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Première partie : les montres à ne pas quitter des yeux pendant la vente Only Watch de vendredi prochain.
D’une part, on ne les reverra pas de sitôt dans les vitrines : c’est le principe de la pièce unique.
D’autre part, tradition ou métiers d’art, ces montres témoignent d’une créativité encourageante pour l’avenir de l’horlogerie...
1)
••• BOVET
(TOURBILLON SEPT JOURS « DRAGON & PHÉNIX » CONVERTIBLE)...
Une montre de poche qui peut se porter au poignet ou se poser en pendulette (concept Amadeo, encore jamais égalé), un tourbillon « inversé » pour plaire au dragon de sa gravure, un double affichage de l’heure pour répondre à l’envol de son phénix (image Business Montres du 30 août) : la complexité est dans la mécanique autant dans que le raffinement d’une montre, qui devrait plaire aux amateurs chinois comme les montres Bovet les ravissaient déjà en 1822 (estimation réaliste à 180 000-220 000 euros)...
2)
••• DE BETHUNE
(DB 25 SPECIAL EDITION 08-01-1297)...
Cette date est celle du jour où François Grimaldi (l’ancêtre de l’actuel prince Albert II de Monaco) s’est emparé de la citadelle du rocher de Monaco, en s’y infiltrant de nuit. Ce soir-là, les étoiles du ciel monégasque dessinaient les constellations reproduites en or et en diamants sur le cadran bleui à la flamme de cette montre totalement exceptionnelle, par sa décoration comme par sa mécanique (révélation Business Montres du 1er juin, info n° 5). Côté décoration : un cadran en titane travaillé à la main et bleui à la flamme, avec une alternance de courbes, de volumes et de reliefs qui témoignent d’un maîtrise totale des beaux-arts de l’horlogerie. Côté mécanique, c’est tout aussi exceptionnel et encore jamais vu dans l’histoire des montres : deux disques rotatifs en argent – c’est leur taille qui les rend exceptionnel dans un calibre mécanique pour montre-bracelet – qui indiquent l’heure par une ouverture à 6 h. Placée de 100 000 à 150 000 euros, l’estimation ne rend pas hommage à l’ingéniosité technique et à la virtuosité esthétique de ses créateurs : on est là face à une montre de « qualité musée », future pièce maîtresse des grandes collections...
3)
••• GIRARD-PERREGAUX
(WW.TC CHRONOGRAPHE FLY-BACK EN OXYDE DE TITANE)...
Que ça fait plaisir de voir une grande manufacture de tradition oser les nouveaux matériaux (le blanc très distingué de l’oxyde de titane) et les nouvelles esthétiques (la rigueur très op art du noir et blanc), en y risquant une icône absolue, cette ww.tc devenue le parangon des belles montres à fuseaux horaires ! Evidemment, pour le fuseau GMT + 1, Monaco sert de ville de référence (bonne surprise Business Montres du 4 juillet, info n° 3). La modestie de l’estimation (25 000-45 000 euros) est un bon exemple de la modestie innée d’une maison pourtant plus de deux fois centenaire : pourtant, cette esthétique de rupture assumée avec les codes de la marque devrait toucher une nouvelle clientèle de passionnés...
4)
••• HERMÈS
(ARCEAU LE TEMPS SUSPENDU)...
En version « classique », ce Temps suspendu était une des plus belles montres découvertes de Baselworld (Business Montres du 27 mars). La version Only Wath (pièce unique) de cette triple complication totalement inédite est encore plus belle, avec son cadran bleu soigneusement guilloché et son boîtier en palladium. Estimation : 30 000-40 000 euros pour une absolue exclusivité Hermès, c’est presque un cadeau si on compare cette adjudication au prix d’un sac à main de la marque...
5)
••• LAURENT FERRIER
(GALET MICRO-ROTOR)...
Comment réussir son entrée dans le concours Only Watch ? En suivant les bonnes recettes, par exemple celle de Patek Philippe, qui a l’habitude de proposer des pièces en acier ou en titane pour les montres proposées dans les ventes charitables. Laurent Ferrier et Olivier Muller ont bien appris la leçon (repérage Business Montres du 16 juin, info n° 3) et leur prototype de micro-rotor en acier devrait (conditionnel de prudence) exploser son prix d’estimation – fixé défensivement à 25 000-35 000 euros : cette pièce unique sera le « refuge » des collectionneurs de Patek Philippe incapables d’accompagner la répétition minutes réf. 3939 vers les sommets qui lui sont promis...
6)
••• PATEK PHILIPPE
(RÉPÉTITION MINUTES RÉF. 3939)...
Boîtier acier, cadran noir, mouvement à remontage manuel et tourbillon caché au dos de la montre : cette pièce unique a tout pour affoler les grands amateurs et les non moins grands spéculateurs, qui savent qu’ils tiennent là une « Patek millionnaire » qu’on retrouvera un jour ou l’autre sous le marteau d’un grand auctioneer. Estimation : 450 000-600 000 euros, mais on devrait logiquement doubler, voire plus, cette somme pour une montre présentée par Business Montres en juin dernier. Pas très portable par sa taille (33 mm), sauf pour une femme, on peut parier que cette répétition minutes restera à jamais scellée dans son sachet en plastique : à ce jour, seul Philippe Stern a pu la faire sonner pour en évaluer le timbre. Et il sera peut-être le seul pour les siècles des siècles...
