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Déjà Bangkok, Singapour, Hong Kong, Shanghai et, demain, Beijing, avec un détour par Tokyo en milieu de semaine : la tournée asiatique des quarante pièces uniques Only Watch 2011 dessine déjà quelques intéressantes lignes de force...
••• LE POIDS DE LA MARQUE
ET LE CHOC DU CONCEPT...
Quelques tendances marquantes à l’issue des premiers rounds d’observation que constituent les premières expositions asiatiques d’Only Watch : quarante montres « pièce unique » soumises à la tentation des collectionneurs, avant leur dispersion, le 23 septembre prochain, à Monaco, dans le cadre d’une vente charitable parrainée par S.A.S. le prince Albert II...
••• LA PRIME POUR LES « GRANDES MARQUES » EST ÉVIDENTE : Patek Philippe en est le premier bénéficiaire, avec une répétition minutes scellée qui apparaît clairement comme un pur objet spéculatif (défense de toucher e, vue de la revente) et dont Business Montres estimait récemment (30 août) qu’elle pourrait allègrement dépasser le million sous le marteau de Julien Schaerer, qui a déjà quelques substantiels ordres d’achat sous le coude. Autres marques qui profiteront de cette « prime au leader » : Vacheron Constantin et ses oiseaux travaillés en métiers d’art ou Piaget et son Altiplano squelette ultra-minimaliste, mais aussi Breguet ou même Hermès (superbe « Temps suspendu » en palladium, capable de crever le plafond des 40 000 euros de l’estimation)...
••• LES PIÈCES « NÉO-CLASSIQUES » SONT À L’HONNEUR : même sans « marque forte », Laurent Ferrier profitera inévitablement de la frustration des collectionneurs de Patek Philippe qui ne pourront pas suivre la réf. 3939 d’Only Watch vers les sommet qu’elle devrait atteindre. Il serait donc étonnant que le « néo-classicisme » ultra-tendance de ce « prototype à micro-rotor » en acier ne soit pas très disputé entre néo-collectionneurs de nouvelle génération. L’effet devrait également jouer pour De Bethune ou Girard-Perregaux, voire pour Chanel (originale J 12 Marine) ou même RJ-Romain Jerome, dont la « Rock the Rock » assagit le style habituellement plus rugueux. On peut également classer dans cette catégorie – promise à un certain succès – le pulsographe monopoussoir de Montblanc ou la Freak Diavolo d’Ulysse Nardin...
••• QUE CACHE LE « SUCCÈS DE CURIOSITÉ » DES CONCEPTS RADICAUX ? Sensibilisés par une habile campagne préalable (image ci-dessus : le Flying Panda dans le ciel de quelques villes asiatiques visitées par l’exposition), les amateurs grand-chinois de MB&F ont longuement admiré la pièce pour son audace créative, mais en retenant un peu timidement leurs pulsions d’achat. Même phénomène de curiosité intense pour les autres « ovnis » de la vente, comme le téléphone Celsius X VI II, la Klepcys de Cyrus ou même la X-Watch de DeWitt, sans doute estimée trop cher dans l’actuel contexte d’incertitude économique (on devrait rester dans le bas, sinon pire, de l’estimation officielle : 350 000-500 000 euros). C’est également le problème de Richard Mille et de sa RM 027, que Business Montres (30 août) considérait comme capable de tutoyer le million, mais l’excellent storytelling autour de Rafael Nadal n’y suffira sans doute pas (l’estimation reste cependant confortable à 400 000-600 000 euros : une place de n° 2 derrière Patek Philippe restant parfaitement honorable). C’est, in fine, le pari difficile d’Harry Winston et sa « Midnight GMT Tourbillon », sans doute trop conceptuelle pour les uns et pas assez classique pour les autres (sauf imprévu, mais les miracles corporate sont fréquents à Only Watch, les 200 000-250 000 euros annoncés ne seront pas faciles à décrocher)...
••• QUELQUES PROPOSITIONS DÉROUTANTES MAINTIENNENT LE SUSPENSE : la Franck Muller « Crazy Hours Totally Switzerland » amuse tout le monde, ce qui peut l’entraîner bien au-delà de ses 20 000-40 000 euros théoriques, de même que l’« Oceanographic 4000 » en carbone de Hublot, la « Terre à la Lune » (sous ecstasy !) de Van Cleef & Arpels, la BR01 « Casino » de Bell & Ross ou le sablier « pièce unique » en verre rouge d’Ikepod (vrai « cadeau » d'art contemporain entre 15 000 et 25 000 euros). On est là dans l’irrationnel et dans le « coup de cœur » capricieux d’un amateur qui chercherait seulement à se faire plaisir : les nouveaux « marchés émergents » regorgent de ces nouveaux collectionneurs en quête d’exclusivité...
••• POUR LE RESTE, c’est un peu à la grâce de Dieu et du feu des enchères, sachant qu’il reste encore cinq rendez-vous majeurs (Tokyo, Los Angeles, New York, Milan et Genève) pour confirmer ou renverser ces tendances (les montres et leur description technique sont à découvrir sur le site Only Watch 2011)... |