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Une Bérézina du côté des observatoires, mais des indépendants en pleine forme pour les salons de janvier, sans oublier un nouveau film sexy pour parler des femmes qui aiment les montres...
POUR CETTE FIN DE SEMAINE, AVEC L’ACTUALITÉ DE L'HORLOGERIE EN LIGNE DE MIRE, LE SNIPER A...
1)
••• ADORÉ LE NOUVEAU FILM PUBLICITAIRE
SEXY, GLAMOUR ET TROUBLANT DES MONTRES BREIL (ITALIE)...
Breil (groupe Binda, Italie) réussit chaque année à se renouveler : la cuvée 2011-2012 de son toujours très attendu clip vidéo reste fidèle à la tradition. Sex appeal à l’italienne, french kiss à bouche-que-veux-tu, séduction passionnée pour privilégiés rich and famous, parfaite efficacité du message : on ne regardera plus les montres Breil du même œil. La signature reste « Tout sauf ma Breil » : on en redemande (décodage Business Montres du 20 octobre, et vidéo à découvrir sur la chaîne images de votre Quotidien des Montres)...
2)
••• DÉCOMPTÉ LES PETITS NOUVEAUX
DU SALON HORLOGER INDÉPENDANT GTE (PARALLÈLE AU SIHH)...
Une petite quarantaine de marques sont déjà annoncées au salon indépendant GTE (Geneva Time Exhibition), avec beaucoup de nouveaux créateurs indépendants comme 219.CH (la montre « maya » du 21 décembre 2012), Antoine Martin, Dietrich, Evilard, Gangi, Jordi Swiss Icon, Les Millionnaires ou Zanetti Watches ces marques seront rgroupées dans l’espace Time Square). Parmi les « anciens » qui débarquent pour la première fois au GTE : Alpina, DeLaCour, Frédérique Constant, Milus ou RSW investiront la salle The Avenue de l’Espace Hippomène. On aura le plaisir de retrouver des habitués du GTE comme 4N, Alain Silberstein, Arcadia, Artya, Badollet - marque dont on attend beaucoup cette année -, Cabestan, Cyrus, Frédéric Jouvenot, Heritage Watch Manufactory, Magellan, Ressence, Valbray ou Zandidoust. Bonne idée pour GTE : l’ouverture dès le dimanche, pour faire le plein des professionnels qui attendent l’ouverture du SIHH, le lendemain, mais aussi pour accueillir des amateurs et des passionnés venus de tous les horizons. Cette journée du dimanche sera d’autant plus stratégique que, pour d'impératives raisons de Nouvel An chinois et d’Année du dragon, les visiteurs asiatiques écourteront cette année leur séjour à Genève pendant le SIHH...
3)
••• DOUTÉ QUE LE PUBLIC
COMPRENNE QUOI QUE CE SOIT AUX RÉSULTATS DU CONCOURS DE CHRONOMÉTRIE...
Tissot et Greubel Forsey vainqueurs de la deuxième édition du Concours internationale de chronométrie, le premier dans la catégorie « classique », le second en « tourbillon » ! Génial pour les deux vainqueurs, qu’il faut féliciter comme ils le méritent : ce n’était pas évident de gagner avec un ETA 2824-2 considéré comme « basique » (pour Tissot), ni avec un double tourbillon ultra-complexe et hyper-technique (source : Concours de chronométrie). Les autres marques sur le podium : FP Journe n° 2 derrière Tissot en « classique » (pas de n° 3) ; Chopard LUC en n° 2 et Technotime TT 91.50 en n° 3 pour les « tourbillon ». Aucune des montres présentées dans la catégorie « école » n’a été classée...
••• Mais qu’est-ce que l’amateur de base, ou même l’aficionado un tant soit peu initié, qui sont la vraie cible finale de ce genre de concours, vont bien pouvoir comprendre à de tels résultats ?
