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Brèves de couloir (pause tabac) ou brèves de remontoir (pause café) : en vrac, en bref et en toute liberté, l’actualité du village des montres et tous ces petits riens qui tissent la trame de notre quotidien horloger...
1)
••• LES CHINOIS QUI SE POSENT DES QUESTIONS
SUR LE LUXE, LES MARQUES ET LA « CONSOMMATION OSTENTATOIRE »
Constat inquiétant de Jing Daily, site consacré au luxe en Chine : « Et si le mot “luxe“ devenait un gros mot à Beijing ? ». Bonne question, qui n’a pas encore trouvé de traduction dans l’affaissement des statistiques du luxe en Chine, mais la condamnation de plus en plus ferme de la « consommation ostentatoire », l’interdiction des affichages trop ouvertement « décadents » ou les polémiques suscitées par les « petits princes » locaux - les capricieux enfants de la nomenklatura communiste - commencent à rendre plus forts les premiers « signaux faibles ». Si on y ajoute les discussions autour des montres de luxe portées par les fonctionnaires de la cette nomenklatura (intervention Business Montres du 18 septembre), il est clair que la pression monte contre les marques occidentales trop visibles et trop visiblement devenues les symboles de la corruption des élites gouvernementales. « Attention au “retour de bâton“ si vous n’adoptez pas un profil bas », conseille vivement le commentaire de Jing Daily...
••• Question subsidiaire : pourquoi la rédaction de Jing Daily a-t-elle choisi d’illustrer cet article avec une image de la boutique Omega de Nanjing Road, à Shanghai ?
2)
••• DÉJÀ 10 000 CLIENTS POUR L’APPLICATION
« THE WATCH ENTHUSIAST »... SANS LE MOINDRE MARKETING EN LIGNE !
Pour l’instant, l’application propose un test sur 1 445 montres de 78 marques, avec 7 330 images en haute définition et 76 vidéos consacrées à ces montres : succès qui dépasse largement les attentes, puisqu’on en est déjà à 10 000 clients, alors même que la campagne de promotion n’a pas commencé pour The Watch Enthusiast (découverte Business Montres du 8 février dernier, info n° 3). Ce « Guide Parker » de la montre – son succès prouve à quel point il répondait à un besoin– vient tout juste d’ouvrir le site The Watch Enthusiast (blog), où il sera possible de découvrir certaine des vidéos de l’application, avec des contenus éditoriaux indépendants (exemple : « Ne tuez pas la poule aux œufs d’or », à propos des récentes augmentations de prix publics dans les vitrines horlogères)...
3)
••• LA NOUVELLE MARQUE EMOTIWATCH
(LES HUMEURS D’UNE MONTRE QUI DONNE L’HEURE)...
Venue d’Italie (Milan), où on sait toujours capter les bonnes tendances de la mode, Emotiwatch s’offre la référence # 62/Génération 2011. Cette nouvelle marque est lancée par le groupe InterWatch, qui distribue en Italie des marques comme Maurice Lacroix, Oris ou Roger Dubuis, mais aussi Adidas, Ellesse ou Everlast. Positionnement d’Emotiwatch : l’utilisation de Smileys stylisés pour exprimer, à travers chaque montre (41 mm, dans le style silicone monochrome), ses humeurs du moment, selon qu’on se sent super-héros, ange, démon, commando ou romantique (douze possibilités, à un peu moins de 40 euros)...
4)
••• L’AUTRE NOUVELLE MARQUE AUTRAN & VIALA
(ENCORE UNE MONTRE DE PLONGÉE VENUE D’ALLEMAGNE)...
En direct de Pforzheim (Allemagne), où on aime le style militaire et les « plongeuses », Autran & Viala surfe sans la moindre fantaisie avec tous les codes des montres d’aviateur (modèle Aviator) et des montres de plongée (nouveau modèle NordSee), pour des prix qui varient de 200 à 800 euros. Décernons la référence # 63/Génération 2011 à cette marque qui porte les noms des fondateurs de l’horlogerie à Pforzheim, il y a 240 ans...
