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Inauguration officielle, ce matin, de l’exposition « Anticythère » au musée des Arts et métiers de Paris.
En vedette, dès l’entrée, le mouvement à « complications archéologiques » de Hublot, qui parraine ainsi virtuellement une des plus belles collections françaises d’objets du temps
1)
••• HOMMAGE À LA PLUS ANCIENNE
ET À LA PLUS ÉNIGMATIQUE DES « MACHINES » LÉGUÉES PAR L’ANTIQUITÉ...
Le « mécanisme d’Anticythère » – les scientifiques n’aiment pas parler de la « machine » – est à l’honneur à l’entrée de la galerie des « Instruments scientifiques » du musée des Arts et métiers de Paris. Impossible de la manquer, du moins impossible de manquer sa reproduction (impressionnante) et le film en 3D (les lunettes sont fournies) qui en présente l’histoire, les apports à l’histoire des sciences et les questions que ces fragments corrodés soulèvent : ce film est à visionner en 2D sur la chaîne images de Business Montres, où il est inutile de revenir sur le dossier Anticythère, présentée aux lecteurs dès le 22 août 2008 - c’était sa première apparition dans un média horloger - et régulièrement suivi depuis, avant comme après sa reprise par Hublot (8 janvier 2010)...
••• CE MATIN, AUX ARTS ET MÉTIERS, on arrivait donc à la fin du premier chapitre du grand livre d'Anticythère, avec la présentation officielle du mouvement Anticythère mis au point par l’équipe de Mathias Buttet chez Hublot. Une super-complication « archéologique » dont nous avons déjà parlé (détails en annexe, ci-dessous) et dont nous reparlerons forcément, tellement la montre où sera logée ce mouvement marquera l’année 2012. La présentation à Baselworld est programmée, mais il ne s’agira pas d’une pièce commerciale, mais d’un hommage dont le musée d’Athènes tirera profit à travers une vente aux enchères. Cette exposition à Paris, sur le thème « Anticythère, l’énigmatique machine surgie du fond des temps », n’a donc pas d'ambition commerciale directe (on n’y vendra rien), mais elle affiche, au contraire, une visée mécénale qui vise à inscrire Hublot dans une perspective évergétique, de l'évergétisme à la romaine – celui d’un Jean-Claude Biver plus « pourvoyeur d’émotions » que jamais (décodage Business Montres du 12 septembre 2010)..
••• LA MANUFACTURE HUBLOT SE TROUVE AINSI étroitement associée à la galerie des « Instruments scientifiques » des Arts et métiers, pour y créer la passerelle qui relie la plus ancienne « machine » de l’histoire des civilisations – vingt–deux siècles au bas mot pour ces engrenages de bronze – et sa réduction à la taille d’une montre de poignet, à travers les plus célèbres avancées de l’histoire des objets du temps, de l’astrolobe aux horloges d’Antide Janvier et aux chronomètres de marine de Ferdinand Berthoud, en passant par la « machine à calculer » de Pascal, qui donne la réplique à Anticythère, à seize siècles de distance. Avec Hublot, c’est un extraordinaire voyage dans le temps qui est proposée, dans une sorte de tunnel à haute intensité mécanique : l’ingéniosité des horlogers et de leurs ancêtres y éclate à chaque pas. C’était avant l’horlogerie industrielle et l’ère du marketing : les maîtres-horlogers y servaient les grands scientifiques plus que les grands milliardaires, et ils avaient la vie plutôt que la Bourse pour passer à la postérité...
••• UNE PASSERELLE DE VINGT-DEUX SIÈCLES, voilà qui renvoie au rang de gentils bambins les manufactures qui se flattent de leur naissance au XVIIIe siècle : même le « Blancpain depuis 1735 » lancé autrefois avec fierté par le même Jean-Claude Biver se trouve distancé ! La passerelle est purement mécanique, archéologiquement attesté et techniquement stupéfiante : Mathias Buttet n’a ajouté aux rouages d’Anticythère, tels qu’on les connaît, qu’une heures-minutes, plus une seconde dans un tourbillon volant. Les autres affichages du « mécanisme d’Anticythère » ont été respectés à la lettre, et d’autant plus volontiers qu’ils ont révélé aux horlogers du XXIe siècle des subtilités mécaniques qu’ils ne connaissaient pas, comme les rouages décalés sur leur axe (une variante très ingénieuse de différentiel) ou les aiguilles « télescopiques ». Au passage, il est assez émouvant de retrouver, sur le « mécanisme d’Anticythère », une sorte d’aiguille à phases de lune sphérique à peu près identique à celle d’une pendule d’Antide Janvier, construite vingt siècles plus tard à peu près dans les mêmes dimensions...
2)
••• UNE « MACHINE » ET UN MOUVEMENT
QUI CONFIRMENT LE BESOIN D’UNE NOUVELLE CULTURE HORLOGÈRE...
Beaucoup des complications « archéologiques » du mouvement Anticythère sont des premières absolues dans l’histoire des beaux-arts du temps : si quelques horloges astronomiques de cathédrale avaient tenté la représentation mécanique du cycle de Méton (19 ans), aucune, ni personne, n’avait jamais réalisé des jeux d’engrenages pour afficher ce cycle lunaire, mais aussi celui de Saros, le cycle Exeligmos, le cycle Callipique (76 ans !), le calendrier des jeux Panhelléniques, le calendrier égyptien, le calendrier zodiacal, les phases de lune et la position du soleil dans le zodiaque. Soit un fantastique hommage des micro-mécanciens suisses au génie mécanicien des Grecs...
