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Une chouette, des princesses, un expert, une catapulte, des polycarbonates, quelques lingots et une rumeur...
CETTE SEMAINE, EN QUÊTE D’INFORMATIONS HORLOGÈRES INTÉRESSANTES, LE ZAPPEUR SACHANT ZAPPER A ZAPPÉ SUR...
1)
••• LA RECONVERSION D’OSVALDO PATRIZZI
EN « HOROLOGICAL ART EXPERT »...
Le fondateur d’Antiquorum, qui vient de se voir rendre justice à Genève (révélation Business Montres du 26 septembre, info n° 1) et qui a renoncé à créer sa propre maison d’enchères, vient de signer un contrat de consultant horloger avec Poly Auction, le leader chinois des enchères (maison dont la moitié du capital est entre des mains gouvernementales, ce qui lui donne certaines « facilités » sur place). La mission d’Osvaldo Patrizzi sera double. Comme conseiller stratégique, il aidera Poly Auction à affiner son approche d’un marché horloger qui est considéré sur place comme décisif et particulièrement porteur : les opérations ne concernent pour l’instant que le territoire grand-chinois - Poly Auction était ainsi partenaire du récent salon horloger CIWE de Beijing. Comme « expert en art horloger », Osvaldo Patrizzi – « l’homme qui a catalogué plus de 150 000 montres au cours de sa carrière » – assistera Poly Auction pour sélectionner des lots exceptionnels, pour les étudier et pour les présenter comme ils le méritent aux collectionneurs chinois (source : site personnel d’Osvaldo Patrizzi)...
2)
••• LA MAUVAISE IDÉE
DE PARLER D’ARGENT AVEC SES CLIENTS...
« Les consommateurs réagissent négativement dès qu’on leur fait penser à leur argent » : article choc du Journal of Consumer Research américain, qui tend à prouver – protocole de tests scientifiques à l’appui – que tout allusion à l’argent dans une relation marchande provoque un réflexe négatif, c’est-à-dire un désir de liberté par rapport à l’autorité qu’évoque toute indication relative à l’argent (prix, pourcentage de rabais ou appel de la Loterie). La moindre allusion à la dimension monétaire de l’opération en cours donnerait aux consommateurs d’impérieuses pulsions de liberté : à méditer (pour les lecteurs pressés, un résumé de l’étude)...
3)
••• LA NOUVELLE MARQUE CHOUETTE
PREND SON ENVOL VERS L’EUROPE...
C’était une des nouvelles marques (référence # 64/Génération 2011) dont on a le plus parlé au dernier salon horloger de Hong Kong, et pas seulement parce qu’elle est lancée par la « reine des montres » – c’est-à-dire la délicieuse Christie Wo (groupe Charmonde, qui distribue quelques marques en Asie), dont la page personnelle sur Facebook permet de découvrir quelques-uns de ses atouts de serial entrepreneuse. A son poignet, sa dernière création : une Chouette, marque très tournée vers le 2.0, placée à la fois sous le signe de l’amour (un peu nunuche, mais très efficace) et de charité bien ordonnée (chaque montre vendue permet d’aider l’association Make a Wish ou la Children’s Heart Foundation). Ce nom français vient de la culture francophile de Christie Wo, qui a fait ses études en France et s’est souvenue d’un conte qui parlait de princesse, de sorcière et de chouette – d’où le logo très conte de fées et l’ambiance « Un miracle est toujours possible » ! Cerise sur le gâteau : ces montres ont repris le principe des « hautes fréquences » micro-magnétiques qui font du bien au corps (qu’on trouvait dans les montres Philip Stein). Il ne manquait plus qu’un lancement en France pour parachever ce merveilleux storytelling : ce sera chose faite en fin d’année, sinon début 2012, les montres étant distribuées en France par un vétéran des batailles horlogères, Michel Salzmann, qui distribue également la nouvelle marque Devon...
4)
••• LA « REGENT PRINCESS » DE BACKES & STRAUSS
(« MASTERS OF DIAMONDS SINCE 1789 »)...
Ce sera une des nouveautés fortes du prochain WPHH (Forum Grimaldi, Monaco, 29 septembre-2 octobre) : Backes & Strauss – la plus ancienne maison diamantaire du monde – y présentera sa Regent Princess, un chef-d’œuvre de joaillerie (fantastique bracelet : image ci-dessus) qui a su apprivoiser l’horlogerie pour devenir un montre d’exception (mouvement automatique à rotor en platine). En 32,3 mm d’or rose serti de 32 diamants ideal cut (2,70 carats), il s’en dégage un élégant style victorien revu et corrigé aux codes contemporains, mais les 136 diamants du bracelet (18,57 carats, soit un total, couronne comprise de 22,91 carats pour 326 pierres). Comptez 185 000 CHF pour faire (très) plaisir à la dame qui aura le privilège de glisser son poignet dans cette montre...