7)
••• PIAGET
(ALTIPLANO SQUELETTE EN OR NOIRCI)
Un ds atouts d’Only Watch est de créer un concours créatif entre les marques, sans implications commerciales gênantes, juste pour le plaisir de tester des nouveaux concepts techniques et des nouvelles esthétiques. Piaget a réussi à rendre son Altiplano – un des piliers horlogers de la marque – encore plus contemporaine, en s’ouvrant un champ d’exploration illimité du côté des codes de la « nouvelle génération ». Une pièce unique qui a du style, de la personnalité, du goût et même de l’impertinence : pourvu qu’elle convainque Piaget d’être encore plus Piaget dans l’avenir ! Estimation : 25 000-35 000 euros, montant qui mériterait d’être dépassé pour cette montre remarquable, découverte dans Business Montres le 2 juillet dernier...
8)
••• VACHERON CONSTANTIN
(MÉTIERS D’ART – PERSPECTIVES D’ART DOVE)...
Une pièce unique qui est une des meilleures surprises d’Only Watch 2011, avec une réussite incontestable dans l’expression des métiers d’art (émail champlevé, sertissage, guillochage) comme dans l’élégance horlogère d’une montre mécanique au calibre « Poinçon de Genève » (mise en avant Business Montres du 29 juin, info n° 4). L’estimation à 80 000-120 000 euros est ambitieuse, mais la qualité de cette œuvre d’art (inspirée par les fausses perspectives d’Escher) peut justifier, auprès des collectionneurs une escalade dans les enchères...
9)
••• VAN CLEEF & ARPELS
(COMPLICATION POÉTIQUE « DE LA TERRE À LA LUNE »)...
Only Watch permet aux marques de se « lâcher » et d’oser ce que le bon goût commercial les dissuade de tenter : ainsi avec cette interprétation « sous ecstasy » de Jules Verne (commentaire Business Montres du 25 juin), qu’il serai plus précis de qualifier de « Voyage extraordinaire sous LSD », tellement Van Cleef & Arpels est allé au bout de son goût pour l’aventure vernienne et pour les décorations horlogères enchantées – ne parlons pas de paradis artificiel. Avec une estimation à 100 000-150 000 euros, cette montre – dotée d’une complication bi-rétrograde – est si décalée qu’elle ne peut que plaire à quelques excentriques, qui auront les moyens de faire planer les enchères à des niveaux intersidéraux...
10)
••• ZENITH
(CAPTAIN CHRONOGRAPH « CONDUITE À GAUCHE »)...
Les bonnes idées sont parfois les plus simples : comme Zenith n’avait encore jamais tenté la « conduite à gauche » (couronne et poussoirs déportés du côté gauche de la montre), pourquoi ne pas tenter des collectionneurs qui se spécialisent dans ce genre de pièces ? Pas de gros risques à 25 000-30 000 euros, surtout pour une paire de chronographes deux compteurs à mouvement « manufacture » (image ci-dessus), traités dans un style on ne peut plus vintage, dont la séduction virile devrait donner des idées à Jean-Frédéric Dufour dans les années à venir...
••• LE CHOIX FINAL
DE « BUSINESS MONTRES »...
En mariant tous les critères d’exclusivité de la proposition, de créativité du concept, d’attractivité de la pièce et de réactivité du marché, une nouvelle hiérarchie se dessine clairement, avec, par ordre de préférence :
•• De Bethune (tout simplement exceptionnel, techniquement et esthétiquement)...
•• Laurent Ferrier (la marque phénomène persiste et signe dans son parcours phénoménal)...
•• Vacheron Constantin (mieux du storytelling, une vraie constance dans le délicat sillon des « métiers d’art »)...
•• Piaget (l’imagination au pouvoir et l’audace d’aborder un style plus contemporain)...
•• Girard-Perregaux (la radicalité chromatique d’une icône revisitée avec beaucoup de bonheur et de « rigorisme festif »)...
•• Van Cleef & Arpels (les « complications poétiques » peuvent aussi témoigner d’une « complicité onirique »)...
•• Zenith (l’élégance et la sobriété d’une proposition qui sait rester à sa place, dans le peloton de tête)...
•• Hermès (la mécanique sait se muer en état de grâce quand une grande marque est prise en flagrant délit de poésie)...
•• Bovet (une complication classique dans une montre qui ne l'est pas tout-à-fait par sa décoration)...
•• Patek Philippe (inutile de signaler cette pièce à l’attention des amateurs : ils en rêvent déjà tous, mais un seul l’aura)...
••• À PROPOS D’ONLY WATCH 2011 :
D’autres récents articles de fond sur cette vente aux enchères exceptionnelle, qui réunit tous les deux ans l’élite des manufactures suisses dans un grand concours créatif, au service de la recherche contre les myopathies...
••• « L’urgence d’une remobilisation collective à J – 6 de la vente » (Business Montres du 18 septembre)...
••• « les coups de cœur et les coups de griffe des amateurs asiatiques » (Business Montres du 4 septembre)...
••• « Peut-on s’attendre à des enchères millionnaires ? » (Business Montres du 30 août). Les liens contenus dans cet article renvoient vers la grosse vingtaine de pages où Business Montres a révélé, souvent très en avance, les pièces uniques les plus intéressantes préparées par les manufactures pour Only Watch...
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