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Ce qu’il y a de bien, c’est que, même quand « Business Montres » est en vacances, l’actualité horlogère reste le plus souvent à la remorque !
Les lecteurs en savaient plus sur les principalesnouvelles de l’été horloger quelques semaines avant tout le monde.
Quelques exemples tirés des informations récentes : pas de doute, c’est bien ici et nulle part ailleurs que s’écrit, s’anticipe et se comprend l’actualité des montres au quotidien...
1)
••• D’ABORD, UN MOT À LA MÉMOIRE
DES GRANDS DISPARUS DE L’ÉTÉ 2011...
Là, pour le coup, il n’était pas question de « s’en douter » ! Même si on savait Gérald Genta gravement malade depuis quelques mois, la disparition d’un des meilleurs designers horlogers du XXe siècle – sinon le plus doué – n’était pas programmée, pas même l’année de ses quatre-vingts ans. Toujours très prolifique en dépit de sa « retraite », il continuait à dessiner quasi-quotidiennement des concepts de montres : il aura signé quelques-unes des plus fameuses icônes de ces quarante dernières années, de la Royal Oak d’Audemars Piguet à la Nautilus de Patek Philippe, en passant par l’Ingenieur d’IWC ou la Constellation d’Omega. Le « style Genta » aura marqué son époque : Business Montres – qui lui rendra plus longuement hommage ces jours-ci – salue un de ses lecteurs les plus attentifs (volontiers critique) et un de ces « grands anciens » sans lesquels nous ne serions pas là aujourd’hui : on s’étonne de l’absence du moindre communiqué de la part des maisons dont il a fait la gloire, à commencer par le groupe Bvlgari, peut-être honteux d’avoir escamoté sa marque...
• Une autre disparition nous a laissé sans voix, celle de notre confrère britannique Michael Balfour, un des « vétérans » de la cohorte journaliste horlogère, dont chacun avait pu apprécier l’humour so british, la liberté de ton et les excentricités non moins insulaires. C’était un des observateurs les plus fins de notre grand cirque médiatique et des mœurs parfois étranges de la tribu horlogère. Sa grande classe nous manquera beaucoup, de même que ses connaissances sur les montres et le sourire courtois – parfois narquois – dont il savait envelopper les propositions les moins intéressantes de ses interlocuteurs. Salut, l’ami...
• Pour ceux qui l’ont connu, Rolf D. Kruschel – qui a développé tout le marché proche-oriental pour Chopard, dont il était directeur commercial international – était un de ces discrets piliers de notre industrie horlogère et un de ceux qui en avaient assuré la reconstruction avant, pendant et après la grande crise du quartz. Il nous a quittés cet été, à l’âge de 68 ans. C’est un nouveau pan de notre mémoire collective qui s’appauvrit...
2)
••• ENSUITE, QUELQUES CONFIRMATIONS
DES RÉVÉLATIONS DE « BUSINESS MONTRES » SUR TIGER WOODS...
Comme les lecteurs de Business Montres le savaient depuis la fin juillet, les médias internationaux – y compris la presse golfique spécialisée – n’ont découvert qu’en août le « divorce » entre TAG Heuer et Tiger Woods. Battre de dix jours une « machine à scoops » comme le Huffington Post est un plaisir de gourmet médiatique. Comprendre l’actualité des montres et de ceux qui les font avant tout le monde reste le privilège des fidèles du Quotidien des Montres : de là à se demander si ce n’est pas l’article de de Business Montres qui a poussé TAG Heuer à diffuser son communiqué officiel à ce sujet – mais le montant du contrat dévoilé par la presse internationale (10 millions de dollars) n’a pas été officiellement confirmé...
3)
••• ENCORE UNE ANTICIPATION STRATÉGIQUE :
LE DÉPART DE JAN EDÖCS (CEO DE MILUS)...
Comme les lecteurs de Business Montres s’en doutaient depuis le 20 janvier dernier, la position de Jan Edöcs à la présidence de Milus était devenue intenable (voir également notre « avis de tempête » du Baromontres de janvier 2011). Comme toujours avec une direction chinoise (la marque est entre les mains du Dr Cheng Yu-tung, propriétaire du groupe Chow Tai Fook), il s’agissait de faire en sorte que personne ne « perde la face ». Alors que Jan Edöcs avait fait partie de son envie de partir dès la fin 2010, les négociations ont donc traîné huit mois, jusqu’à un lénifiant communiqué officiel du 15 août : après neuf ans de bons et loyaux services, qui lui auront permis de refaire de Milus une marque respectée, capable de résister à la fois à la débâcle du groupe Peace Mark et à la crise de 2008 [tous les fournisseurs suisses ont été intégralement payés], Jan Edöcs quitte l’entreprise, où il est remplacé par Cyril Dubois, qui en était le directeur de production. Désormais, il est cependant clair que la marque sera directement gérée de Hong Kong, avec tous les risques de « dérive » qu’on imagine [on connaît le tropisme hongkongais vers les « montres de luxe » rhabillées de mouvements à quartz]. On prend les paris qu’on reverra Jan Edöcs sur le devant de la scène avant Baselworld 2012 ?
