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Scepticisme des professionnels américains sur le nouveau partenariat entre Tiger Woods et Rolex : le goût de réchauffé est trop fort et le « rejet » au sein de l’opinion trop violent aux Etats-Unis...
••• COMMENT TAG HEUER A RÉAGI
AVEC INSOLENCE AU RECRUTEMENT
DE « M. WOODS » PAR ROLEX...
Manifestement, la pilule « Tiger Woods » ne passe pas bien au sein du réseau des détaillants américains de la marque à la couronne : ils auraient préféré que Rolex investisse sur un futur n° 1, et non sur un ex-n° 1 tombé dans les profondeurs insondables du classement mondial. Certains persiflent en rappelant que Tiger Woods avait été écarté par le groupe Rolex en 2001 pour des raisons qui frôlaient la discrimination raciale - évidemment sans l’avouer -. Les professionnels de l’image font remarquer qu’une large majorité d’Américains – hormis les très riches HUNW qui gagnent plus de trois millions de dollars par an – ne l’aiment tout simplement pas, ou qu'ils ne l'aiment plus – un taux de rejet exceptionnel dans une opinion plus généralement consensuelle. Manifestement, le peuple américain ne lui a pas encore pardonné ses fredaines extra-conjugales...
••• SI ROLEX SEMBLE S’ACCOMODER DE CE DÉSORDRE MORAL - ce qui est très dangereux sur un marché américain où fermente un violent courant moralisateur -, TAG Heuer réagit avec une franchise déconcertante. La marque avait tardé à avouer la fin de son partenariat avec Tiger Woods : il avait même fallu un article de Business Montres (28 juillet) pour révéler que TAG Heuer avait purgé le « Tigre » de sa mémoire, et provoquer l’envoi d’un timide communiqué officiel. Là, au lendemain de l’annonce du recrutement de Tiger Woods par Rolex, un communiqué officiel de TAG Heuer nous apprend que, pour Jean-Christophe Babin (CEO), « la décision de ne pas renouveler le contrat de Tiger Woods avait été soigneusement étudiée au regard d’études quantitatives qui révélait que ce partenariat était devenu inapproprié pour TAG Heuer du point de vue des consommateurs ». Inapproprié : ce mot savoureux rappelle la réaction de Dominique Strauss-Kahn pour qualifier sa « relation » avec une certaine femme de chambre guinéenne...
••• TAG HEUER NOUS EXPLIQUE, non quelque malicieux humour sous-jacent, qu’il faut se réjouir de voir « Tiger trouver une autre prestigieuse marque de montres suisses pour l’aider à retrouver son rang de grande gloire du sport et pour devenir une légende du golf ». Légende ? On pensait qu’il l’était déjà du temps de son partenariat avec TAG Heuer, qui s’offre ici le luxe d’une posture de « grande sœur » légèrement condescendante, sans jamais citer Rolex que comme une « autre prestigieuse marque de montres suisses ». Laquelle se trouve effectivement reléguée dans « l’art d’accommoder les restes » dont parlait Business Montres (6 octobre, info n° 1)...
••• ON VOUS ÉPARGNE L’ACIDITÉ bien enrobée de la fin du communiqué, qui met en valeur la dream team des ambassadeurs sportifs de TAG Heuer, dont la direction s’affirme plus que jamais convaincue d’avoir fait le bon choix « en libérant M. Woods de ses obligations envers elle ». Le coup de pied de l’âne vient en conclusion : « Félicitations au nouveau partenaire pour cette courageuse décision (« bold decision », qui sonne comme proche de la témérité) ! Mieux que de la condescendance, les remontrances de la grande sœur : ce communiqué est un chef-d’œuvre d’impertinence diplomatique... |