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Ce n’est pas encore
le grand calme plat
sur la planète Montres,
mais on a picoré
dans l’air du temps
quelques actualités
qui ne se prennent pas
trop au sérieux...
1)
••• LES RÉACTIONS PLUS QUE MITIGÉES
À PROPOS DE L’ÉMISSION DE « CAPITAL » SUR LES MONTRES...
« Changer de chemise comme de montre, c’est tendance » : une accroche forte, signalée vendredi par Business Montres (15 juillet), pour une émission de Capital (M6) qui l’était singulièrement moins et dont on peine à comprendre vraiment l’objet. On y cherche en vain le décodage des tendances, hormis les séquences de télé-réalité qui ouvrent le reportage : pas très crédibles, tous ces shalalas multi-montres, et pas vraiment dignes du style Capital !
••• Au contraire, on nous a infligé de longs tunnels redondants sur Ice-Watch [qui n’est pas, et de loin, la seule marque active sur ce créneau], avec de longues minutes tropéziennes en compagnie de notre ami Franck Dubarry, créateur initial de TechnoMarine, mais retiré depuis très longtemps du circuit horloger [y fera-t-il bientôt son retour ?]. Rien sur les Italiens, très actifs sur ce créneau, rien sur les concepts alternatifs (type Nooka, JC/DC ou Red8), rien qui permette aux consommateurs de mieux comprendre ce qui fait – ou ne fait pas – la différence entre Swatch et les marques qui grignotent ses parts de marché. Rien qui explique pourquoi et comment Swatch avait délaissé ce créneau, pour y revenir en force depuis un an...
••• Bref, au final, un net manque de substance sur le fond – encore qu’on ait évité de raconter des grosses bêtises – et une consistance plutôt filandreuse pour la forme : dommage, cette émission de Capital (17 juillet) a gâché un beau sujet et raté une occasion de dévoiler les coulisses de la scène horlogère aux 3,3 millions de téléspectateurs présents ce soir-là (14,6 % du public global de ce dimanche soir). Pour vérifier cette déception, on pourra comparer le contenu de l’émission (lien ci-dessus) avec la bande annonce que diffusait M6 ces jours-ci (secondes 00:38 à 00:50)...
2)
••• LA BONNE AFFAIRE DE « CAPITAL »
POUR JEAN-PIERRE LUTGEN ET LES MONTRES ICE-WATCH...
Le principal bénéficiaire de cette séquence dans Capital, c’est Jean-Pierre Lutgen qui la réalise : le « héros » du film (créateur de Ice-Watch) passe à présent, volens nolens, pour le principal challenger de Swatch [qui est un brevet d’honorabilité]. Il dope la notoriété de sa marque : dans les heures qui ont suivi l’émission, la page Facebook d’Ice-Watch a gagné plusieurs centaines d’amis (179 000 pour l’instant) ! La boutique en ligne du site Ice-Watch a vu son trafic exploser et le serveur aurait lui-même explosé s’il n’avait pas été déconnecté quelques heures...
••• De quoi enclencher une Ice-watchmania pour une marque qui s’offre sur une même page David Guetta, une montre à drapeau égyptien [c’est audacieux, en ce moment : pourquoi pas la Syrie, la Libye ou la Tunisie ?], une héroïne de Largo Winch (Melissa), les Saturdays (Missing You) pour les slows de l’été, le cycliste champion de Belgique Philippe Gilbert (maillot jaune dans la première étape du Tour de France 2011 et porteur d’une Ice-Watch jaune), une présence dans le trailer du film Switch – déjà marqué par la présence publicitaire impromptue de Hublot (Business Montres du 8 juillet) et un placement produit de Jaeger-LeCoultre...
3)
••• LA NOUVELLE CORUM ADMIRAL’S CUP SEAFENDER 48 DEEP DIVE,
QUI EST PEUT-ÊTRE UNE DES PLUS BELLES « PLONGEUSES » DE L’ÉTÉ...
Par sa « gueule » (esthétique virile), sa taille (48 mm de titane grade 5) et son concept technique (étanche à 1 000 m), cette Seafender est capable de « régater » avec les stars de la plongée et des sports nautiques. Elle est même capable d’aller chercher des noises à la nouvelle King Power Hublot Diver, qui est encore plus profonde (4 000 m), mais nettement plus épaisse et donc moins « portable » à la ville. On regrettera que cette Admiral’s Cup n’ait pas une vraie « trotteuse » des secondes, mais son ultra-lisibilité dans le spectre de l’orange compense (image ci-dessus). Un bel exercice de style, qui permet à Corum de taper du poing sur la table pour rappeler – en même temps que ses codes, inchangés depuis un demi-siècle – son antériorité et sa légitimité sur le marché des montres nautiques dont l’élégance s’impose dans un cadre urbain. Lunette tournante spéciale (précise à la demi-minute) et mouvement automatique à jour-date (il existe une version à lunette en or rouge, en édition limitée à 100 pièces)...