5)
••• LA CATAPULTE DE MB&F
QUI EXCITE L’IMAGINATION DES LECTEURS...
Alors, cette « catapulte » à bord de la « Cinquième Machine » de Maximilan Busser ? Impossible d’en savoir plus pour l’instant, mais quelques pistes sont ajoutées par les lecteurs.
•• D’abord, un risque possible de confusion entre catapulte (engin de siège qui lance des pierres en tir courbe) et baliste (arbalète géante, également utilisée pour les sièges). On retrouve dans la baliste le principe d’une flèche qui n’est pas sans analogie avec des aiguilles de cadran horloger.
•• Ensuite, quelques hypothèses sur le bras de la catapulte comme aiguille des minutes, avec un projectile symbolique qui rythmerait les secondes. A moins que la « catapulte » ne soit que la bascule qui donne le départ d’une fonction chronographique encore inusitée chez MB&F...
• Jean-François Mojon, un des trois conjurés (Business Montres du 20 septembre), aimant les engrenages non linéaires, on peut aussi imaginer que le bras de la « catapulte » libère un poids dont la course serait épicycloïdale, vers une cible elle aussi « satellisée » (façon Opus X), le tout dans une logique d’affichage très alternatif de l’heure ou de toute autre fonction...
• Autre possibilité : le bras de la « catapulte » fonctionnerait comme une « seconde rétrograde », dans le cadre d’une architecture horlogère plus complexe et plus élaborée, entre le style Jules Verne, le goût steampunk et l’ambiance Eiffel. A méditer et à suivre...
6)
••• LA NAISSANCE D'UNE NOUVELLE LÉGENDE
AU FOND DE L'ATLANTIQUE, PAR 4 700 M DE FOND...
Les 220 tonnes de lingots d'argent retrouvés au fond de l'Atlantique sur l'épave du Gairsoppa font rêver, mais on pourrait suggérer aux chasseurs de trésors d'Odyssey d'en distraire quelques-uns pour créer une nouvelle « légende » façon RJ-Romain Jerome, à qui ces évocations ne sont pas réservées : tous les ingrédients d'un grand storytelling sont réunis pour que cette aventure sous-marine hyper-médiatisée marque durablement les consciences (le métal précieux, les grandes profondeurs, les meutes de U-Boat, le torpillage en temps de guerre, l'Amirauté britannique, les polémiques judiciaires, etc.). A quand une série de montres de plongée « Giarsoppa », étanches à 4 700 m (profondeur actuelle de l'épave), avec une pastille d'argent commémorative (gravée d'une torpille) et un écrin en forme de boîte de thé (comme celles qui recouvrent les lingots) ?
7)
••• QUELQUES INFORMATIONS HORLOGÈRES
EN DIRECT DU FRONT, EN VRAC, EN BREF ET EN TOUTE LIBERTÉ...
••• BELL & ROSS : après la BR03-92 Phantom développée pour le crossover Infiniti FX, une nouvelle Bell & Ross pour la marque automobile japonaise. Ce sera la BR02-8 Infiniti Carbon Case Purple 8 Pro Dial (ouf !), en série limitée à 200 exemplaires et au prix public de 3 500 euros : l’index du 8 sur le cadran est traité dans un Superluminova à la couleur « Parme Infiniti ». Le rapport d’une montre de plongée (étanche à 1 000 m) et d’une automobile reste assez mystérieux...
••• CARTIER : superbe livre-catalogue de l’exposition « Cartier Time Art » (actuellement au Museum für Gestaltung de Zürich), avec la rétrospective de plus d’un siècle d’horlogerie Cartier, maison où la première montre-bracelet est mentionné dans les registres dès 1888. Un synthèse historique bienvenue, signée Jack Forster, qui remet dans leur contexte logique les récentes créations de haute horlogerie compliquée (éditions Skira)...
••• CHANEL : comment (ré)affirmer l’expertise horogère de Chanel, alors que tout le monde se pose en « manufacture » ? Tout simplement en visitant les ateliers de La Chaux-de-Fonds ou, plus simplement, en découvrant la vidéo qui raconte cette visite et qui vous promènera de poste en poste, tout au long du lent travail de naissance d’une J12 (à découvrir sur la chaîne images de Business Montres)...
••• PARMIGIANI : intéressante trouvaille d’Ariel Adams dans A Blog to Read, où il signale le prochain lancement par la manufacture Parmigiani d’une montre « 114 » qui reprend le principe des « aiguilles télescopiques » de certaines pièces de poche du XVIIIe siècle (présentation officielle en octobre, dans une exposition new-yorkaise). Principe technique : les aiguilles s’allongent selon les heures, pour rester dans les limites d’un cadran ovale. C’était une spécialité des horlogers Vardon et Stedman, qui œuvraient aux alentours de 1800 – et Michel Parmigiani, grand restaurateur devant l’Eternel, a eu quelques-unes de ces montres de collection entre les mains...