5)
••• QUELQUES INFORMATIONS HORLOGÈRES,
ENCORE PLUS EN VRAC ET ENCORE PLUS EN BREF...
••• CONCEPT WATCH : épatante, la Rotor Analog Watch découverte sur Tokyoflash, avec son heure en 3D qui rappelle l’hélice d’un hélicoptère (affichage des minutes sur le boîtier hexagonal)...
••• HUBLOT : la tendre et belle histoire du boxeur américain Floyd Mayweather qui offre une Hublot sertie à son ami le rappeur 50 Cent – Fifty Cent (source : Swaggamusic)...
••• HONG KONG : la foire de Hong Kong, qui fêtait cette année ses trente ans, comme « Baselworld de l’Orient », avec 12 % de visiteurs en plus cette année (source : Watchanalyzer)...
••• MARKETING (1) : « Les marques sont les nouveaux leaders d’opinion » et conquièrent ainsi l'espace du débat d'idées (chronique d’Emmanuel Niddam, agence Exercices de style : La Tribune, France)...
••• MARKETING (2) : le rétro-digital est-il « LA » source d’inspiration des marques de luxe ? Question posée par Stéphane Galienni (Balistik*Art) et réponse dans INfluencia...
••• MARKETING (3) : les marques et l’art ont-ils la même fonction et la même problématique ? Une analyse impertinente d’Hélène Mugnier, rapportée par le blog Reyveille (agence Reymann)...
••• NET GÉNÉRATION : Serge Panczuk (un grand ami des montres) publie aux éditions De Boeck la Net génération dans l’entreprise, ouvrage sous-titré « La nouvelle donne d’Internet dans le monde du travail ». Cet ouvrage expose les impacts d'internet, des réseaux sociaux et de l'e-business sur la relation entre les salariés et l'entreprise. Il détermine aussi bien en quoi les nouvelles technologies de l'information changent le profil des candidats, la façon dont les entreprises managent et plus globalement en quoi ladigital generation remet en cause la façon dont les entreprises pensent - la culture d'entreprise -, agissent - le management - et s'organisent. Ouvrage pratique et synthétique, basé sur l'expérience et la réalité quotidienne, il propose des outils simples pour aborder des sujets concrets tels que l'utilisation d'internet dans la recherche d'emploi ou les nouvelles techniques de management adaptées à la digital generation…
••• OMEGA : Stephen Urquhart raconte les nouveaux mouvements manufacture (calibre co-axial) et la tendance mécanique pour les montres de femmes (source : Luxury Insider)...
••• SAINT-HONORÉ : dédiée aux « citoyens du monde », la nouvelle Coloseo Phase de Lune marie les formes viriles de son boîtier (42 mm, en acier et or rose plaqué, mouvement quartz) à un calendrier complet (date, jour, semaine, mois) assorti d’une phase de lune (image ci-dessus). Un bel exercice de style contemporain, Swiss Made comme il se doit...
••• PETER SPEAKE-MARIN : l’horloger, ses montres, ses espoirs, se passions et ses peines, vidéo en prime (The Watch Affair)...
••• (TAG) HEUER : côté vintage (1982), une Pasadena pas très connue, mais étonnamment moderne par son tyle et par sa taille (source : blog Heuerville)...
6)
••• LA CONFÉRENCE « LUXE ET PREMIUM »
(ASSOCIATION DES PROFESSIONNELS DU LUXE)...
C’était vendredi, à Paris, avec la présentation d’une étude Added Value sur la consommation de marques de luxe et de marques premium, avec toutes les différences qu’il est indispensable de faire : « Le luxe doit faire rêver davantage pour se différencier du premium. Il doit permettre, constamment, au consommateur de sublimer la réalité ». Cette étude, menée par des « consommateurs détectives », a permis d’identifier quatre groupes de consommateurs :
• « Show » : des consommateurs « très motivés par le statut. Exigeants, extrovertis et très matérialistes, ils voient le luxe comme un thermomètre de leur réussite »...
