère suisse ! Le chemin est tracé, la voie est balisée et les attentes restent fortes : on ne peut que souhaiter bonne chance aux nouveaux opérateurs d’un Grand Prix qu’on se désole de voir traité en fête de patronage municipal quand il pourrait prétendre aux étoiles d'une gloire médiatico-planétaire...

 



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