•• Le chronomètre « souverain » de FP Journe 40 % moins chronométrique que le 2824 de Tissot ? C’est légèrement absurde - surtout que François-Paul Journe avait affirmé que, pour cette édition 2011 du concours, il mettrait toute sa science du réglage dans la balance - et c'est totalement risible. Mais c’est surtout humiliant pour les trois autres participants classés « hors normes » et pour les deux derniers, dont les montres se sont « arrêtées » (Chopard, MHVJ, Mido, Technotime, Voutilainen).
•• Même mascarade avec les « tourbillon » : un des autres participants non classé (« hors normes ») et trois montres victimes d’« arrêts » (FP Journe, Frédérique Constant, L. Leroy, MHVJ). Suisse, ta haute horlogerie fout le camp !
•• Faut-il penser que les élèves des écoles d’horlogerie qui avaient tenté le concours (ETVJ, CIFOM, NAWCC) ont été trop nuls pour bien régler leur Unitas et être ainsi classés « hors normes ISO 3159 » ? Ce qui serait vraiment inquiétant pour la relève des générations actuelles...
••• Le signal envoyé aux marchés par ces résultats – qui sont tout sauf « lisibles » – est évidemment désastreux : le détail des performances chronométriques constatées est impitoyable pour une profession qui se flatte de son excellence et qui voit éliminées sèchement 65 % des montres préparées par les marques elles-mêmes ! Au-delà de tous les égos froissés, derrière le lâche soulagement des marques qui n’ont pas osé concourir, il y a, pour le moins, soit un problème grave de règlement intérieur, soit un souci avec les procédures opératoires, soit un doute collectif sur l’efficacité chronométrique réelle des mouvements mécaniques suisses.
•• Le postulat de base était simple pour justifier l’existence de ce concours : « La précision horlogère est une évidence et une condition-cadre pour la vente de montres. Cette précision a pourtant besoin de légitimité et de crédibilité ». Résultat : la profession perd la face, en même temps que sa légitimité et que sa crédibilité. C'est ce qu’on appelle se tirer une balle dans le pied...
•• On appréciera à sa juste valeur et avec l’ironie qui convient la rodomontade finale du conseiller d’Etat local : « Avec ce concours de chronométrie, nous avons l'illustration d'un mariage inédit entre le savoir‐faire du passé et la technologie du futur afin d'obtenir des résultats de prestige - « résultats de prestige » ? On fume quoi dans le canton de Neuchâtel ? ndlr. La recherche perpétuelle de nouveaux matériaux à utiliser grâce à la science, et l'héritage horloger transmis au long des siècles par les “Dignitaires de l'horlogerie“, sont le fruit des créations que nous célébrons aujourd'hui »...
•• Heureusement, la communication de cette opération a été si modeste et si discrète tout au long du parcours que quasiment personne ne saura rien (ou si peu) de ces résultats intempestifs. Rendez-vous donc pour l’édition 2013 si, d’ici là, le combat n’a pas cessé faute de combattants...
4)
••• APPLAUDI LA NOUVELLE WW.TC
« CABINET DE CURIOSITÉS » DE GIRARD-PERREGAUX...
Et regretté au passage qu’il n’y ait que cinq pièces de cette série limitée, qui sera dévoilée et exposée à Londres en novembre prochain. Cette ww.tc Cabinet de Curiosités 2011 propose un boîtier en céramique blanche, avec des couronnes et des poussoirs gainés caoutchouc, le verre saphir fumé créant un halo de mystère supplémentaire autour de cette symphonie en noir et blanc (image ci-dessus). La bague des villes met Londres en valeur, sachant que le mouvement GP03387 (« manufacture ») propose un chronographe « retour en vol » dans la cage de protection en titane du calibre. Le concept de Cabinet de curiosités (une idée ancienne remise au goût du jour) permet de regrouper des pièces exceptionnelles, choisies ici par Thomas Erber : l’édition précédente avait été présentée chez Colette, fin 2010 : là, ce sera à Londres, chez Browns, du 21 novembre au 23 décembre. Pourquoi cette montre est-elle réussie ? Parce qu'elle prouve qu'on peut toujours innover sur la base d'une icône absolue (la série des ww.tc), sans faire perdre à cette icône son identité et sa singularité...
