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Divorce à la new-yorkaise, embrouilles financières à la grecque et calculateur antique à la mode astronomique : on joue maintenant comme on aime avec l'actualité des montres.
POUR BIEN COMMENCER LA SEMAINE, LA VIGIE DU LUNDI VOUS SIGNALE...
1)
••• LA TRADITIONNELLE SÉANCE DE RATTRAPAGE
POUR NE RIEN MANQUER DES INFORMATIONS DE LA SEMAINE DERNIÈRE...
C’était publié en exclusivité, en priorité et toujours en toute liberté dans votre Quotidien des Montres, avec une appétissante sélection de petites et de grandes nouvelles, pour le meilleur et pour le pire, pour en rire ou pour s’en indigner, mais toujours pour rester branché en temps réel sur l’actualité horlogère (compilation Business Montres du 10 septembre, avec une intéressante découverte de l’affichage Roger Dubuis au cœur de New York)...
2)
••• LES QUESTIONS QUI CONTINUENT À SE POSER
SUR LES RELATIONS ENTRE LE FRANC SUISSE ET L’EURO (DÉSORMAIS COUPLÉS)...
Les marques horlogères avaient commencé à réagir au « franc (trop) fort » par d’importantes baisses de leurs prix à l’exportation - phénomène déjà sensible dans les statistiques douanières officielles - et par un relèvement strictement parallèle de leurs tarifs sur les marchés extérieurs. Dans ce contexte d’érosion des marges, on était cependant parvenu aux limites de la manœuvre : la récente décision de la Banque nationale suisse de coupler le franc suisse et l’euro (sur la base de 1,20 CHF pour un euro) va certainement donner un ballon d’oxygène aux marques de montres fortement exportatrices - près de 95 % de la production horlogère est exportée -, mais est-ce vraiment durable – et tenable ?
••• D’une part, le sort de l’euro est loin d’être assuré : la crise (globale) de la dette est loin d’être terminée et on devrait savoir cette semaine si le sauvetage de la Grève est effectif. S’il ne l’est pas, les scénarios divergent entre expulsion de la zone euro, faillite de l’Etat grec ou un tel accès de fièvre autour de l’euro que son explosion en vol peut même être envisagé...
••• En revanche, cet arrimage du franc suisse à l’euro constitue de fait une adoption de l’euro comme monnaie suisse internationale et transforme l’euro en « monnaie de réserve » dans les coffres de la Banque nationale suisse. Le vieux rêve des exportateurs suisses – entrer dans la zone euro – se trouve de facto réalisé, sans tambours ni trompettes et sans débats électoraux superflus. Les horlogers vont quasiment pouvoir libeller leurs comptes d’exploitation en euros, le franc suisse devenant une sorte de fétiche un peu archaïque à usage folklorique - d’autant qu’il se trouvera dévalué, sur les marchés internationaux, par les tirages massifs effectués pour maintenir sa parité avec un euro plutôt mal en point.
••• Il semble donc que les pressions du lobby horloger sur la Banque nationale suisse aient payé, en particulier celui du Swatch Group (plus discrètement celui de Rolex et quelques autres marques indépendantes) : c’est une victoire posthume de Nicolas Hayek, acquise par son fils et sa fille à la faveur de la crise monétaire internationale. Un coup génialement joué – sauf si la dégringolade de l’euro venait à prendre des proportions telles que le couplage avec le franc suisse deviendrait intenable. On verra cette semaine si le bras de fer avec les banques centrales tente toujours les spéculateurs internationaux...
3)
••• LA BELLE RÉUSSITE DE CORUM
SUR LE TERRAIN DU NÉO-CLASSICISME NOSTALGIQUE...
Généralement, il n’y a pas de quoi s’extasier sur les remakes contemporains des montres deux aiguilles-petite seconde de la grande légende horlogère : elles finissent toutes par se ressembler, au point de ne plus être reconnaissables dès qu’on masque la marque du cadran - test à l’aveugle » réalisé au SIHH 2011 sur les montres plates deux aiguilles petite seconde à la mode cette année. Corum se tire avec élégance de cet exercice en apportant à cette Grand Precis - réédition au goût du jour d’une pièce de 1957, simplement passée de 36 mm à 38,5 mm de diamètre] une touche un tantinet plus actuelle, avec des lignes plus tirées et des angles plus vifs, soulignés par le style très géométrique du cadran. Raffinement pour les puristes : ce cadran fortement structuré cache un mouvement « d’époque » – c’est-à-dire reconstitué avec des composants d’époque remis aux normes contemporaines, décoration comprise (images ci-dessus). Que demande les amateurs ? Un peu de respect dans la réinterprétation des codes identitaires de la marque, un peu de substance horlogère et un peu d’originalité au poignet. Avec cette Grand Précis - même le nom est une (re)trouvaille ! -, difficile de faire le difficile...