4)
••• TOUJOURS DU CÔTÉ DES ANTICIPATIONS :
LA NOMINATION DE MICHELE SOFISTI (SOWIND)...
Comme les lecteurs de Business Montres avaient pu l’apprendre dès le 4 juillet, c’est bien Michele Sofisti (ex-Omega, ex-Swatch, ex-LVMH) qui prend la direction générale de Girard-Perregaux et JeanRichard, le groupe Sowind devenant le pilier de la future stratégie horlogère du groupe PPR (communiqué officiel du 18 août). « Devinez qui revien(drai)t sur le devant de la scène à la faveur de ces grandes manœuvres estivales ? », lisait-on dans le Quotidien des Montres. Un mois et demi d’avance sur les services de communication de PPR : ça ne se refuse pas et ça se déguste en connaisseur ! Et c’était d’autant mieux vu que cette nomination confirme une autre de nos analyses : désormais conscient de la faiblesse (en cadres réellement qualifiés) de son dispositif horloger, François-Henri Pinault a clairement décidé d’y remédier pour le consolider avant de nouvelles offensives...
5)
••• UNE AUTRE ANTICIPATION DÉCISIVE :
LA NOMINATION DE TIM BOURNE CHEZ SOTHEBY’S...
Comme les lecteurs de Business Montres l’avaient compris dès le 15 juillet (info n° 2), une grande bataille se dessine sur le font des enchères, où Tim Bourne (ex-Christie’s Hong Kong) remonte au créneau, mais cette fois pour le compte de Sotheby’s (communiqué officiel du 11 août), qui lance ainsi un poids lourd de référence dans les jambes d’Aurel Bacs (Christie’s). Le match pour la prééminence sur le marché international de la montre de collection s’annonce passionnant, Tim Bourne ayant choisi de rester à Hong Kong – donc de miser sur le marché asiatique – pour assurer sa direction mondiale des opérations horlogères pour Sotheby’s (Geoffroy Ader reste le patron pour l’Europe)...
6)
••• ENFIN, DES ANCICIPATIONS
QU’ON AURAIT PRÉFÉRÉ NE PAS FAIRE...
••• MCT : c’était en filigrane depuis la réorganisation de la manufacture à Neuchâtel et la fermeture du bureau de Genève (révélation Business Montres du 30 mars dernier, info n° 9), mais Denis Giguet, le créateur de MCT, a préféré jeter l’éponge. L’année même où il triomphe avec son Opus Eleven conçue pour Harry Winston, son départ a été confirmé le 16 août. Il sera remplacé par Stephane Widmer (autre anticipation de Business Montres à la même date). Même si la marque continue et entend profiter du rebond que lui offre la notoriété de l’Opus Eleven (actuellement en production), la nouvelle génération perd – provisoirement – un de ses plus sympathiques représentants. See you soon, Denis...
••• EPHJ vs LAUSANNETEC : deux salons pour un même environnement professionnel horloger, c’est beaucoup et c’est la guerre. Surtout quand on ne distingue pas clairement la différence substantielle qui fonde l’antagonisme de leur concept (« La nouvelle gué-guerre des salons horlogers » : analyse Business Montres du 11 mai, info n° 2). Un de trop ? Certainement, surtout à quelques jours d’intervalle, insuffisants pour mobiliser deux fois la même communauté horlogère sur un même thème : 22-25 mai 2012 pour le nouveau Lausannetec (managé par le groupe MCH, qui gère Baselworld) et 5-8 juin pour le traditionnel EPHJ (qui se tiendra en 2012 pour la première fois à Palexpo Genève). Autre lecture : les technocrates zurichois de MCH contre les artisans de l’EPHJ ? On peut déjà pronostiquer un fort contingent de sous-traitants jurassiens à Lausannetec (la nouvelle équipe sera dirigée par Pierre-Yves Schmid, ancien directeur du salon professionnel SIAMS de Moutier), mais de nouveaux exposants du tissu genevois et vaudois à l’EPHJ de Genève. A prévoir : une guerre des prix qui sera, pour beaucoup de nouveaux exposants, une vraie occasion de « tenir salon » pour la première fois...
••• CRISE FINANCIÈRE : comme en 2008, les mirobolantes statistiques horlogères vont-elles nous cacher les réalités du terrain ? Si le dévissage estival des bourses et des monnaies n’était pas précisément annoncé par Business Montres, les mises en garde répétées contre tout optimisme béat sur la « reprise » n’en valaient pas moins avertissement circonstancié. Alors que les moteurs économiques américain et européen sont quasiment au point mort, qui peut douter qu’une récession mondiale – larvée, rampante ou foudroyante – n’aura pas d’effet sur les économies asiatiques, encore trop dépendantes du commerce mondial pour se nourrir de leur seule demande intérieure ? Une grande « correction » économique mondiale se prépare : l’industrie horlogère a récemment prouvé à quel point elle surréagissait – positivement (sortie de crise) ou négativement (entrée de crise) – à la conjoncture sur les marchés. Il serait étonnant qu’elle sorte indemne des orages qui se préparent...
