• Partager

Et de trois !
Demain :
annonce
probable
(non officielle
et non autorisée)
du rachat
de la majorité
de Girard-Perregaux
par le groupe PPR,
qui pose là
les fondations
de son futur
groupe horloger...

Les grandes manœuvres
horlogères ont toujours
lieu pendant l’été !

1)
••• LE GROUPE PPR
PREND LE COMMANDEMENT CHEZ GIRARD-PERREGAUX...

Instinct de journaliste horloger : il se passe toujours quelque chose de fort l’été. Quand on est « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » comme Business Montres, et sur le terrain depuis encore plus longtemps, on finit par se méfier de la fausse trêve estivale...

••• Dans le « 360° du lundi », la vigie annonçait parmi ses « dossiers sur le feu » une semaine riche en rachats (Business Montres du 4 juillet, info n° 1). Ce lundi, c'est parti très fort. Déjà, la semaine dernière, c’était Eterna (Business Montres du 29 juin). Aujourd’hui, c’est LVMH qui rachète La Fabrique du Temps (Business Montres du 4 juillet). En prime, l'annonce – plutôt attendue – du rachat de Maurice Lacroix par le groupe de négoce DKSH (Business Montres du 4 juillet)...

••• Demain, ce sera PPR qui annoncera une prise de participation significative et majoritaire dans le groupe Sowind (Girard-Perregaux et JeanRichard), dont il était déjà actionnaire à hauteur de 20 %. Majoritaire ? Pas forcément de beaucoup [sans doute guère plus de 51 %, voire symboliquement moins], histoire de laisser à la famille Macaluso un terrain personnel motivant : PPR a toujours préféré les sociétés à management familial : la famille Macaluso est donc maintenue en place avec d'autant mois d'états d'âme que la transition depuis la disparition de Gino Macaluso a été remarquablement gérée par Monica, Stefano et Massimo Macaluso, dont c'était le baptême du feu en solo.

••• Cette prise de participation majoritaire l'est suffisamment (même à 50,1 %) pour que le groupe PPR fasse une entrée en force au conseil d’administration. De source interne PPR bien informée (avec une confirmation officieuse en Suisse), on évoque l’arrivée dans les murs de la manufacture, autour de la table du conseil d'administration, de François-Henri Pinault en personne (normal, c’est le président en charge du pôle luxe du groupe). On évoque aussi la présence d’Alexis Babeau, qui est le bras droit de François-Henri Pinault et le DG adjoint du pôle luxe. Plus étonnant, quoique non confirmé : on parle aussi de Pierre Bouissou, qui vient de remplacer Jean-Christophe Bédos à la présidence de Boucheron. Soit un fort contingent PPR, avec une sorte d'intronisation de Pierre Bouissou, qui n'est pas d'extraction horlogère, au plus haut niveau, dans un des sanctuaires de la tradition des montres suisses...

••• François-Henri Pinault en serial buyer ? C’était une autre hypothèse de travail de Business Montres le 8 juin dernier (info n° 5) : on savait que ça le démangeait ! C'est partie pour une première opération tactique : ce n’est sans doute que la première d’une série qui pourrait nous amener beaucoup plus loin. Sachant, en plus, que LVMH ou les Chinois maraudent de leur côté...

2)
••• FRANÇOIS-HENTI PINAULT MET EN PLACE
LE PILIER DE SON FUTUR GROUPE HORLOGER...

Autant dire que cette opération Sowind commence à ressembler à la formation d’un pôle montres digne de ce nom : Girard-Perregaux et Jean-Richard deviendraient le pilier d’une stratégie plus offensive sur le terrain horloger. Le futur groupe serait axé autour de l’outil industriel que représente la manufacture Girard-Perregaux [qui est déjà liée par des accords de fabrication de montres avec plusieurs marques du groupe PPR]. Une fois cet axe consolidé, il pourrait agréger d’autres marques indépendantes que rachèterait le groupe PPR. Ce sujet a déjà été largement abordé par Business Montres, qui se demandait même, dès le 31 décembre 2010 (info n° 3), « chez qui le groupe PPR va-t-il faire son marché horloger ? » : on y est en plein ! C’était même de plus en plus évident et lisibled epuis la reprise en main du pôle luxe de PPR par François-Heni Pinault lui-même – au moins pour les lecteurs de Business Montres (18 février, info n° 2)...