4)
••• TROIS VIDÉOS HISTORICO-MÉCANIQUES
POUR SE PRÉPARER AU GRAND ÉVÉNEMENT HORLOGER DE 2012...
On parle évidemment du « mécanisme d’Anticythère », qui a pu être reconstitué au format d’une montre-bracelet par une équipe d’avant-garde chez Hublot. À découvrir sur la chaîne images de Business Montres : un magistral film de Philippe Nicollet pour poser le débat (07:52), recaler nos connaissances historiques et bien situer les enjeux scientifiques et horlogers de la « machine », avant de se mettre en bouche avec une étude tomographique du principal fragment de la « machine » et une vision quasi-poétique du même fragment en images de synthèse. Les informations purement horlogères viendront ultérieurement...
5)
••• LE DIVORCE PAS VRAIMENT AMIABLE
ENTRE LE SWATCH GROUP ET LE JOAILLIER AMÉRICAIN TIFFANY & CO
Fin de l’aventure horlogère pour Tiffany Watch Co, émanation du Swatch Group pour développer une marque de montres autour de Tiffany & Co. Entre Bienne et New York, on se parlera désormais par avocats interposés, Nick et Nayla Hayek (qui avait la responsabilité personnelle de cette licence) estimant avoir tout fait pour créer des collections horlogères de ce nom et accusant Tiffany & Co de leur avoir mis des bâtons dans les roues. Pour le Swatch Group, c’est une manière de concentrer ses forces sur son cœur de métier - ses marques « historiques », leurs réseaux et leurs mouvements - en même temps qu’un relatif aveu d’échec : comme l’a souvent écrit Business Montres, aussi réussies qu’elles aient été sur le plan du design et de la qualité horlogère, les collections Tiffany & Co n’avaient jamais fait des étincelles sur les marchés. Pour les insiders, ce sera un indice supplémentaire de la difficulté du groupe Swatch à développer des marques en dehors de son pré carré historique - on avait déjà pu le vérifier avec des tentatives comme Léon Hatot ou même Jaquet Droz...
••• L’accusation lancée contre Tiffany & Co d’avoir pour le moins traîné les pieds avec cette licence n’est sans doute pas injustifiée. Question de culture, sans doute, entre un joaillier international plein de morgue et un opérateur industriel plus alémanique que nature : le moins qu’on puisse dire est qu’il aura été impossible de se parler sur la même longueur d’ondes. Même montée sur ses grands chevaux favoris, Nayla Hayek n’était pas la plus crédible pour persuader ses interlocuteurs new-yorkais de la meilleure stratégie à suivre dans l’horlogerie de luxe...
••• Un autre facteur de discorde aura sans doute été décisif : il avait été pointé du doigt par Business Montres dès l’annonce de ce partenariat. Pour un joaillier pure player, le premier espace de développement légitime est l’horlogerie. Confier cette licence au Swatch Group rendait Tiffany & Co invendable à tout autre opérateur et à tout autre groupe de luxe. Cet arraisonnement implicite du numéro deux mondial de la joaillerie entrait certainement dans les calculs de Nicolas Hayek, du temps où il avait signé l’accord avec Tiffany & Co, qu’il rendait ainsi « captif » en attendant une OPA ultérieure. Depuis, Nick Hayek s’est désengagé de la joaillerie, où il considère qu’il n’y a que trop peu de marges et de profitabilité sur un marché mondial qui n’est pas encore mature et où les marques comptent trop peu.
••• Le rachat au prix fort de Bvlgari par LVMH a sans renchéri le prix potentiel que Tiffany & Co peut espérer d’un repreneur. Prix qui se trouvait de facto dévalué par la présence – « décourageante » pour tout candidat au rachat – du Swatch Group sur l’épaule du joaillier. Dans ces conditions, il fallait à tout prix casser ce partenariat qui n’apportait plus rien à personne. Les coûts du procès Swatch Group vs Tiffany & Co sont ridicules par rapport à la liberté de manœuvre retrouvée et, surtout, par rapport aux multiples du chiffre d’affaires que Tiffany & Co va pouvoir exiger de ses courtisans.
6)
••• QUELQUES INFORMATIONS HORLOGÈRES,
EN VRAC, EN BREF ET EN TOUTE INDÉPENDANCE...
