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Dans l’univers de la haute horlogerie, Cartier apparaît comme l’une des marques les plus actives du moment. Or, si la société fait partie du trio des géants de l’horlogerie suisse, avec Rolex et Omega, la marque est davantage connue sur son versant joaillier, voire pour sa maroquinerie ou ses accessoires.
Une perception que Cartier entend faire évoluer, à travers notamment la présentation en Suisse (au Musée Bellerive de Zurich, jusqu’au 6 novembre) de sa première exposition consacrée exclusivement à l’horlogerie. «Cartier Time Art» fait cette première – et unique – halte en Europe, avant de partir pour les Etats-Unis et l’Asie.
Un manque de légitimité à combler
Mise en scène par le designer japonais Tokujin Yoshioka, «Cartier Time Art» rassemble le plus grand nombre de pièces horlogères de la marque, jamais présentées au public. Au total, 158 garde-temps anciens (issus de la Collection Cartier) et 17 montres contemporaines (ainsi que 10 mouvements actuels et quelques éclairages sur les métiers et les savoir-faire) sont exposés.
Mémoire tangible de la marque, la Collection Cartier n’a cessé de s’enrichir depuis sa création en 1983. Si elle compte aujourd’hui à parts pratiquement égales des pièces d’horlogerie, de joaillerie et d’autres objets, la conservatrice Pascale Lepeu n’a retenu ici que des pièces significatives de l’expression horlogère de Cartier, à l’image d’un ensemble de pendules «mystérieuses» jamais réunies jusqu’alors.
Cette démonstration de créativité n’entend pas masquer le fait que Cartier a longtemps fait appel à de prestigieuses manufactures pour lui fournir ses mouvements horlogers ou des créations complètes. D’où, historiquement, un manque de légitimité purement «horlogère». Pour combler ce retard, le groupe Richemont et la direction de Cartier, son patron Bernard Fornas en tête, ont décidé de développer des mouvements maison de haute horlogerie intéressants et inédits. Ainsi, cette très efficace machine de guerre commerciale qu’est Cartier s’est transformée en quelques années en l’une des marques les plus créatives dans l’univers de la haute horlogerie.
Une dizaine de mouvements créés
Cartier Horlogerie emploie aujourd’hui près de 1700 collaborateurs actifs en Suisse sur sept sites. La manufacture du Crêt-du-Locle regroupe à elle seule près de 1000 personnes. Responsable de la création mouvements chez Cartier, Carole Forestier-Kasapi (la seule femme occupant un poste équivalent dans l’horlogerie) dirige une équipe de 30 personnes pour la cellule développement auxquelles s’ajoutent une douzaine de collaborateurs occupés à la R & D avec une vision à plus long terme. Ce dispositif est l’un des plus conséquents du secteur.
Ainsi, depuis près de quatre ans, la collection de haute horlogerie Cartier a connu un développement significatif avec l’avènement d’une dizaine de mouvements, auxquels s’ajoutent les calibres destinés à des montres féminines rares. Par ailleurs, la manufacture Cartier a développé son propre mouvement automatique de base, le 1904MC. L’ambition de Cartier dans la haute horlogerie n’est plus à démontrer. L’exposition de Zurich entend le faire savoir.
Michel Jeannot
BILAN |