5)
••• ÉCOUTÉ (SANS FORCÉMENT Y CROIRE)
LES DERNIÈRES RUMEURS HORLOGÈRES DE LA SEMAINE
••• ACHATS ET RACHATS : il y en a qui voient des Chinois partout - surtout là où ils ne sont pas -, mais ces Chinois ont-ils encore envie d’investir dans les marques qu’ils convoitaient avant les vacances. Chez eux aussi, ça branle dans les bambous et, par les temps qui courent, il vaut mieux rester « liquide » que « planté » quelque part entre Genève et Bienne, sans solution de repli et sans copains à qui tendre la main. Ce qui n’empêche évidemment pas les Malaisiens d’avancer leurs pions - le dossier Tiffany & Co est toujours d’actualité. Les Singapouriens, eux, regardent loin, très loin, hors de leurs frontières et de l’aire culturelle chinoise : comme ils sont très business-business, ils préfèrent des machines à cash comme les réseaux de distribution que les marques, mais l’appétit vient en mangeant...
••• MANŒUVRES ET MANIGANCES : toujours deux grandes maisons genevoises en négociation, plus une troisième confrontée à un dilemme : une partie minoritaire des actionnaires veut « sortir », mais l’autre moitié (majoritaire) n’a pas les moyens de racheter leurs parts dans le cadre du pacte d’actionnaires qui les lie. Du coup, les investisseurs ont repris leur vol plané dans le ciel, en attendant de pouvoir fondre sur leur proie. Il semblerait cependant qu’un des petits actionnaires minoritaires ait réussi à tirer son épingle du jeu : les montants étaient plus modestes ! Du coup, en interne, on expédie les affaires courantes sans la moindre visibilité managériale... Au chapitre des rumeurs, elles ne cessent d'enfler sur les investisseurs invisibles qui financeraient en sous-main Sellita, mais on voit tout de suite à qui le crime profite - à quand un article de Bastien Buss dans Le Temps sur ce sujet ? -, ce qui n'empêche pas de rester attentif...
••• VIES ET SURVIES : silence, on agonise ! Morituri te salutant ! On ne va pas tirer sur les ambulances, mais le pronostic vital est engagé pour plusieurs marques indépendantes, trop petites pour faire face, mais trop grosses pour se mettre en hibernation comme bon nombre de créateurs indépendants. Au moins trois clés sous la porte avant la fin de l’année pour ce qui concerne la « nouvelle génération » : des talents à capter pour les plus grandes marques ?
••• PRIX TOUT COMPRIS : avec novembre s’annonce la terrible « saison des prix », pour la littérature comme pour les montres. Qui n’a pas sa « montre de l’année » ? La dernière proposition nous arrive de Pologne, où le concours est organisé par le magazine Chronos24, qui a tout simplement repompé le concept du GPHG, mais en s’octroyant cinq jurés sur onze, ce qui évitera tout malentendu lors du dépouillement. Qui n’a pas son Grand Prix ? Il paraît même qu’on va en distribuer à Genève. A qui ? Mais aux mêmes que d’habitude : là, ce n’est plus une rumeur, c’est une blague, bien sûr !
6)
••• RELEVÉ QUELQUES INFORMATIONS HORLOGÈRES
EN VRAC, EN BREF ET EN TOUTE CURIOSITÉ ÉDITORIALE...
••• ARMIN STROM : la manufacture de Bienne ajoute une nouvelle dimension à ses collaborations, en devenant le partenaire de la compagnie d’aviation Virgin Atlantic (Armin Strom est déjà partenaire de Virgin dans la Formule 1)...
••• CHRISTIE’S : avec une voix moins « américaine » que pour vanter la Rolex de James Bond (Business Montres du 20 octobre, info n° 5), Aurel Bacs nous vante cette fois les atouts de la Rolex émaillée « Neptune » (Lot n° 179 de sa vente du 14 novembre). Une montre exceptionnelle, sur laquelle Business Montres reviendra prochainement, mais le message audio d’Aurel Bacs est une excellente introduction à la connaissance d’une Rolex « à six chiffres », qui devrait pouvoir gentiment dépasser les 200 000 dollars de son estimation haute...