••• En tout cas, la pyramide des marques PPR est cohérente : Girard-Perregaux en centrale de création et de fabrication pour la haute horlogerie, avec Boucheron en joyau de la couronne, JeanRichard pour le sport chic et Gucci pour le marché de la mode. Pour compléter le tableau, il n’y manque plus que Corum, Ulysse Nardin, De Bethune ou d’autres (marques citées dans l’article du 18 février, avec notamment Eterna, qui est passée depuis sous pavillon chinois).

••• Devinez qui revien(drai)t sur le devant de la scène à la faveur de ces grandes manœuvres estivales ? Un certain Michele Sofisti, qui a brillamment relancé la machine Gucci : les rumeurs qui courent à l’état-major parisien de PPR en font une sorte d’« homme-orchestre » capable de coordonner le nouvel outil horloger du groupe. C'est normal, puisqu'il est le seul à avoir une vraie et longue expérience horlogère dans le haut état-major PPR. Il était également lié à Luigi Macaluso, qu'il avait rencontré dans le contexte Ferrari d'une autre vie. Donc, ça demande à être vérifié, mais on ne doit pas être loin de la vérité...

••• Annonce probable de ces évolutions, soit cet après-midi, mais le programme de conférence calls de ce lundi est surchargé : il suffit de demander naïvement aux assistantes des uns et des autres. Soit demain (c’est plus probable) ! Tout ceci est évidemment « non officiel et non autorisé », comme il se doit dans un groupe coté – lequel va pourtant devoir signaler officiellement cette prise de participation majoritaire...

3)
••• UN JEUNE PATRON AMOUREUX DE L'HORLOGERIE,
DE SES DÉLICES, DE SES POISONS ET DE SES ÉMOTIONS FORTES...

Au fait, une majorité PPR chez GP : pourquoi faire ? On en saura plus demain, mais il est évident qu'une injection de cash permettra à la manufacture de se relancer sur un grand pied, après la réussite de sa reprise en main des commandes par les fils Macaluso (Stefano et Massimo) et Monica, la femme de Luigi Macaluso, disparu cet hiver...

••• Le nouveau partenaire PPR peut apporter à Girard-Perregaux et JeanRichard son expertise de la distribution sur les marchés-clés [PPR est avant tout un groupe marchand, très bien implanté en Asie et aux Etats-Unis]. PPR peut aussi mettre tout son poids dans la balance en termes de marketing et de communication, domaine où un groupe indépendant comme Sowind s'est toujours trouvé désavantagé par rapport aux marques intégrées dans les groupes de luxe. Difficile pour Girard-Perregaux de régater sans moyens face à Breguet, Vacheron Constantin ou même Zenith ! Pas facile pour JeanRichard d'exister face à Rolex, Omega, Hublot ou même IWC...

••• Et les clients extérieurs du groupe Sowind (hors marques du groupe PPR) ? On fait tout pour les rassurer sur la sécurité de leurs approvisionnements, mais cela ne fait que les inquiéter davantage : les mouvements de la famille GP3000 avaient leurs adeptes, qui vont devoir à l’évidence se trouver d’autres manufactures. Comme pour le rachat de La Fabrique du Temps par Louis Vuitton, c’est encore un espace de liberté qui disparaît pour l’horlogerie non alignée. On espèrerait bien le contraire, mais...

••• Il sera temps demain d'analyser plus finement les conséquences de ce troisième rachat de la journée, mais on est sûr, à présent, que la seconde moitié de l'année 2011, dans laquelle nous venons de basculer, se déroulera sur un horizon tout-à-fait différent de celui dans lequel on a quitté 2010...

••• Une certitude : les motivations d'un François-Henri Pinault ne sont pas celles d'un Bernard Arnault, d'un Nick Hayek ou d'un Johann Rupert. La différence est de nature, non de degré : elle est substantielle et liée à la vraie passion horlogère qui anime [on serait tenté de dire qui fascine ou qui énamoure] le jeune dirigeant de l'empire PPR. C'est d'un tout autre modèle managérial que procède sa conception d'un développement horloger plus proche des hommes (avec un soupçon de clanisme familial) que des actionnaires...