••• TIFFANY & CO : il semblerait que les rumeurs se confirment pour une initiative majeure des Malaisiens, avant la fin de l’année, et peut-être même avant la fin octobre. Côté entourage du Dr Francis Yeoh, on serait dans la dernière ligne droite : les deux sociétés concernées étant cotées, le silence radio est e toute façon de rigueur (« Monopoly horloger » : Business Montres du 19 septembre)...
••• (SALON) « LES HORLOGERS » – LILLE : organisé par la maison Lepage (Lille, Dunkerque, etc.), le salon « Les Horlogers » ouvrira ses portes les 8 et 9 octobre, dans le hall de la Chambre de commerce de Lille (place du Théâtre, avec des marques qui présenteront leurs nouveautés comme Baume et Mercier, Zenith, Jaeger-LeCoultre, Hublot, TAG Heuer, BRM ou Dior (renseignements : Les Horlogers)...
••• TAG HEUER : ouverture de la première e-boutique de la marque aux Etats-Unis, pour une marque qui dispose déjà de 125 vitrines à son nom dans le monde. Jean-Christophe Babin a prévu d’en ouvrir 22 cette année, ainsi que 250 à 300 outlets (villes et aéroports) dans les cinq ans à venir. Il considère que le e-commerce pourra représenter 5 % de l’activité de la marque dans 10 ans, sachant que les montres n’y représenteront plus que 55 % des ventes : « Beaucoup de gens qui ne s’offriraient pas une montre à 3 000 euros rêvent tout de même d’accéder à la marque » (source : Bloomberg)...
••• « LA CONQUÊTE DU TEMPS » : longtemps attendu et minutieusement travaillé, l’ouvrage historique de Dominique Fléchon sur La conquête du temps (Flammarion-Fondation de la haute horlogerie), préfacé par Franco Cologni, sera officiellement présenté à la mi-octobre, à Genève. Des pages que tout le monde « attend au tournant » : comment l'historien indépendant Dominique Fléchon a-t-il arbitré entre les différentes « légendes » de l’épopée horlogère – telles que les racontent les marques – et leurs réalités historiques à géométrie variable ?
••• « MOURIR POUR LE YUAN » : si les Chinois vous gonflent un peu et si les chinoiseries des marques suisses vous semblent pesantes, vous allez apprécier Mourir pour le yuan – comment éviter une guerre mondiale, de Jean-Michel Quatrepoint (éditions François Bourin). Journaliste et professeur d’économie, l’auteur dénonce le déclin consenti de l'Europe face à la Chine et en appelle à une politique de puissance du noyau carolingien de notre continent. Sinon, l'accumulation des déséquilibres mènera inéluctablement à la guerre : « Trois ans après la chute de Lehman Brothers, rien n’a été réglé. Bien au contraire. Les causes de la crise – déséquilibres commerciaux et déficits qui en découlent – sont toujours là. La Chine, avec son yuan sous-évalué, continue d’engranger des excédents et poursuit sa stratégie de conquête. L’Allemagne mercantiliste est tentée de jouer cavalier seul. Multinationales et financiers imposent leurs lois à des États de plus en plus impuissants. Les inégalités explosent, et avec elles, les risques d’implosion sociale. Comment éviter la catastrophe qui s’annonce ? Comment faire pour que cette seconde globalisation ne connaisse pas le même sort que la première, qui s’est fracassée un jour d’août 1914 ? »...
••• « L’HORLOGERIE À GENÈVE » : avec pour fil conducteur « Magie des métiers, trésors d’art et d’émail », le musée Rath de Genève devrait présenter dès le 15 décembre prochain une exposition de plus d’un millier de pièces en provenance des réserves de l’ancien Musée de l’horlogerie et de l’émaillerie de la ville, quatre siècles d’une horlogerie jamais vue depuis la fermeture administrative du musée en 2002 (certaines de ces pièces n’avaient même jamais été montrées au public)...
••• BISPHÉNOL A : après l’interdiction des biberons contenant du bisphénol A, l’Union européenne s’achemine vers une interdiction de nombreux autres objets en plastique contenant ce produit de synthèse considéré comme dangereux pour la santé (pas seulement des nourrissons !) et pourtant largement utilisé dans la fabrication d’une grande diversité d’objets en plastique. La liste des produits susceptibles d'en contenir est impressionnante : emballages alimentaires, mais aussi lunettes et lentilles de contact, CD et DVD, câbles, mastics, adhésifs, électroménager, optiques de phare et pare-chocs, articles de sport, appareils médicaux, revêtements de sol, vernis et peintures, bateaux de plaisance, encres d'imprimerie, etc. En tout, soixante secteurs d’activité potentiellement utilisateurs de bisphénol A ont été recensés : la liste officielle (27 septembre 2011) ne mentionne pas explicitement les montres en polycarbonate, mais l’horlogerie est concernée par quelques-uns de ces secteurs... |