••• CHRONOSWISS : certes, Business Montres (8 juillet, info n° 5) n’avait pas donné le nom : cependant, il n’y a pas beaucoup de « marque non-suisse, mais très suisse par son nom et Swiss Made par obligation comme par destination » ! L’allusion était donc claire, mais le Sonntagszeitung (8 août, article de Victor Weber) évoquait clairement cet été la mise en vente de Chronoswiss, avec un prix demandé d’environ 40 à 50 millions d’euros – un peu élevé pour une société qui a perdu 3,5 millions l’année dernière (12 millions de chiffre d’affaires annoncé), ce qui fait que les investisseurs chinois pressentis hésitent encore...
7)
••• QUELQUES INFORMATIONS HORLOGÈRES
(EN BREF, EN VRAC ET EN TOUTE LIBERTÉ)...
••• CHAISES MUSICALES : on reverra bientôt Benjamin Garaï (ex-Cote, ex-GMT Magazine) dans la montre, puisqu’il reprend la direction commerciale d’Ad Lux, société de marketing spécialisée dans l’aviation privée – avec une mission clairement orientée vers les partenariats horlogers et joailliers (départ annoncé par Business Montres le 1er juillet dernier, info n° 8)...
••• FRANC FORT : le renchérissement simultané du franc suisse face à la dépréciation des monnaies internationales (euro et dollar, essentiellement) ne fait pas que des malheureux. On songe ici aux partenariats officiels signés par des marques suisses avec des institutions ou des événements sportifs (TAG Heuer et le rugby, voir ci-dessous, Hublot et la F1 ou le football, Omega avec les Jeux olympiques, etc.) : signés avec un dollar ou un euro 20 % à 40 % plus cher, ils sont aujourd’hui mécaniquement 20 % à 40 % moins cher. Ce qui vaut bien quelques sacrifices ponctuels de marge brute. D’autant que quelques maisons ont su provisionner, au cœur de l’été, des achats d’euros à « prix écrasé » (pas loin de 1,03)...
••• PIÈCES DE RECHANGE : l’enquête ouverte cet été par la commission de la concurrence de l’Union européenne ne fait que démarrer. Elle doit vérifier si les grandes marques et les grands groupes horlogers – suisses, évidemment ! – n’ont pas abusé de leur position dominante pour créer une sorte de « cartel » opposé à la vente de pièces de rechange aux horlogers réparateurs extérieurs aux réseaux officiels des marques et des groupes concernés. Ce n’est pas la première plainte à ce sujet, mais l’« entente » entre marques concurrentes reste difficile à prouver. On sait malgré tout la commission de l’Union européenne très à cheval sur les principes de la libre concurrence et la Cour de justice européenne a toujours statué – parfois avec une majestueuse lenteur procédurale – contre les monopoles, publics ou privés...
••• HUBLOT : gros mystère à Nyon autour du lancement, cet automne, d’un concept révolutionnaire, que la rumeur interne présente comme le « Bibi Gold » – l’or de Jean-Claude Biver, qui aurait inventé un nouvel alliage aussi fusionnel que précieux...
••• JAM HOME MADE : maintenant que Bvlgari a abandonné la production de ses montres Mickey (ex-collection Gérald Genta), les labels de mode japonais s’emparent de Mickey pour relancer des montres ultra-tendance, qui mélangent à la fois le style all black, les codes « militaires » et la citation Disney. Exemple avec la nouvelle Mickey Watch secret Type 2, plus simple et plus convaincante que la précédente Type 1...
••• ROLEX : l’extraordinaire boutique Rolex de Hyde Park (le complexe immobilier le plus cher du monde) vient d’être rachetée par des investisseurs russes (source : Financial Times), mais on nous signale de Hong Kong que Rolex paye environ 308 000 dollars par mois le bail de sa boutique de Queen’s Road...
••• SVAROWSKI : un petit coup de fraîcheur modeuse pourla montre Elis Bangle (image ci-dessus), revisitée en cristaux violet pour la rentrée (il s’agit d’un bracelet « cote de mailles » sertis de 744 mini-cristaux pour se transformer en « manchette » souple à mouvement Swiss Made)...
••• TAG HEUER : la marque sera partenaire de la prochaine Coupe du Monde de rugby 2011 (septembre, Nouvelle-Zélande : 4 milliards de téléspectateurs dans plus de 200 pays). C’est la fin de l’ostracisme absurde dont le rugby faisait l’objet chez les horlogers (source : Coupe du monde de rugby)...
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