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REUGE - La boîte à malice de Sainte-Croix
 
Le 01-09-2011

Kurt Kupper vit Reuge, respire Reuge, pense Reuge chaque minute de ses journées, de ses longues journées.

L’homme nous reçoit dans la salle d’exposition de la manufacture Reuge, à Sainte-Croix, entre boîtes à musique et tables musicales prestigieuses. Après quelques minutes déjà, il allume sa tablette numérique et fait défiler avec jubilation les images d’un des derniers coups qu’il a réalisés: Kate et William ont reçu d’un illustre client une boîte à musique à deux oiseaux chanteurs sainte-crix.

Kurt Kupper vit Reuge, respire Reuge, pense Reuge chaque minute de ses journées, de ses longues journées. Avec un brin d’espièglerie, il fait corps avec sa manufacture, en mains d’un fonds d’investissement luxembourgeois. Pourtant, le fleuron mondial de la boîte à musique de Sainte-Croix n’est que le dernier défi qu’il ait relevé, fin 2006.

Le plus jeune des trois enfants d’un monteur en chauffage d’Aarau adore les défis. A 19 ans, alors que la majorité est encore fixée à 20 ans, Kurt Kupper apprend dans son cours de droit à l’école de commerce que le Code civil lui permet de demander son émancipation. Ni une ni deux, il rédige un mémoire, convainc son père de le signer et obtient d’un tribunal qu’il le déclare majeur. «Je voulais voir si c’était vraiment possible. Et comme j’organisais des camps scouts, cela m’a permis de signer des contrats.» Lorsqu’il part en Grande-Bretagne pour apprendre l’anglais, il décide de passer directement les trois niveaux d’examens. Lorsqu’il suit, la journée, des cours d’assistant en publicité à Zurich, il court le soir apprendre le français à Rolle. A l’armée, «pour que cela serve au moins à quelque chose», il passe le permis poids lourds. «Je veux pouvoir conduire tout ce qui bouge, maîtriser tous les engins. J’aime être toujours en mesure de faire les choses. Je ne me contente jamais du basique.» En séjour aux Etats-Unis, il en profite pour décrocher sa licence de pilote d’avion.

Sous sa petite frange de chérubin, une volonté et une énergie redoutables. «Je n’aurais jamais pu être fonctionnaire, de 9 h à 17 h, dans une entreprise qui va bien. Toutes celles pour lesquelles j’ai travaillé allaient mal. J’aime sauter dedans quand les vagues sont plus hautes, c’est plus rigolo.» Brevets fédéraux de publicité et de chef de vente en poche, il dirigera pendant neuf ans la filiale romande d’Umdasch (agencement de magasins). «Neuf ans, ça fait beaucoup.» Lui qui ne boit pas d’alcool part courir le globe pour Feldschlösschen et se battre avec l’administration américaine pour y ouvrir une filiale.

Mission accomplie, il entame un nouveau virage à 180 degrés: Kurt Kupper entre chez Hublot pour remettre sur les rails sa filiale américaine. «Quand ça va mal, c’est là où, si vous avez un peu de jugeote et de courage, vous êtes le plus utile et c’est le plus intéressant.» Un an plus tard, c’est à Milan qu’on l’appelle pour reprendre les rênes d’une entreprise horlogère familiale, Binda. Il doit dégraisser, redimensionner l’entreprise avant de la remettre aux mains d’un membre de la famille. Il y connaîtra ses premiers piquets de grève et les menaces. En 1993, il est rappelé chez Hublot, dont il reprend la direction générale. En une dizaine d’années, il redresse l’entreprise horlogère et la développe. Après un détour par les capitales africaines où il représente les marques horlogères de luxe, il reprend la direction de Reuge, en mauvaise posture. Depuis, on n’a jamais autant parlé de la manufacture. Faute d’argent, le publicitaire court le monde et fait parler de sa marque en plaçant ses boîtes à musique chez le dalaï-lama ou la princesse du Japon. Il convainc un palace de Tokyo d’en offrir lors des mariages, les place auprès d’architectes d’intérieur, chez Ferrari ou Mercedes.

Des hobbies dans ce tourbillon? Pas vraiment. Tout juste avoue-t-il des parties de ping-pong avec son fils adolescent. Stressé? «Si vous faites ce que vous aimez, vous n’êtes pas stressé.» Son prochain défi: donner un séminaire à la prestigieuse Université Tsinghua de Pékin, à la mi-septembre.

Isabelle Biolley
24heures

 



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