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Le quotient intellectuel numérique des marques ? Quelle gifle...
 
Le 21-10-2011
de Business Montres & Joaillerie

Les uns voyagent dans le temps, des années 1980 à l'Antiquité, et les autres dans l'espace.

On fait du neuf avec du vieux, mais aussi beaucoup d'argent avec de l'ancien, vrai ou faux, frai ou vaux, allez savoir !

POUR CE MILIEU DE SEMAINE, LE ZAPPEUR SACHANT ZAPPER A ZAPPÉ SUR...


1)
••• LA FAÇON DONT RJ-ROMAIN JEROME SE RACONTE
LA NOSTALGIE D’UNE NOUVELLE LÉGENDE URBAINE...
Tout annonce une nouvelle « mode DeLorean » : non seulement la marque automobile mythique du début des années 1980 annonce son retour sur le marché pour 2013, avec une nouvelle DMC122 100 % électrique (carrosserie intacte), mais quelques designers de mode se penchent sur les productions de la marque (comme The Hundreds) alors que, par ailleurs, les enchères s’envolent pour les anciennes DMC-12, celles de Retour vers le futur III, film-culte qui a fait de la De Lorean aux portières « papillon » une voiture-cultissime – c’était la machine à remonter dans le temps de Marty McFly ! 600 000 dollars minimum sous le marteau, ça commmence à compter (source : Profiles in history).
••• Jamais en retard d’une tendance pourvu qu’elle soit avant-gardiste, Manuel Emch (RJ-Romain Jerome) a senti le vent et flairé le bon filon rétro-nostalgique de ces « légendes de notre temps » qui structurent l’imaginaire contemporain. Il y aura donc une série limitée de montres DeLorean-DNA, dans la même veine que les Titanic, les Moon Dust ou la montre pleine des cendres du « volcan islandais au nom immémorisable ». Ces DeLorean-DNA seront faites avec des pièces de carrosserie originales de l’ancienne usine irlandaise de la DeLorean Motor Company (DMC), dont le stock a été racheté par le relanceur texan de la marque : cette « machine » à raconter le temps deviendra ainsi, par la magie évocatrice d’un futurisme nostalgique, une nouvelle « machine » à remonter le temps. La boucle est bouclée pour l’invention d’une nouvelle saga...


2)
••• LES DRÔLES DE BIJOUX DE FAMILLE
QUE LA JEUNE MARIÉE INDIENNE A DÉCOUVERT...
Une amusante publicité joaillière qui nous arrive des Indes, à la fois comme un regard sociologique sur la société indienne et comme un réflexion – moins futile qu’on ne s’y attendrait pour un clip télévisé – sur nos modes de consommation. On ne vous raconte pas la fin, mais c’est ici que ça se passe...


3)
••• LES SWATCH DE LA COLLECTION BLUM
BIENTÔT DISPERSÉES AUX ENCHÈRES, CHEZ PHILLIPS DE PURY HONG KONG...
4 350 Swatch de collection, dont de nombreux prototypes, pièces uniques et autres variantes de productionjamais commercialisées vont se retrouver sur le marché, y compris des pièces qui ont précédé les premières collections du début des années 1980. Il s’agit de la collection de Peter et Linda Blum, un couple suisse qui a portait beaucoup d’intérêt aux Swatch « artistiques », notamment celles de Mimo Palladino, Keith Haring ou Kiki Picasso dont on découvrira des pièces quasiment jamais vues (image ci-dessus : le prototype, jamlais commercialisé, de la première Swatch Art Special, dont le dessin se reforme tous les 217 jours ; c’est une des 120 Kiki Picasso, données à l’époque à des invités d’une fête Swatch, qui a battu le record du monde des enchères pour une Swatch !). Avec cette vente à grand spectacle (Phillips de Pury Hong Kong, 24 septembre), qui bénéficiera d’expositions tout aussi spectaculaires à Shanghai (Swatch Peace Hotel, sur le Bund) et à Londres, Swatch retrempe ses racines dans sa propre légende, avec un soupçon de nostalgie pour cette « haute époque », mais en tirant aussi beaucoup d’enthousiasme et d’énergie de ce passé revisité...


