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Inutile de revenir sur tout le bien qu’il faut et qu'on doit penser de l’histoire des montres racontée avec un immense talent par Dominique Fléchon.
On ne lui reprochera qu’une double page inexpliquablement fausse. Très fausse... Et c’est d’autant plus inexpliquable que l’auteur avait tous les éléments du dossier à sa disposition...
Aux lecteurs d’en juger : Perrelet ou Sarton...
••• LA SEULE GROSSE BÊTISE
DE DOMINIQUE FLÉCHON
DANS SA « CONQUÊTE DU TEMPS »
(L’HISTOIRE DE L’HORLOGRIE DES ORIGINES À NOS JOURS)...
On avait aimé le sous-titre de cette magistrale histoire des objets du temps : « Découvertes, inventions, progrès ». De quoi nous conforter dans l’idée que ce livre remettait un certain nombre d’idées à l’endroit (analyse Business Montres du 9 octobre). Il y manque just une découverte ! L'ouvrage est irréprochable... A un détail près, déjà signalé dans cette analyse du Quotidien des Montres (partie n° 2, 4e paragraphe) : le traitement un peu expéditif de la querelle sur l’origine du mouvement automatique. Autant le texte – qui présente les deux thèses – est admirablement équilibré, à la ligne près, autant la double page suivante, annoncée par une légende un peu bâclée, pose problème...
••• AUX LECTEURS DE JUGER : le mouvement que La Conquête du temps présente, dans la double page 116-217, comme « attribué à Abraham Louis Perrelet » n’est-il pas en tout point conforme au dessin technique déposé par l’horloger liégeois Hubert Sarton à l’Académie des sciences, en 1778 ? ? Tout le monde pourra se faire une idée avec la juxtaposition des deux (image ci-dessus) : en haut, le mouvement de la montre conservée au musée Patek Philippe ; en bas, le dessin technique de Sarton (d’ailleurs publiée par Business Montres l e17 janvier 2010), tel qu’il est conservé à l’Académie des sciences de Paris...
••• AVEC UN MINIMUM D’HONNÊTETÉ INTELLECTUELLE, on doit reconnaître que la similitude est plus que convaincante – au, au minimum, intellectuellement troublante. Assez en tout cas pour délégitimer une attribution à Abraham Louis Perrelet dont l’ancien conservateur du musée Patek Philippe, Arnaud Tellier, doutait très ouvertement. Un esprit aussi vif et curieux que Dominique Fléchon n’a pas pu ne pas voir passer ce dessin technique d’Hubert Sarton, auquel il fait lui-même référence dans sa page 215. Alors, faiblesse de sa directrice artistique, qui voulait à tout prix une « belle double » – elle l’est – au prix d’un hasardeux raccourci documentaire ? Gaffe éditoriale de Franco Cologni, qui est trop madré pour être passé à côté d’une telle gaffe ? Ou ratage dans la précipitation du bouclage final ? C’est d’autant plus dommage que « le Fléchon » fera référence pendant longtemps dans l’historiographie horlogère : l'ouvrage étant monumental, la gaffe n'en est que plus monumentale !
••• À CHACUN DE SE FAIRE SON OPINION, en toute liberté, sur la base de ce montage comparatif de la montre à rotor du musée Patek Philippe et du schéma de Sarton daté de 1778, à partir des éléments techniques décrits ci-dessous :
1 : Masse ou rotor
2 : Cercle de blocage de la masse
3 : Roue relais entre les inverseurs et le rochet sur la fusée
3a : Pignon de la roue relais
4 : Inverseur fixé sous la masse
5 : Inverseur fixé sur la platine...
••• LA PREMIÈRE ÉDITION DU LIVRE est déjà à peu près épuisée en français comme en anglais (4 000 exemplaires dans chaque langue. Il reste à imprimer l'édition chinoise (4 000 commandes) : il est encore temps de réparer la gaffe. Et il sera ensuite opportun de corriger les éditions françaises et anglaises de ces prochaines années... |