• « Don’t be shown up » : discrets de nature, « ils utilisent le luxe pour se donner confiance et pour se sentir inclus. Comme les « Show », on les trouve en Chine et à Singapour »...
• « Show you know » : Ce groupe « est aussi motivé par la notion se statut mais possède un certain savoir par rapport aux objets qu’il possède »...
• « KNOW » : des consommateurs « qui apprécient véritablement les belles choses, sans se préoccuper de ce que pensent les autres. Les troisièmes et quatrième groupes se rencontrent plutôt en Europe et aux Etats-Unis »...
• Autres éléments intéressants (source : E-Marketing) : « Les participants à la communauté Luxury Detectives ont identifié une quarantaine de marques (parmi lesquelles Hermès, Todd’s, Armani, Louis Vuitton, Chanel, Guerlain, Céline). 11 de ces mêmes marques ont également été classées comme “premium“ (Ralph Lauren, Burberry, Louis Vuitton, Mulberry, Tory Burch, Prada, Miu Miu, Calvin Klein, Marc Jaccobs, Gucci et Versace). Ce classement entre “luxe“ et “premium“ résulte certes d’une opinion personnelle mais il existe un fort consensus sur les critères déterminant ce classement. Pour Added Value :
• Le luxe correspond à sept critères : l’unicité (des objets irremplaçables, produits en petite quantité, fabriqués dans un endroit particulier et distribués de façon sélective) ; l’intemporalité (des produits faits pour durer, indémodables, qui peuvent être transmis de génération en génération) ; l’excellence (des choix de matériaux raffinés, faits par des artisans et un service client hors normes) ; la communication iconique (un univers visuel très codé et sophistiqué avec de l’émotion suggérée et peu de texte) ; l’esthétique des sens (objets qui captivent les cinq sens et dégagent un sentiment de sensualité) ; l’âme de la marque (identité créée autour d’un créateur et/ou de l’histoire d’une maison) ; l’innovation (des marques qui, tout en étant fidèles à leurs racines, osent repousser les frontières et créer la surprise). En résumé, le luxe sublime la réalité...
• Quant aux marques premium, elles se définissent par la qualité du produit et sa performance alors que le luxe est défini par ce que la marque fait ressentir. Elles ne sont pas nécessairement perçues comme inférieures aux marques de luxe. Et, sur ce point, les cultures diffèrent. Alors qu’en Europe et aux Etats-Unis, les marques premium ont une place clairement définie (s’élever au-dessus de la norme standard), en Asie, elles représentent plutôt une version inférieure des marques de luxe. Le premium est plus moderne, plus rationnel, plus accessible. Une des questions est de savoir si les marques premium peuvent adopter les critères du luxe ? Non, répond en substance Added Value en donnant des exemples de premium vs luxe. Ainsi Michael Kors vs Louis Vuitton (la première essaie de copier l’autre) ; Aquascutum vs Burberry ; Marc Jacobs vs Dior ou encore L’Oréal vs Dior. Massifier le luxe est un risque… Le premium, c’est la qualité des produits, la précision du design et de la technologie. Le luxe, c’est le pouvoir du sens. Added Value parle d’identité vivante des marques de luxe, d’animisme. On ne possède pas un produit de luxe, on construit une relation avec lui. Il se bonifie avec le temps (cela peut être une malle Vuitton mais aussi un denim). On peut copier un logo, une forme, un produit … mais pas l’expérience qu’une marque de luxe fait vivre. En conclusion, le premium apporte un service, le luxe crée une expérience » (étude « Luxury Detectives » : réalisée du 27 juin au 10 juillet 2011 auprès de 20 consommateurs de marques de luxe, âgés de 25 à 30 ans, basés dans 10 villes – Los Angeles, New York, San Francisco, Londres, Moscou, Paris, Bombay, Singapour, Hong Kong et Shanghai)... |