••• DEWITT : diamants pour les dames, champagne pour les messieurs ! Joli programme de fêtes à la manufacture DeWitt, avec la relance du Chronostream Academia vu à Bâle (chronographe deux compteurs plutôt spectaculaire en or rose) et, côté dames, le lancement de la collection Golden Afternoon, également vue à Bâle (nacre et effets de lumière sur un sertissage sculptural)...
••• FOOTBALLEUR : encore une histoire de footballeur, de montres et de putes « occasionnelles ». Yann M’vila (milieu de terrain du Stade rennais et membre de l’équipe de France) s’est fait délester de deux montres (dont l’une à 13 000 euros, mais on ne connaît pas la marque), de ses téléphones et de quelques billets par ces demoiselles, après une nuit agitée. Un bon point pour le footballeur : il a déclaré au tribunal vouloir surtout récupérer sa montre...
••• KADHAFI : l’horlogerie suisse a perdu un excellent client – en particulier Chopard (Business Montres du 27 août 2009), mais la liste serait trop longue des marques qui faisaient antichambre à Tripoli, dans le palais du Guide de la Révolution de la Grande Jamahiriya lybienne populaire et socialiste...
••• REVELATION : la jeune marque Revelation (Anouk Danthe et Olivier Leu) entame une nouveau strip-tease médiatique, bien en phase avec le concept de sa « montre-capot » qui dévoile et qui cache son mouvement (avant-première Business Montres du 13 octobre 2009 et articles suivants sur l’évolution du concept). Premier épisode du making of dans Tendance Horlogerie et le reste à suivre, en une vingtaine de séquences.
••• « SUISSE, PARADIS DES MONTRES » : une vision pas très courante de l’horlogerie, avec une préférence suisse alémanique et des intervenants recrutés de l’autre côté du Röstigraben, le « rideau de fer » culinaro-linguistique » qui séparerait les deux Suisses. C’est en allemand, évidemment, mais on peut toujours regarder les images diffusées par la chaîne suisse SF (Schweizer Fernsehen)...
••• STATISTIQUES HORLOGÈRES : un fantastique + 21 % en septembre ! On se demande pourquoi toute la profession a la peur au ventre pour la fin de l’année : même la FH évoque un « climat d’incertitudes ». + 27,3 % pour les montres en or (valeur), + 29,3 % pour les montres en plastique : formidable, non ? Et dire qu’on commence à annuler des commandes dans les watch valleys... C'est bizarre... La récession menace tout le monde, les exportations horlogères suisses plongent, mais pas l’horlogerie ? Une situation qui rappelle de plus en plus la fin 2008, quand les statistiques planaient alors que Lehman Brothers se plantait : on s’auto-persuadait vigoureusement que l’horlogerie était un branche du luxe « crisis proof » – parole de CEO ! Les sceptiques devraient relire les déclarations de l’époque... Les statistiques brutes des douanes suisses, c’est comme les promesses faite par les hommes politiques : elles n’engagent que ceux qui y croient...
••• « SWATCHGATE » : à la demande de plusieurs lecteurs et pour étayer une information récente de Business Montres (20 octobre, info n° 4), à propos du « Swatchgate » (scandale de corruption supposé en Inde), un lien utile sur toutes les polémiques, les abus, les gaspillages et les affaires judiciaires qui ont éclaboussé les jeux du Commonwealth 2010. Voyez la liste des « Soucis et controverses à propos de ces jeux ». La nomenclature est impressionnante et elle touche tous les domaines où est intervenue la direction des jeux. Au nom de la « présomption d’innocence », il nous faut cependant admettre et jurer mordicus que le chronométrage officiel assuré par Swiss Timing (Swatch Group) a été la seule activité totalement propre et nette de tout soupçon pendant ces jeux indiens...
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