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La FH en mission - Itinéraire d’une montre volée
 
Le 13-09-2011
de FH - Fédération de l'industrie horlogère suisse

De Neuchâtel aux Etats-Unis, enquête sur le terrain avec la Police judiciaire, le FBI et un expert de la FH.

Depuis quelques temps, les horlogers-bijoutiers sont mis à rude épreuve par les truands de tout bord. Pas une semaine ne passe sans que les journaux ne relatent un casse en Suisse ou dans les grands pays voisins. La méthode la plus utilisée est simple et spectaculaire. En plein jour, les malfrats forcent l’entrée de la boutique, neutralisent le personnel de vente avec brutalité en utilisant des armes à feu, font main basse sur le contenu des vitrines et des coffres, puis disparaissent dans une voiture de grosse cylindrée volée peu auparavant. En deux à trois minutes, l’affaire est dans le sac. La police ne peut que constater les dégâts sur les bandes de video-surveillance: rapidité, détermination, sang-froid. Comme on peut l’imaginer, il ne s’agit pas de délinquants à la petite semaine, mais bien de groupes organisés et bien rôdés, maniant avec aisance les armes de guerre. A la manière de vrais mercenaires, les bandits agissent souvent à visage découvert, parfois masqués ou revêtus de combinaisons, qu’ils abandonnent peu après le forfait.

Les principaux gangs connus des services de police proviennent des anciennes républiques de l’ex-Yougoslavie. Leurs membres sont aguerris par des années de conflits armés et le maniement des armes n’a plus de secret pour eux. En outre, par le biais d’une importante diaspora disséminée tout autour du globe, ils disposent des relais indispensables pour écouler les fruits de leurs forfaits. Les braqueurs se concentrent en particulier sur les montres de luxe qui ont l’avantage de présenter un rapport poids/volume/valeur sans équivalent. Faciles à transporter et à dissimuler, très recherchées dans le monde entier, les montres suisses constituent un butin de prédilection.

Pour combattre ces gangs, les policiers agissent sur plusieurs niveaux qu’on nous pardonnera de ne pas évoquer en détail ici. Nous dirons simplement qu’un groupe d’enquêteurs de la police judiciaire neuchâteloise, en étroite collaboration avec Interpol et d’autres forces de police, s’intéresse de très près aux canaux de marché gris (second hand market) très prisés des amateurs de belles montres. Les investigations menées dans plusieurs pays mettent en lumière l’itinéraire des montres volées. On observe en effet que certains points de vente placés en dehors de tout réseau agréé ou autorisé, disposent malgré tout d’un accès sans limite aux marques et modèles les plus renommés. Très concrètement, des investigations menées sur de grands marchés d’exportation, en particulier les Etats-Unis, ont pu démontrer que certains points de vente ayant pignon sur rue mais sans être concessionnaires officiels, sont à même de livrer du stock les plus belles pièces à des prix sans concurrence. Par quel canal s’approvisionnent-ils? Qui sont les fournisseurs? Ces montres de luxe à prix cassé sont-elles vraiment des «deuxième main»? Ne sont-elles pas plutôt le produit de recel? Toutes questions auxquelles les fins limiers neuchâtelois cherchent des réponses aux quatre coins du globe, avec l'appui indispensable des fabricants d'horlogerie.

C’est ainsi qu’en août dernier, accompagné d’un expert de la FH, ils se sont rendus sur la côte Est des Etats-Unis pour poser quelques questions au propriétaire d’une bijouterie bien en vue. La perquisition menée par les enquêteurs neuchâtelois, assistés en l’occurrence par les agents du FBI, permettra peut-être d’y voir plus clair lorsque tous les documents saisis auront livré leurs secrets. D’ores et déjà, les policiers ont suffisamment d’indices pour confirmer que des montres volées à Neuchâtel ont bien été vendues à cet endroit.

Petit à petit, les enquêteurs dressent ainsi la cartographie d’un vaste réseau criminel organisé. Au vol s’ajoute alors le recel mais aussi l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent et, parfois, la contrefaçon. L’expérience montre en effet que la contrefaçon peut servir de couverture au recel de pièces volées. On comprend bien la manœuvre: si d’aventure la police se fait trop pressante, il vaut mieux avouer que les pièces sont fausses plutôt que volées. Un petit truc pour éviter la prison!

 



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