Recherche avancée
A propos
Emplois

Achat - Vente

Relations d'affaires

Contact
 

Le double jeu de l’horlogerie suisse
 
Le 25-08-2011

Qui livre des centaines de milliers de mouvements mécaniques de montres à la concurrence asiatique? Des agissements certes légaux mais qui se font au détriment des marques helvétiques et dans un contexte de pénurie. Pourquoi cette pratique mettant à mal le «Swiss made»? Malaise et colère dans la profession

Masochiste? Suicidaire? A quelles saugrenues pratiques s’adonne l’horlogerie suisse? Le sujet est sensible, jugé capital par certains professionnels. «Il faut dire que le secteur se tire tout simplement une balle dans le pied, met à mal lui-même le «Swiss made», assène le patron d’une société neuchâteloise. La Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH) a carrément mené une enquête, dont Le Temps s’est procuré les conclusions confidentielles.

Les pays en cause

Alors que la branche, selon elle, manque cruellement de mouvements de montres mécaniques, on parle même de pénurie, il appert qu’elle a exporté 1,17 million de ces pièces stratégiques à l’étranger l’année dernière, soit environ 19% de la totalité produite en Suisse. Et ce n’est pas un phénomène isolé. La quantité croît chaque année. Très intrigant puisque seule une petite part est destinée au service après-vente (SAV) des marques, quelque 15 à 20%, selon les experts. Des mouvements qui seraient hautement utiles aux différentes marques helvétiques et qui couvriraient plus qu’il ne faut leurs besoins. Selon nos recherches, l’écrasante majorité de ces pièces, soit 836 995, aboutit à Hongkong (plus de 70%) ou aux Etats-Unis, deux pays qui, rappelons-le, n’ont pas reconnu les critères du «Swiss made» horloger datant de 1971. Ces pays peuvent donc simplement implanter un mouvement helvétique pour que l’entier de la montre puisse être vendu avec la prestigieuse appellation.

Mais qui les exportent? Les regards pourraient se tourner naturellement vers ETA, filiale de Swatch Group, plus important producteur de ces pièces névralgiques, puisque moteur des montres. Le groupe veut d’ailleurs cesser de livrer tous ces clients à terme mais la Commission de la concurrence (Comco) a pour l’heure imposé des mesures provisionnelles. Pour les besoins de cet article, le numéro un mondial de l’horlogerie a joué la transparence, données comptables à l’appui. Ce qu’il n’avait jamais fait auparavant. Il en ressort que le groupe biennois n’exporte au total que 104 138 mouvements tous pays confondus, dont 32 004 affectés au service après-vente, et uniquement 21 702 ont été vendus à Hongkong en 2010. Quid du solde faramineux, soit quelque 600 000 à 700 000 pièces, en excluant le SAV? «Je suis assis, mais ce chiffre me fait tomber de ma chaise», image Alain Spinedi, patron de la marque Louis Erard.

LE TEMPS

 



Copyright © 2006 - 2024 SOJH® All Rights Reserved

Indexé sous  WebC-I® - Réalisation Events World Time