••• DU HAUT DE CES ENGRENAGES, VINGT-DEUX SIÈCLES VOUS CONTEMPLENT. Pour qui s'intéresse depuis longtemps au dossier Anticythère, cette intervention de Hublot aux Arts et métiers est un double plaisir. En août 2008, ici même, on pouvait s’interroger : « Mon plus grand étonnement reste qu’aucune marque suisse n’ait songé à s’associer à cette fantastique reconstitution du savoir-faire micro-mécanicien des Grecs et aux études menées sur un chef-d’œuvre absolu du génie créatif des Européens de l’Antiquité » ! C’est donc fait, et magnifiquement fait ! Mais c’est encore plus fort quand on songe au mépris dans lequel les scientifiques ont longtemps tenu les artefacts d’Anticythère, considérés par les uns comme « définitivement impossibles » (donc forcément falsifiés) et par les autres comme des élucubrations pour chasseurs d’ovnis (relevant donc du « côté obscur » de la science). Reconnaissance tardive pour cet « objet maudit », mais triomphe qui en annonce d’autres : ça et là, on commence à retrouver des traces d’engrenages antiques en bronze et on relit les textes des auteurs grec à la lueur des acquis anticythériens, pour y découvrir de nouvelles allusions à ces étranges « machines »...
••• CES NOUVELLES ÉTUDES SUR LES MÉCANICIENS GRECS nous promettent d’ailleurs une Hublot Anticythère génération 2 : les chercheurs sont maintenant convaincus que les rouages qui leur manquent et qui sont probablement restés au fond de la Méditerranée - il est question d’une nouvelle expédition subaquatique pour les retrouver - avaient une fonction planétaire complémentaire. On pourrait en effet déduire l’affichage du parcours de cinq planètes des seuls engrenages qui nous sont parvenus, mais cette option planétaire est encore conjecturale. Mathias Buttet s’explique avec gourmandise sur cette possible seconde génération dans ses réponses aux questions de votre Quotidien des Montres : il apporte aussi d’autres réponses, dans une vidéo exclusive à découvrir sur la chaîne images de Business Montres)
••• MÊME RÉFLEXION QUE POUR « LA CONQUÊTE DU TEMPS », livre sur l’histoire des montres paru ces jours-ci (Business Montres du 9 octobre) : pour apprécier les montres, on a davantage besoin aujourd’hui de connaissances horlogères, plus que de bullshit marketing. Laissons aux voraces goinfres des confins chinois le plaisir d’ânonner les catalogues commerciaux et d’assécher les vitrines, mais préparons les gourmets européens aux nouveaux plats d’une vraie nouvelle cuisine horlogère. C’est le savoir qui valorise le savoir-faire : il faut évangéliser les amateurs pour les enraciner dans la culture qui explique les montres d’aujourd’hui et la création contemporaine – lesquelles ne se résument pas à un argumentaire soigneusement « brandé » et à des myriades d’amis sur les réseaux sociaux. La montre, c’est beaucoup plus que ça : cinq siècles d’horlogerie européenne pour celles qui disent le temps, mais vingt-deux siècles de subtilités mécaniques pour les objets qui calculent le temps dans l’espace. Avec une initiative aussi généreuse que le projet Anticythère d’Hublot, qui va « tourner » dans de nombreuses expositions internationales (même en Chine !), on se situe au cœur de cette logique de pollinisation culturelle : cette « machine » antique et la montre qui s’en inspire sont des déclencheurs de passion. Ils diffusent cette culture. Ils en font essaimer les ferments actifs. Anticythère, c’est le creuset de la fusion chère à Jean-Claude Biver. En réalité, le vrai Big Bang, dans l’histoire horlogère, ce n’est pas la montre lancée en 2005, c’est Anticythère...
3)
••• CALIBRE HUBLOT ANTICYTHÈRE 2033-CH01
(LA FICHE TECHNIQUE OFFICIELLE)
Fonctions mouvement
Heures, minutes
Secondes par la cage tourbillon
Tourbillon volant sans roulement à billes
Remontage manuel
16 fonctions
Vue de cadran
Calendrier Egyptien
Calendrier des jeux panhelléniques
Zodiaque
Aiguille de lune
Phases de lune
Aiguille de soleil
Vue ponts
Cycle de Méton
Cycle de Saros
Cycle Callippique
Cycle Exeligmos
Dimensions
Largeur 30.40 mm
mouvement de forme
Longueur 38.00 mm
Epaisseur 14.14 mm (encombrement total)
Tige de mise à l’heure (3H) à deux positions
Remontage manuel
Mise à l’heure
Nombre de pierres
69
Nombre de composants
495
Spiral
Plat pour réglage d’une extrême précision
Fréquence
21.600 A/h (3 Hz)
Réserve de marche
Environ 120 heures (5 jours)
Oscillateur (réalisé en interne)
Balancier avec masselottes de réglage
Moment d’inertie : 16mg/cm2
Angle de levée : 53°
Amortisseurs
Antichoc pour platine et le pont de balancier
Platine et ponts
Laiton, anglés et pourtours étirés, perlage des noyures. Traitement : ruthénium noir
Cadran des cycles et calendrier
Cerclage : traitement Or 5N
Rouages : roues cerclées, anglées ; traitement : rhodié, pignons roulés
Visserie : têtes polies et anglées, bouts arrondis et polis
Aciers : satinés, anglés et pourtours étirés
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