4)
••• LA PRÉPARATION DES MARQUES DE MONTRES
AUX MUTATIONS DE CES 100 PROCHAINES ANNÉES...
On ne sait pas si Google peut prédire l’avenir, mais notre « ami Google » tient déjà tellement de place dans le quotidien des humains qu’on y trouve l’écho [la projection, l’ombre portée, le reflet, le fantôme, le fantasme : rayez les mentions inutiles] de ce que nous pouvons collectivement imaginer pour les 100 prochaines années. Google a tenté l’expérience avec les résultats de ses moteurs de recherche : à chacun de s’y préparer en fonction de ce qu’il choisit de retenir dans cette liste futurologique (source : In Tech Web, avec une reprise partielle sur Owni). Facteur encourageant : en 2100, nous serons tous immortels, sauf ceux... qui seront morts !
5)
••• LE TRAGIQUE TEST DU CHOCOLAT
ET SON EXPLOSIVE APPLICATION AUX MONTRES SUISSES...
Soit un carré de chocolat chinois et un carré de chocolat suisse : si on vous dit lequel est suisse avant, vous allez le trouver meilleur. Manque de chance, vous allez préférer le chocolat chinois si on ne vous le dit qu’après. Même constat avec le prix : si vous dit le plus cher et le moins cher avant, vous allez préférer le plus cher. Et vous aimerez mieux le moins cher si vous ne le découvrez qu’après...
• L’expérience a été tentée, et réussie par des psychologues du Babson College, Keith Wilcox, Anne L. Roggeveen et Dhruv Grewal, qui la rapportent dans un article du Journal of Consumer Research (Université de Chicago, Etats-Unis). C’est tout ce qu’il y a de plus scientifique ! Imaginons maintenant qu’on applique ce « test du chocolat » dans une logique avant/après, mais avec une montre suisse et une montre chinoise, choisies dans des gammes équivalentes mais démarquées (marque invisible) : que se passerait-il si la qualité perçue dépendant de la nationalité apparente, et si, à l’aveugle, on préférait la pièce chinoise ? Horresco referens, comme on disait dans l’Enéide...
6)
••• UNE INSOLITE VENTES AUX ENCHÈRES
SANS BEAUCOUP D’ENCHÉRISSEURS (ARCACHON, FRANCE)...
Patek Philippe aux enchères, ça ne marche pas à tous les coups, comme en témoigne ce compte-rendu du quotidien Sud-Ouest (France), dont le journaliste assistait à une dispersion à l’hôtel des ventes d’Arcachon (Gironde) : manifestement, le cher confrère ne connaît rien, et ne comprend rien au marché de la montre de collection. Il trouve presque normal que Jean-Daniel Toledano, qui tient le marteau, peine à pousser une Patek Philippe au-delà de 4 200 euros, mais il s’étouffe presque sous l’« extravagance » que constitue à ses yeux un Tourbillon FP Journe à 50 000 euros. Et il titre : « Une vente pour ceux qui ont réussi leur vie » (allusion à Rolex). E n’était en tout cas pas une vente pour réussir son article...
7)
••• LA (POSSIBLE) PREMIÈRE VRAIE
RÉPÉTITION MINUTES PRODUITE À GLASHÜTTE...
Marque plutôt portée sur la montre de pilote et spécialiste du bon vieux chrono militaire, Tutima a décidé de créer, dans ses ateliers, son propre mouvement Répétition minutes « manufacture ». Pas vraiment par lassitude des mouvement ETA dont les montres Tutima sont équipées, mais plutôt pour prouver que la « plus ancienne marque de montres de série installée à Glashütte » était encore digne des traditions hautes horlogères. S’agit-il de la première Répétition minutes créée à Glashütte ? Aussi bien Glashütte Original (Swatch Group) que A. Lange & Söhne (groupe Richemont) ont déjà lancé des « montres qui sonnent », mais il ne s’agissait pas à proprement parler de Répétition minutes au sens strictement horloger du terme. Mouvement saxon classique (platine trois-quarts et 550 composants), boîtier en 43 mm avec un poussoir tout ce qu’il y a de plus classique et cadran d’une jolie facture encore plus classique (heures-minutes petite seconde), sur lequel la seule surprise est de trouver... le nom de Tutima [on y aurait attendu celui d’une manufacture suisse très huppée !], surtout avec une facture qui avoisine les 170 000-180 000 euros. La bonne idée : conserver à cette montre la couronne surdimensionnée des montres d’aviateur : il faut bien ça pour remonter manuellement le mouvement doté de 72 heures de réserve de marche. Tutima entre dans la cour des grands avec cette série limitée de 20 montres (15 en or rose et 5 en platine, métal sonophage par excellence et donc aberrant pour une montre à sonnerie)...