••• COUPE DU MONDE (RUGBY) : Eberhard & Co mobilise le champion de France Yannick Jauzion (Toulouse) et l’Italien Andrea Masi (meilleur joueur du Tournoi des Six nations 2011, présent en Nouvelle-Zélande avec son équipe nationale) pour commenter les matchs les plus importants sur le site Facebook de la marque. Malin et opportuniste...
••• MARCH LA.B : avec son approche singulière du marché de l’horlogerie, la jeune marque franco-américaine (californo-barriote) March LA.B (découverte Business Montres du 14 avril 2010, info n° 7) s’offre une série limitée avec une légende de la mode à Los Angeles, le department store de mode Union - une sorte de Colette californien. Fruit de cette collaboration : une montre Back Commando (« Black Steel in the Hour of Chaos » : c’est gravé sur le fond, en hommage à Public Ennemy), montée sur bracelet nylon, noircie comme il se doit pour tout produit de mode et vendue 1 145 dollars. Ne pas manquer, chez Union, les autres montres March LA.B (marque qui exposait cette année à Baselworld)...
••• MB&F : le Flying Panda d'Only Watch vient d'arriver dans une destination à la mode ces jours-ci ! Il survole actuellement New York (sans rapport avec le Nice/Eleven). Dream watch for Dream city...
••• ROLEX (1) : franche partie de rigolade avec la customisation d’une Rolex Submariner dans le goût Steampunk trouvée sur eBay Espagne (merci à Chronomania pour ce grand moment d’horlogerie alternative, facturé tout de même 25 000 euros)...
••• ROLEX (2) : une autre bonne rigolade, cette fois avec Steve McQueen et sa Submariner, en train de se préparer des pancakes dans sa caravane. Grâce aux cheveux long et à la barbe fleurie de Steve McQueen, la photo – totalement unconventional – est à peu près datée de 1977 (source : Rolex Forums)...
••• SALON À PRÉTENTION HORLOGÈRE : encore un, et encore à Shanghai (ville déjà préemptée par des événements comme le Top Marques ou Belles Montres, sans parler du SIHH Richemont programmé sur place pour 2012). La prochaine Shanghai Luxury Expo 2012) (Shanghai International Top Private Goods and Luxury Exhibition) est annoncé edu 5 au 7 avril prochains : c’est la suite logique de la Shanghai Luxury Expo de 2011, qui s’est tenu au Shanghai Everbright Center sur 7 700 mètres carrés, avec le soutien des autorités économiques de la ville. Même cible que tout le monde : les marques de luxe (internationales ou locales), en particulier les plus fameuses marques d’horlogerie, potentiellement aguichées par un bassin d’environ un million de hauts revenus, consommateurs de luxe au sens européen du terme...
••• SUBSTANCES DANGEREUSES : la législation des Etats se renforce chaque année dans le domaine des substances supposées dangereuses, avec un impact non négligeable pour les composants électroniques et de certaines substances chimiques (visées par le règlement européen REACH n° 1907/2006), mais aussi tout simplement pour les métaux employés ou même les cuirs utilisés comme bracelets. Ces substances seront au cœur du prochain séminaire juridique de la Fédération horlogère, le 15 novembre prochain, à Neuchâtel : une sensibilisation devenue nécessaire avec la prolifération des réglementations sur les principaux marchés horlogers...
••• VICOMTE A. : c’est étrange, mais il reste encore des griffes de mode sans déclinaison horlogère. Parmi les références qui montent (En Europe et aux Etats-Unis), Vicomte A. (Paris-Palm Beach) est une des plus dynamiques, avec un position proche de Lacoste ou de Ralph Lauren, mais qui s’en distingue par un certain humour (sensible dans la communication), beaucoup de goûts dans le maniement des couleurs et un art du storytelling qui n’a rien à envier aux grandes marques - Impossible de ne pas savoir que le Premier ministre français, François Fillon, Christine Lagarde ou Pippa Middleton sortent en Vicomte A. !... Sans parler d’une amorce de stratégie multi-marques, avec le rachat récent de la référence en armes de chasse Gastinne Renette. Oui, mais Arthur de Soultrait – un vrai vicomte, président-fondateur de Vicomte A. – n’a pas encore de partenariat horloger : est-ce possible ?
••• WEB HORLOGER 2.0 : succès inattendu pour la page Wristshots montées par les animateurs de Watchonista sur Facebook (708 membres, environ 2 700 contributions). C’est une des pages horlogères les plus actives en ambiance 2.0, avec plusieurs centaines d’interventions (posts et réactions) quotidiennes, et pourtant le fonctionnement est tout bête : chacun y photographie son poignet, dans différentes ambiances. Après tout, peut-être que ça suffit aux nouveaux amateurs de montres... |