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C’est amusant,
c’est tout bête
ou c’est tragique :
les informations estivales
sur l’univers des montres
ne sont pas forcément
à prendre au sérieux,
mais les gens sérieux
y trouveront toujours
quelques pépites...
1)
••• LA QUESTION QUI FÂCHE
À PROPOS DE L’HORLOGERIE « SWISS MADE »...
Pour avoir tenté de cacher que ses meubles design « Made in Italy » étaient en fait réalisés en Chine, une marque chinoise, DaVinci, vient de créer un retentissant scandale en Chine, avant de perdre 90 % de son chiffre d’affaires (source : Le Quotidien du peuple en ligne). Ce qui tendrait à prouver que les consommateurs chinois sont sensibles aux appellations d’origine. D’où la question qui fâche : que se passera-t-il le jour où ces mêmes consommateurs apprendront que les montres Swiss Made qui leur sont proposées par des marques suisses sont en réalité – pour tout ou pour partie – réalisées en Chine ou en Asie ? La menace n’est pas mince, moins pour les marques de haute horlogerie suisse, qui n’encourent que des reproches très partiels à ce sujet, que pour les marques de moyenne gamme, qui n’ont jamais eu autant recours à la sous-traitance sino-asiatique que depuis 2010...
2)
••• LA J12 CHANEL CHROMATIC
FAIT SA COUR À LACOURT...
On parle de Camille Lacourt, bien sûr, puisque le nageur français affiche, en plus de ses médailles d’or et de son maillot de bain, une « gueule d’ange » qui le vouait inexorablement à jouer les porte-montres pour une marque de luxe ! Bravo à Chanel, qui avait anticipé les succès de son champion dès les défilés de 2010 et qui le met aujourd’hui à l’heure de la J12 Chromatic (image ci-dessus) : un ambassadeur masculin crédible pour une montre virilement crédible ! Problème : c’est d’autant plus crédible – et Camille est d’autant plus beau – que les filles vont se ruer sur cette Chromatic, qui les changera agréablement de leurs J12 blanches ou noires. Et les garçons vont encore se poser des questions sur cette J12 qui leur échappe : « Caramba, encore raté ! » (comme on dit dans L’Oreille cassée)...
3)
••• LES NOUVELLES DEMANDES POUR DES MONTRES « SUR MESURE »...
La tendance à la personnalisation est un courant sociétal lourd et structurant. Le domaine horloger n’y échappe pas, les marques tentant généralement d’y répondre par des « séries limitées » pi des éditions « boutique » plus ou moins exclusives. En entrée de gamme, c’est plus simple : on change tout sur Internet. Exemple avec la nouvelle Vibe Watch de RED5 (Royaume-Uni) : grâce au randomiser, boîtier, bracelet, lunette, cadran se déclinent en une dizaine de couleurs capable de redonner vie à la mode des montres en plastique (vidéo de démonstration). D’autres propositions existent, comme celle de RED8 (c’est sur RED8 – marque de Christian Bédat – que les Anglais ont pompé leur RED5), qui a même créé une sorte de galerie d’art pour les créations de ses amateurs, ou celle de Wize , concept voisin de RED8. Même tentation du sur mesures horloger chez Christina Design London, qui est la seule marque (britto-suédoise) à avoir donné son nom à une équipe cycliste – ce qui est un peu inattendu pour une marque de joaillerie...
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••• LES POTINS, LES RUMEURS ET LES ÉCHOS
SUR LES ÉGOS DES MARQUES ET DE CEUX QUI LES MANAGENT...
••• AGOTA KRISTOF : navrant silence des institutions horlogères à l’annonce de la disparition d’Agota Kristof, seule femme de lettres suisse un peu célèbre à avoir travaillé dans une manufacture horlogère (Fontainemelon). Ce n’est quand même pas tous les jours que des écrivains sont issus de l’industrie horlogère ! Cette poétesse d’origine hongroise avait fui le communisme en 1956 : Agota Kristof avait reçu le prix Schiller en 2005. Le pire nous est révélé par l’AFP, dans sa dépêche consacrée à « La sœur spirituelle de Kafka chez les horlogers suisses » : « J'aurais préféré deux ans de prison à vingt ans d'usine - elle a travaillé vingt ans dans une usine d'horlogerie en Suisse, ndlr -. Ces premières années de ce côté-ci du rideau de fer ont été très malheureuses ». Ce n’est pas tous les jours qu’un grand écrivain fancophone raconte l’envers du décor de l’industrie des montres...