8)
••• QUELQUES INFORMATIONS HORLOGÈRES
EN VRAC, EN BREF ET EN TOUTE LIBERTÉ ÉDITORIALE...
••• ANTICYTHÈRE : un nouveau film sur la page Facebook Antikythera 2012, avec une mise en scène des mécanismes de la « machine » elle-même, de son double calendrier en spirale à aiguille extensible et de son planétaire sphérique, avec une apparition subliminale de la future « mécanique d’Anticythère » purement horlogère...
••• ASOS : la montre qui n’est jamais en retard, ni d’ailleurs en avance, c’est encore la « non-montre », celle qui donne l’illusion d’elle-même sans jamais donner l’heure. Pour 15 euros, la « montre » Asos vous propose le bracelet et le boîtier, mais sans rien dedans, juste pour dire qu’on a le poignet habillé. Conceptuel, non ?
••• AUDEMARS PIGUET : confirmation le 12 juillet de la révélation faite par Business Montres le 11 juin (info n° 4), concernant la nomination de l’Argentin Antonio Seward, directeur de la filiale espagnole d’Audemars Piguet, à la direction de la filiale française. Rien à ajouter au commentaire précédent de Business Montres à propos de cette super-filiale franco-ibérique : « On imagine aisément la perplexité des principaux détaillants de la marque, confrontés ainsi au quatrième « intérimaire » patronal en trois ans »...
••• BLUE NILE : Business Montres (16 juin, info n° 7) rapportait récemment que Blue Nile était devenu le leader mondial de la joaillerie en ligne (333 millions de dollars. C’est le double du chiffre d’affaires en ligne de Tiffany & Co. D’autres précisions après cet article : un quart du trafic sur le site de e-commerce de Blue Nile est généré par les applications iPod, iPhone et iPad de la marque ! Les clients à tablettes numériques dépensent en moyenne 62 % de plus que les autres et ils restent plus longtemps sur le site. Fait troublant : ils commandent leurs diamants de n’importe quel endroit. Moralité : les nouveaux clients du luxe achètent ce qu’ils veulent où et quand ils le veulent. Certitude : si on ne répond pas « ici et maintenant » à leur impulsion d’achat, ils vont voir ailleurs...
••• DIAMANTINI & DOMENICONI : ces spécialistes italiens du design horloger ont inventé une horloge qui donne l’heure exacte, mais avec une aiguille coudée qui crée l’illusion de trois minutes d’avance, juste pour être vraiment à l’heure et sans retard réel. Ce système On Time – pas nouveau, mais découvert récemment – aurait dû être inventé par des Suisses alémaniques ou des Allemands, pas par des Italiens auxquels trois minutes d’avance ne suffisent pas...
••• HERMES : deux vidéos des animations crées à Baselworld pour honorer le « Temps suspendu » ( une scénographie kinétique à l’entrée du stand et une mise en scène un peu folle des créatifs de l’Atelier Oï).
••• NOOKA : la marque de design new-yorkaise (un des plus amusantes de la scène horlogère américaine) lance une non moins amusante montre Nooka 360 dont le bloc cadran-boîtier-mouvement pivote à 360° pour afficher l’heure dans la direction qu’on veut – pour soi ou pour les autres, dans tous les azimuts...
••• PANERAI : 9 % d’augmentation chez les détaillants américains de la marque, à peu près autant en Asie et 5 % de plus sur les étiquettes européennes, sauf sur les très grandes complications. C’est l’été de tous les dangers pour les Paneristi...
••• PANERAI (HOMMAGES) : deux « hommages » [pour ne pas dire pire] au style Panerai, décidément source de multiples inspirations. Un remake qui nous arrive du Canada (via Hong Kong) sous la marque Zuriner : une montre pas trop mal réalisée (mouvement ETA suisse), riche des codes Panerai, notamment de la mythique « Egyptienne », mais avec un ou deux détails supplémentaires amusants et une facture autour des 1 000 dollars (tiens, au fait, Zuriner devient la nouvelle marque #54/Génération 2011). Moins amusant et moins original, le mauvais démarquage de la SW@Commando Watch (SW pour Smith & Wesson : ce pastiche ne vaut que 30 dollars, mais on parle là de sa valeur marchande et non de sa valeur intrinsèque...
••• ROLEX : une des meilleures « revues » jamais trouvées sur le net pour raconter la saga des Rolex « Bubbleback ». C’est (en espagnol), sur le forum Relojes Espaciales , avec beaucoup d’images, de textes et de références, en plus de textes pas trop difficiles à traduire si Google est votre ami. Les non-initiés comprendront tout de suite, avec certaines images, pourquoi on les appelle « Bubbleback »... |