4)
••• UNE NOUVELLE PIÈCE À VERSER
AU DOSSIER DES « MÉCANISMES » HÉRITÉS DE L’ANTIQUITÉ...
Il n’y a pas qu’Anticythère dans la vie : il faut maintenant compter avec l’« engrenage d’Olbia », fragment de roue dentée retrouvée dans le village d’Olbia, en Sardaigne. La découverte date de 2006, mais on commence à peine à en comprendre la portée, à la lueur des connaissances qui s’accumulent autour du « mécanisme d’Anticythère » – dont Business Montres a déjà abondamment parlé. Découvert par Giovanni Pastore, un professeur de mécanique qui en a fait la mission de sa vie, cet engrenage est un fragment de roue dentée en laiton, qu’on peut dater de la fin du IIIe siècle ou du début du IIe siècle avant notre ère : ce vestige archéologique rend déjà moins orphelin le « mécanisme d’Anticythère », qui n’est donc plus la seule « machine » léguée par l’Antiquité – ce qu’on savait déjà par de multiples textes latins. Difficile de savoir si l’« engrenage d’Olbia » est ou non un vrai vestige du fameux planétaire d’Archimède, mais il est à la fois authentique, concordant avec ce qu’on sait déjà du talent des mécaniciens de l’Antiquité et tout aussi intriguant que ceux d’Anticythère. Pour découvrir ce fragment sarde, une passionnante vidéo (07:48 mn, sous-titres anglais) qui s’appuie sur le « mécanisme d’Anticythère » pour remonter jusqu’au « calculateur » d’Archimède, dont les dents sont d’une stupéfiante modernité. Avec 2 000 ans d’avance...
••• Pour revenir au dossier Anticythère, un vidéo réalisée au musée des Arts et métiers par The Watches TV (une grande partie en français, avec des sous-titres anglais). C’est un excellent complément de la vidéo où Mathias Buttet (Hublot) traite de sujets plus spécifiquement techniques (les apports d’Anticythère à la micro-mécanique contemporaine) pour la chaîne images de Business Montres...


5)
••• LA « DRIVER’S WATCH » RECORDS-TB (BRM)
QUI RECRÉE EN STYLE CONTEMPORAIN LA MONTRE DES CHAMPIONS DU VOLANT...
Ce n’est pas la première « montre de pilote automobile », ni sans doute la dernière, c’est seulement la plus récente et une des plus drôles jamais inventées : pour BRM, Bernard Richards a osé le cadran vertical et, surtout, le mouvement automatique (encore jamais vu pour ces driver’s watches, du moins semble-t-il) ! Le sigle TB désigne tout simplement le « tableau de bord » (repérage Business Montres du 15 octobre)...


6)
••• LE CLASSEMENT DU QUOTIENT INTELLECTUEL DIGITAL
DES MARQUES DE MONTRES ET DE JOAILLERIE...
Le baromètre annuel du groupe L2 (think tank américain) est toujours un grand moment de communication : cet indice calcule le « quotient intellectuel numérique » des marques de montres et de joaillerie, à travers la quaité de leur site (contenus, fonctionnalités), leur marketing digital, leurs interventions sur les réseaux sociaux et leurs applications « mobiles ». Le classement s’opère comme un quotient intellectuel classique, de « génie » (plus de 140 d’indice) à « débile » (moins de 70), avec, entre les deux, les « doués », les « moyens » et les « limités » (document résumé à télécharger sur le site L2).
••• L’avantage de ce classement est son impartialité, ainsi que son « éloignement » géographique du village horloger, ce qui lui garantit une certaine imperméabilité aux influences – sournoises et/ou inconscientes – de notre propre perception (européenne) des marques. Sur le podium : Tiffany & Co, Swarovski et, en numéro 3 (pour sauver l’honneur des horlogers), Jaeger-LeCoultre. Seul le premier est classé « génie », à 143 d’indice, et le second n’est plus que « doué », à 124. On tombe ensuite dans les « moyens », avec David Yurman (n° 4), Cartier (n° 5), Omega (n° 6, TAG Heuer (n° 7, Longines (n° 8), Montblanc (n° 9, ex-aequo avec Pandora), Bvlgari n’était plus que n° 11, avec 90 d’indice. Suivent Hublot, IWC, Audemars Piguet qui inaugure la catégorie « limité », Raymond Weil, Chopard, Baume & Mercier, Piaget, Breitling, Harry Winston, Van Cleef & Arpels, Vacheron Constantin pour fermer la marche des « challenged ». Pour les « débiles », on trouve Bulova (n° 26), Rolex (n° 28), Franck Muller (n° 29, mais la marque était dernière, avec le bonnet d’âne voici deux ans), Panerai et Patek Philippe (n° 35, avec un QI digital de 36 – ce qui doit correspondre au QI moyen d’un caniche)...
••• Pas très glorieux, tout ce recadrage indépendant, surtout quand on le rapporte aux budgets que les marques allouent à leur marketing digital et aux auto-congratulations qu’elles pratiquent sur leurs canaux ou dans leurs communiqués. On notera que quasiment tout le montre progresse, sauf... Rolex, marque qui était classée « doué » en 2009 et qui est aujourd’hui « débile », à quelques points seulement de Franck Muller ! On croit rêver...