••• CORNAVIN : Genève, capitale mondiale de l’horlogerie de prestige ? Peut-être, mais la pendule monumentale de la gare Cornavin (immortalisée dans L’Affaire Tournesol des « Aventures de Tintin ») reste obstinément bloquée depuis des semaines à 11 h 08 (source : Tribune de Genève). Plutôt nul pour une « capitale horlogère »...
••• IN TIME : ce sera le film de la rentrée qui parlera le plus de montres, puisque ce scénario de science-fiction nous entraîne à la fin du XXIe siècle, quand l’unité de temps aura remplacé le dollar et quand les échanges marchands consisteront à échanger du temps contre de la vie, le tout étant décompté sur des bio-montres spectaculaires ! La bande-annonce de In Time (avec Justin Timberlake) situe bien l’ambiance, mais cette montre directement implanté dans le bras rappelle immanquablement le projet de « montre bionique » lancé par Mathias Buttet du temps de BNB (Business Montres du 29 mars 2009, info n° 8). Une information donnée sur notre page Facebook le 27 juillet...
••• LUXURY BUSINESS : une date à noter pour les professionnels du luxe. Conférence de l’Association des professionnels du luxe (International Luxury Business) le 16 septembre à Paris, sur un thème explosif : « Premium vs Luxe : quels enjeux derrière les mots ? ». Effectivement, les mots ne veulent plus rien dire dans ce domaine : quand tout le monde se prétend « marque de luxe », plus personne ne l’est vraiment ! Sauf ceux qui n’en parlent jamais. On attend les prises de parole de quelques horlogers, prélude à des débats houleux...
••• MAUBOUSSIN : sous le titre Un rebelle place Vendôme, Alain Nemarq (le président de Mauboussin) sera une des vedettes de la rentrée horlo-littéraire. Comme il ne pratique pas la langue de bois, on peut s’attendre à quelques pages réjouissantes...
••• PLACE VENDÔME : tiens, à propos de la « plus-belle-place-du-monde », une compilation très intéressante du blog Bijoux et précieuses, qui nous raconte, en textes et en images, ce qu’était physiquement la place Vendôme et la rue de la Paix en 1923. Une bonne occasion de méditer sur l’histoire de notre industrie
• Constat n° 1 : le luxe est tout sauf éternel, puisque 90 % des enseignes de cet axe prestigieux ont disparu ! Exceptions marquantes : Cartier, Van Cleef & Arpels et Boucheron. C’est maigre...
• Constat n° 2 : l’horlogerie et les montres se taillent à présent la part du lion dans les emplacements commerciaux, au détriment des espaces joailliers. On peut même parler d’une surprenante colonisation horlogère de la place, assez récente puisque la première boutique de montres n’y remonte qu’à la fin des années 1980 (Ebel)...
••• MAURICE DE MAURIAC : la bataille du franc suisse contre l’euro sur la chaîne Bloomberg, avec Daniel Dreifss (le fondateur de Maurice de Mauriac) pour nous expliquer les nouvelles difficultés infligées aux horlogers indépendants...
••• PPR : beaucoup de rumeurs – mollement démenties – sur l’intérêt du groupe PPR pour la marque italienne Brioni (classicisme élégant à l’italienne). Une nouvelle collection pour Girard-Perregaux, qui finira par se spécialiser dans le luxe italien (Zegna, Bottega Veneta, etc.) ? Au passage, un excellent portrait de François-Henti Pinault dans Le Parisien (France) : « Le patron qui veut faire oublier l’héritier », mais qui a compris qu’il fallait faire fructifier l’héritage, notamment dans l’horlogerie...
••• STEAMPUNK : l’idée du diaphragme horloger (De Grisogono et, récemment, Valbray) se porte bien, même chez les artisans du steampunk horloger, comme le projet TimEye,un peu... brutal dans sa réalisation, mais tout de même mécaniquement intéressant (vidéo très explicite)...
••• SWATCH GROUP : après avoir clairement laissé entendre que le marché de la joaillerie ne l’intéressait pas - trop peu de marges pour un secteur où les marques n’ont qu’une faible valeur ajoutée : -, Nick Hayek laisse percer de nouvelles ambitions sur le marché du diamant ! Dans une interview à Finanz und Wirtschaft (Suisse), il exprime sa volonté stratégique de prendre des parts dans une mine de diamants, histoire de sécuriser ses approvisionnements de « cinquième consommateur mondial de diamants »...
