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Les trois meilleurs joueurs du monde ne cachent pas leur passion pour les montres de luxe. Preuve en main
Rafael Nadal pénétrant sur les courts et jouant avec une montre Richard Mille d’une valeur de 523 000 francs, Roger Federer ornant un timbre où il arbore fièrement une luxueuse Rolex, Novak Djokovic avouant une véritable passion pour la firme Audemars Piguet. Après la signature de très juteux contrats – on parle de 15 millions sur 10 ans, voire davantage pour Federer et Rolex –, les trois stars actuelles du tennis mondial sont devenues les ambassadeurs de la haute horlogerie suisse. Un plus pour leur confort personnel et une véritable aubaine pour des marques qui profitent, de cette manière, de l’image forte de champions d’exception.
Officialisés en 2006 pour Rolex et Federer, en 2010 pour Nadal et Richard Mille et en août de cette année pour Djokovic et Audemars Piguet, ces partenariats sont pourtant loin d’être des mariages de raison. Car si, dans chacun des cas, les deux parties en présence ont besoin l’une de l’autre, les manufacturiers et leurs ambassadeurs se sont surtout associés en raison des valeurs communes qui les animent. La quête de la perfection notamment.
Les trois firmes helvétiques de prestige livrent les raisons qui les ont poussées à s’associer à ces joueurs au très fort charisme.
Trois champions, trois marques
Audemars Piguet: une passion pour les Djokovic
Audemars Piguet a eu la main heureuse. A l’aube d’une irrésistible saison 2011 qui lui a permis de devenir No 1 mondial, Novak Djokovic s’est lui-même approché de l’entreprise du Brassus. «Mais nous n’avons pas choisi Novak pour entrer dans le milieu du tennis, explique un porte-parole de l’entreprise. Suite à sa visite dans notre manufacture, en février 2011, il nous a dévoilé son intérêt pour l’horlogerie. Des discussions se sont engagées et la collaboration a pu être officialisée avant l’US Open.»
Selon le fabricant, la notion d’esprit de famille est l’un des ciments de ce partenariat. «Novak tient sa passion pour l’horlogerie de son père, grand amateur de montres, et de celles d’Audemars Piguet en particulier. C’est à son contact que le joueur a découvert notre marque, qu’il aime pour son mélange de tradition et de modernité. Djokovic apprécie aussi que l’entreprise soit toujours aux mains des familles fondatrices.»
Richard Mille: Nadal en crash testeur
Que le Français Richard Mille, dont les montres sont qualifiées de «F1 de l’horlogerie», se rapproche en 2010 du taureau espagnol Rafael Nadal n’était pas très surprenant. Mais pour ce créateur, dont les pièces sont parmi les plus élaborées du monde – 80 employés aux Breuleux pour la fabrication, une douzaine au siège en Bretagne –, aucune stratégie n’était établie. «Il n’y a pas eu de choix. Je fonctionne aux coups de coeur et ce partenariat avec Rafael m’a paru évident. Il est né d’une rencontre comme je les aime, grâce à des amis communs, explique Richard Mille. L’amitié est l’un des socles de notre collaboration. J’ai immédiatement été séduit par la personnalité de l’Espagnol, gentleman attaché à ses racines, qui incarne les valeurs de challenge et de dépassement de soi propres au sport de haut niveau. J’aime moi-même relever des défis pour repousser les limites de l’horlogerie.»
Richard Mille a la particularité de muer ses ambassadeurs en vrais testeurs. «Je ne voulais pas d’un joueur qui n’aurait porté mes montres que pour les photos, mais qui participe à leur élaboration, les teste en conditions réelles, explique-t-il. Une condition sine qua non. Mais Rafa n’aurait pas accepté si cela avait représenté un handicap pour son jeu. Avant qu’il gagne Roland-Garros 2010 avec une RM027 au poignet, il y a eu de nombreuses mises au point. En vrai crash testeur, Nadal a cassé cinq RM027 avant d’aboutir à un résultat parfait. Les observations de ce perfectionniste, seul pro à jouer avec une montre, furent capitales pour le développement de pièces mises en conditions réelles pour prouver leur capacité à résister, malgré la force du geste, les chocs et les différences de rythmes du tennis.»
Certaines des montres de Richard Mille doivent même résister à la force centrifuge, testées par un autre de ses ambassadeurs, le pilote de F1 Felipe Massa. «Lors de son terrible accident, en 2009, le pilote a été grièvement blessé et son bolide sérieusement endommagé. Sa montre a parfaitement résisté», témoigne Deborah Gourdon, l’assistante de Richard Mille.
Rolex et Federer: discrétion
La firme Rolex, qui a ajouté récemment le golfeur américain Tiger Woods à la liste de ses illustres ambassadeurs, refuse de commenter son association avec Roger Federer. «La stratégie et la politique générale de la marque, c'est de faire preuve de la plus grande retenue.» Un positionnement qui permet de faire un premier parallèle avec le joueur bâlois, tant la discrétion fait aussi partie du «personnage Federer». Manager attitré du joueur, Tony Godsick déclare, pour sa part, «négocier des partenariats avec des sponsors qui occupent un rôle de leader mondial dans leur domaine de prédilection, comme Nike, Rolex, Gillette, Lindt & Sprüngli ou le Credit Suisse». Un rôle d’exemple planétaire que Federer a longtemps joué en monopolisant le premier rang mondial. Et que celui qui est considéré comme le plus grand joueur de tous les temps continue d’assumer par la pureté de son jeu et la gamme de ses coups, depuis qu’il est devancé par Djokovic et Nadal.
«Depuis toujours, Rolex s’est associé à des athlètes et à des personnalités au sommet de leur art. Sur les courts et dans la vie, Federer incarne parfaitement nos valeurs d’excellence et d’élégance. Alliés au talent, ces ingrédients forgent des êtres d’exception que notre entreprise est fière de soutenir», avait expliqué l’horloger au moment de l’officialisation de son partenariat.
«Même si Federer n’est pas tenu de porter ses montres en jeu, mais dès les matches terminés, notre gamme robuste et fiable est faite pour la pratique du sport», ajoute un représentant de la firme. Cette collaboration entre Federer et Rolex fut immortalisée en 2007 par un timbre à 1 franc de La Poste suisse, devenu célèbre, à l’effigie du joueur, montre au bras. Quant à son clan, il s’en imprègne aussi, puisque ses parents achètent des montres dans les succursales bâloises de la marque.
Patrick Wurlod
24heures
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