7 (x 10)
••• QUELQUES INFORMATIONS HORLOGÈRES
EN VRAC, EN BREF ET EN TOUTE CURIOSITÉ...

••• ANTIQUORUM (1) : petit frisson sous le marteau dans le prochain catalogue de Hong Kong, avec une TME 01 de Marc Alfieri (Lot n° 300), qui était une des montres les plus emblématiques de la (défunte ?) « nouvelle génération » des années 2000. Cette Time Measure Experience en titane et or rose est sortie en 2008, avec un calibre tourbillon-GMT soigneusement redessiné (révélation Business Montres du 9 février 2007). Et la marque, et le motoriste ont disparu : l’estimation a été posée à 32 000-45 000 dollars, au cinquième ou au sixième du prix boutique, sachant qu’il n’y a guère eu que six ou sept pièces livrées, principales en Asie et en Russie - sachant aussi que la réparation de ces pièces est assurée par la Manufacture Hautes Complications de Pierre Favre, à Genève. Ce sera un excellent test de la résistance sous le marteau de concepts générationnels qu’on disait un peu vite voués aux poubelles de l’histoire horlogère...

••• ANTIQUORUM (2) : peu de lots émergent de ce catalogue Antiquorum Hong Kong du 23 octobre, avec beaucoup de déstockages - jouer la « voiture-balai » des vitrines devient la fonction principale de cette maison d’enchères ! -, de reconstitutions (montres remontées à part de lots rachetés à la casse) et de « chevaux de retour » vus et revus sous le marteau. On cherche les vraies montres de collection dans ce fatras d’éternels retours sous le marteau, mais elles se font rares, hormis quelques sympathiques montres de poches, plus ou moins chinoises, plus ou moins émaillées et plus ou moins décorées. Parmi les numéros les plus intéressants, à différents titres, de ces 384 lots, une « Heure mondiale » Hermès (Lot n° 31), quelques jolies Vacheron Constantin, une rare sonnerie des quarts d’Hubert Sarton datée de 1790 (Lot n° 309, dont la notice « oublie » de préciser qu’il est l’inventeur du mouvement automatique) et les habituelles Patek Philippe (dont une Rothschild) – montres qu’il faudrait inventer si elles n’existaient pas, tellement les catalogues d’enchères horlogères seraient désolés. Émouvant : le double automate d’Henry Capt (Lot n° 159), au travail très minutieux d’émaillage genevois. Une rareté : « La colère d’Achille », un coffret « chinois » avec une montre émaillée et des éventails (Lot n° 379, estimé 140 000-190 000 dollars), un travail réalisé pour la famille impériale chinoise, attribué à James Cox (Londres) et entré dans la collection Sandberg en 1984. Voir également le lot 378, pillé lors du Sac du Palais d’Eté...