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••• LES VRAIES TENDANCES
DE L’HORLOGERIE « FASHION »...
Loin des subtilités hyper-mécaniques déployées par les hyper-manufactures horlogères suisses, les champions de fashion de poignet relancent, recombinent, réinventent et recyclent en permanence les tendances qui redonnent envie de porter des montres. Des « signaux faibles » qui auront tendance à devenir de forts bruits de fond : on est à fond dans la fusion ! Quelques exemples récents, auquels il faudrait ajouter la collection des montres Kidrobots récemment lancée par Swatch (Business Montres du 21 juillet, info n° 5) :
••• THE DUFFER OF ST.GEORGE : on est là dans la hype néo-classique londonienne et The Duffer of St. George n’hésite pas à combiner le revival des « montres militaires » avec la nostalgie Snoopy. Bracelet OTAN et cadran « officier » pour cette Snoopy Military Watch repérée au Japon...
••• CASIO G-SHOCK : G comme le point du même nom ? On peut le croire avec les Casio G-Shock multicolores ultra-sexy mises en scène avec les surfeuses australiennes de Stab Magazine : la glisse est un univers torridement impitoyable (découverte proposée en priorité aux lecteurs de Business Montres sur Facebook, qui ont ainsi pu se rincer l’œil avant tout le monde)...
••• PAUL SMITH : avec les chiffres de couleur dans le genre Crazy Hours Franck Muller, l’allure d’une montre de poche et la vocation d’un réveil nomade, Paul Smith réinvente la pendulette de voyage pour les lassés du tout-iPhone. En prime, gravé sur le fond, un slogan horloger qui vaut son pesant de couronnes : « The world is your oyster » !
••• SOPHNET : la marque-pilote des ultra-branchés japonais joue la triple carte du style Oyster, du goût néo-militaire et de la régression pré-moderne, avec une Mickey Mouse Watch qui va faire saliver les adulescents rétro-nostalgiques (ça devient irrésistible avec le T-shirt vintage assorti)...
••• MISHKA : la « griffe culte » new-yorkaise (en dépit de son nom et de la graphie russe de son logo) se lance sur le marché de la montre de mode en plastique à design contemporain. Ce sera donc la référence #57/Génération 2011. La série des Keep Watch n’a rien de fondamentalement révolutionnaire, sauf qu’elle ressemble furieusement à ce que fait Swatch dans ses séries « artistiques » (notamment les « pupilles » de Rankin) : à 60 dollars pièce, il ne faut pas rêver...
••• ORIGINAL FAKE : toute marque tendance se doit d’avoir ses propres bracelets et Original Fake (label fétiche au Japon) confirme bien qu’il n’y a que les bracelets en toile style OTAN - NATO pour les colonisés de l’empire - qui sont dignes de la nouvelle génération, pourvu qu’on en détourne les codes graphiques...
••• HOBO : encore du « style militaire » ultra-branché pour ceux qui auraient encore des doutes ! Pour faire plus chic, on parle aussi de style field : toujours au Japon, Hobo recycle la bonne vieille montre des GI’s américains en accessoire de mode. Rien de très original là-dedans, mais Hamilton – dont c’était la spécialité – a du souci à se faire...
••• J. CREW : après les Timex Vintage Field Army Watch de 2010, J. Crew continue son exporation des classiques de la montre avec une Andros Watch qui additionne codes militaires, codes nautiques et codes fashion (bracelet toile). Sympathique à défaut d’être original...
••• THE BLACK SENSE MARKET : ce label japonais d’avant-garde lance sa propre montre, Jam Home Made, au confluent du look chronographe, du retour de Micket dans l’imaginaire des jeunes générations et de la complication horlogère (le Mickey est caché derrière les compteurs du chrono). Mouvement Citizen et bracelet OTAN nylon, évidemment...
••• NIXON : last, but not least, Nixon confirme avec sa montre Sam (exclusivité pour Barneys), dont le nom évoque les soldats de l’« oncle Sam » (bracelet en toile compris), que les codes militaires sont plus fashionables que jamais – constat sociologiquement troublant alors que les nouvelles générations s’avèrent plus « pacifistes » que jamais... |