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Lancement mondial pour le fabricant de montes schaffhousois: son modèle de prestige, la Portuguese Sidérale Scafusia, arrive sur le marché après dix ans de recherche et développement.
Les horlogers suisses exportent bien: à Hongkong, premier marché, c’est +23% de vente au premier semestre 2011, +20%aux USA, +47%en Chine. Les chiffres tournent tous autour des 30% pour les pays d’Asie, mais l’Europe et les pays arabes sont aussi de plus en plus demandeurs. Ça tombe bien, la nouvelle montre du schaffhousois IWC, lancée cette nuit depuis l’observatoire de Paranal (Chili), est destinée à séduire les clients du monde entier.
Enfin, quelques rares clients: ce bijou de précision et de complexité est vendu 750 000 francs. Comme l’explique le CEO Georges Kern, l’idée n’est pas de conquérir les foules, mais de proposer un modèle très haut de gamme qui synthétise le savoir-faire de l’horloger, un modèle pour collectionneurs. Nouveau tourbillon à force constante, calendrier perpétuel, les ingénieurs et horlogers d’IWC ont mis dix ans à peaufiner les éléments technologiques de la montre, mais ce qui fait la particularité de la Portuguese, et sa beauté, c’est sa dimension onirique. Si elle est «Sidérale», c’est évidemment parce qu’elle est en résonance avec les étoiles. Par exemple parce qu’elle indique l’heure du ciel, parce que chaque propriétaire peut choisir un lieu et retrouver sur le fond de sa montre une carte des constellations telles qu’il les verrait depuis les coordonnées choisies. Bref, comme le dit Georges Kern, c’est «une montre d’une autre planète, faite à Schaffhouse».
"La Portuguese Sidérale Scafusia synthétise tout notre savoir-faire"
Sonia Arnal: Vous lancez aujourd’hui une montre à 750 000 francs. Pourquoi?
Georges Kern: C’est une question d’image. Il manquait à notre collection une pièce d’exception, qui à la fois synthétise notre savoir-faire aujourd’hui et nous permette d’atteindre un positionnement supérieur. Il n’y a que deux ou trois marques au monde qui peuvent maîtriser ce type de projet – nous avons investi dix ans de travail dans sa réalisation. La Sidérale est une montre vraiment exceptionnelle, à la fois sur le plan technologique, notamment par son tourbillon à force constante, qui assure une précision inégalable, et par son calendrier perpétuel, mais aussi sur le plan de la personnalisation, puisque l’acheteur peut tout choisir, du cuir du bracelet au boîtier en passant par le ciel que propose une vue des constellations selon un point spécifique librement choisi. Enfin, elle a une dimension onirique avec cette importance accordée aux étoiles.
Qui va l’acheter?
Cette montre ne va évidemment pas faire exploser le nombre de pièces vendues par IWC – il s’agit principalement d’une montre de collectionneurs. Nous n’escomptons pas en vendre plus de cinq à dix par année, et nous savons que ces acheteurs sont susceptibles d’être touchées via une vingtaine seulement de nos points de vente, notamment en Asie. Nous connaissons d’ailleurs déjà plus ou moins les clients potentiellement intéressés. A ce prix-là, c’est une montre qui ne se vend pas tout à fait comme une autre, exposée en vitrine dans une boutique: c’est évidemment nous qui nous déplaçons chez la personne intéressée, qui lui expliquons les différentes fonctionnalités–unde nos horlogers fait bien sûr partie du voyage.
La Portuguese Sidérale Scafusia s’adresse à un nombre limité de clients, en raison de son prix d’abord. Mais il faut en plus être pointu en astronomie pour profiter de ses fonctionnalités – est-ce qu’elle n’est pas un peu trop technique?
Il est vrai que cette montre est relativement complexe. Mais il y a d’abord la dimension onirique dont je vous parlais, la magie des étoiles, à laquelle nous sommes forcément sensibles, mais nous n’avons pas besoin d’être astrophysicien pour l’apprécier.. Et c’est aussi la beauté de l’objet que d’impliquer un effort de la part de celui qui l’achète.
Dix ans de recherche et développement – même si vous en vendez cinq ou dix par an, vous allez retrouver votre mise?
Un projet comme celui-ci n’est pas conçu pour être profitable à court terme. C’est d’abord une vitrine. Mais toute la gamme en profite, puisque la maîtrise que le tourbillon à force constante et le calendrier sidéral impliquent, sans être transposable directement à toutes les montres, apporte un bénéfice à tout IWC.
LE MATIN
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