••• FERRARI : effervescence à Maranello autour d’un nouveau partenaire horloger pour la Scuderia, qui ne rompt apparemment pas ses liens avec Cabestan - quelques commandes sont en cours -, mais qui recherche l’appui international d’une grande marque. Pour l’instant, que des rumeurs, pas d’infos, mais ce serait « un gros coup » – on sait néanmoins que les Italiens ont toujours tendance à exagérer !

••• « HORLOGERIE FRANÇAISE – LES ARTISANS DU TEMPS » : avec une préface de François-Paul Journe, un superbe album illustré par Bruno Cabanis, photographe passionné par les métiers d’art, qui a promené ses objectifs dans tous les ateliers des artisans du temps. Un régal pour le amateurs (éditions Eyrolles, compte-rendu détaillé à venir dans Business Montres)...

••• JAQUET DROZ : très mignonnes, les nouveaux Petite Heure Minute en 35 mm ! Et très élégantes avec leurs cadrans en aventurine ou en émail ivoire (boîtier or rouge). Exactement ce qu’il convient de mettre en vitrine pour partir à la conquête des marchés chinois...

••• LVMH : toujours pas de détails précis sur l’impact des ventes de Bvlgari dans les comptes 2011 du groupe LVMH (janvier-septembre). L’horlogerie surperforme à 26 % de progression « organique », mais elle ne pèse que 5 % de ventes du groupe, cette performance passant à 76 % pour la branche horlogère avec l’intégration de Bvlgari en mars. Comme le groupe réalise désormais 40 % de ses ventes en Asie, on comprend la méfiance actuelle des analystes pour cette dépendance qui entretient le sentiment d’incertitude des acteurs de la branche...

••• MOTOR RACING (F 1) : à quoi reconnaît-on que l’Inde va devenir un grand marché horloger ? A l‘empressement pour y marquer leur territoire sur le nouveau circuit de F1 du Grand Prix local. En tête sur la grille de départ : TAG Heuer (partenaire du circuit, avec une Formula ne India), Richard Mille (nouvelle édition de la RM 011 Felipe Massa First Indian Race) et Hublot (King Power F1 India). Au fait, Karun Chandhok, le pilote et futur espoir local, est passé sous contrat horloger avec TAG Heuer...

••• RESTAURATION D’HORLOGE MONUMENTALE : un vrai bijou, cette chronique d’Horlogerie suisse dans laquelle un élève de l’école horlogère de Morteau (France) nous raconte comment il a entrepris de restaurer l’horloge d’une église du Doubs. Il a refait les pièces qui devaient l’être et remis à neuf celles qui le méritaient. Un travail formidable, piloté par le dévouement à l’art horloger grand format : ça, c’est la culture horlogère !

••• SOTHEBY’S : beaucoup de nouvelles contradictoires autour de la Rolex en or de l’ancien président indien Rajendra Prasad, montre émaillée qui aurait pu être volée dans le musée de ses souvenirs personnels, à Patna (Business Montres du 18 octobre). Côté Sotheby’s, les procédures internes ont fonctionné : on a pu vérifier que cette montre n’était inscrite sur aucun fichier international de biens volés. L’ambassade indienne de Berne dément avoir été saisie d’une demande officielle concernant cette montre, mais on y suit l’affaire de près – ne serait-ce que par ses implications politiques en Inde. Là-bas, à peu près tout le monde – famille comprise – s’accorde à penser que la montre a effectivement été volée, mais on ne sait plus quand, ni même si elle a été déclarée volée. Ce qui alimente la polémique « politicienne » sur la gabegie des administrations locales et le déplorable état de conservation du patrimoine indien (source : The Times of India)...
• Comble de malheur pour Sotheby’s : les collectionneurs européens commencent aussi à s’interroger sur le cadran émaillé de cette montre, qui ne sortirait pas des ateliers Stern, fournisseur habituel de la marque pour ses cadrans émaillés, mais peut-être d’un autre atelier genevois ou, pire, d’un atelier indien. D'où les soupçons de forgerie ! Faute de précisions techniques fiables et crédibles apportées par Sotheby’s, les rumeurs vont bon train : on attend un avis d’expert...

 



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