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La reprise des anciens bâtiments d’Energizer n’est qu’une étape. L’appareil de production est toujours saturé par la demande.
La reprise des bâtiments et du terrain d’Energizer, à La Chaux-de- Fonds, avec effet au 1er novembre, a été annoncée hier. Le choix de la localisation n’était pas prévu. En revanche, la volonté de Swatch Group de renforcer ses forces de production à La Chauxde- Fonds était connue. En décembre 2010, le groupe biennois avait obtenu l’aval du Conseil municipale pour l’achat d’un terrain de 37.000 m2, pour une somme proche de 10 millions de francs. La transaction sur les équipements d’Energizer, qui a cessé définitivement ses activités en début d’année, annule l’achat du premier terrain. Le prix n’est pas communiqué. L’investissement entre quoi qu’il en soit dans le programme de renforcement de l’ensemble de l’outil de production du groupe. Le programme d’expansion compte d’autres transactions en cours.
La destination des locaux n’est pour l’heure pas arrêtée. Le groupe communique que les nouvelles disponibilités profiteront en priorité à la filiale Universo. D’autres sociétés du groupe devraient aussi y installer une partie de leur production. Nivarox pourrait en faire partie, mais aucun projet concret n’est pour l’instant rendu public. En outre, un peu moins de quarante collaborateurs d’Energizer seront intégrés aux activités du groupe, sur le site de La Chaux-de-Fonds notamment.
La direction précise qu’il s’agit notamment de personnes actives à la production. A noter encore que l’opération n’est pas sous-tendue par la volonté de regrouper les activités d’Universo, qui opère aujourd’hui sur trois sites différents. Il n’est pas non plus question d’annuler d’autres sites. En outre, le renforcement des ressources humaines d’Universo, qui compte quelque 500 collaborateurs, n’est pas précisé.
Universo occupe une position particulière dans l’ensemble de l’industrie horlogère. La société est depuis longtemps leader dans la fabrication d’aiguilles spécialisées pour l’horlogerie. L’outil a été largement renforcé depuis son acquisition, en 2000, notamment avec l’intégration d’Indexor, spécialisé dans la réalisation d’index pour les cadrans, Universo est également une source d’approvisionnement pour des marques externes au groupe, même si l’essentiel des capacités servent les besoins organiques. Universo n’est par ailleurs pas la seule source d’approvisionnement à l’intérieur du groupe. Dans le rapport annuel 2010, la direction stipulait déjà la saturation des capacités de production. Des procédures d’engagement ont d’ailleurs été lancées dès février 2010. Les niveaux de production ne sont pas communiqués, mais ils se mesurent en millions d’unités. La demande en aiguilles fournies en chaîne, destinée au montage automatisé, marque la plus forte augmentation. Les volumes sur ce genre de produit ont doublé entre 2009 et 2010.
Swatch Group continue ainsi de renforcer l’avantage comparatif majeur de son outil de production totalement intégré. Une position souvent relevé de manière très positive par les analystes (les investisseurs se montrent plus indécis et n’ont pas réagi positivement hier, le titre a perdu près de 3%), mais à l’origine d’enquêtes pour abus de position dominante à répétition de la part de la Commission de la concurrence. La dernière en date, lancée début juin, est toujours en cours. Les mesures provisionnelles qui avaient accompagné la procédure (autorisation de diminuer les quantités de mouvements et d’assortiments aux marques et fabricants tiers) ont fait l’objet de plusieurs recours. Dix recours ont déjà été enregistrés auprès du Tribunal fédéral. Dans la phase d’instruction, la Comco devra justifier sa décision concernant les mesures provisionnelles. Un arrêt devrait être prononcé cet automne.
Stéphane Gachet
AGEFI |