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L’inventeur de l’échappement co-axial vient de nous quitter à l’âge de 85 ans.
Cet autodidacte était une légende vivante de l’horlogerie traditionnelle, qui perd avec lui un de ses derniers représentants authentiques.
DE toute sa vie, ce maître-horloger n’aura jamais fait de ses mains qu’une quarantaine de montres...
••• GEORGE DANIELS N'AVAIT QU'UN HANDICAP :
IL N'ÉTAIT PAS SUISSE, CE QUI A FAIT DE LUI
UN EXILÉ DE L'ACTUALITÉ DES MONTRES...
Il était anglais, il avait appris l’horlogerie sur l’établi et il était tout simplement génial : George Daniels était peut-être la réincarnation d’Abraham Louis Breguet, dont il comprenait intuitivement la démarche et la pensée. Le livre L’Art de Breguet qu’il lui avait consacré reste insurpassé. Parce que George Daniels était aussi un grand écrivain de l’horlogerie : son traité, La montre : Principes et méthodes de fabrication, est désormais un pilier classique de toute bibliothèque d’amateur qui se respecte...
••• GEORGE DANIELS SAVAIT TOUT FAIRE dans une montre, boitier et cadran compris, avec toutes les complications imaginables, mais il n’aura guère réalisé qu’une toute petite quarantaine – certains disent trente-cinq – de montres de poche (il n’aimait pas vraiment les montres-bracelets, même si on lui en doit quelques-unes signées de son nom). Omega lui avait racheté l’échappement co-axial qu’il avait inventé, comme tout bon maître-horloger anglais qui se respecte. On peut retrouver ses travaux et des détails biographiques supplémentaires sur son site personnel, Daniels London...
••• SON PLUS GRAND DÉFAUT ? Il n’était pas... suisse, ce qui l’a sans doute un peu privé du lustre qu’une proximité géographique avec le cœur battant de l’horlogerie mondiale aurait pu lui valoir. Sa démarche est ainsi restée marginale par rapport aux tournant industriels des grandes manufactures suisses. Comme, en plus, il était d'une extraordinaire modestie et d'une extrême simplicité, son contraste avec les hâbleurs qui battent les estrades de cette profession ne pouvait que le desservir ! Comblé d’honneurs anglo-saxons à la fin de sa vie, il ne l’a guère été par l’industrie des montres suisses – à l’exception d’Omega (Baselworld 2010) et de l’Académie des créateurs horlogers indépendants (ACHI), toujours en 2010 à Baselworld. Il devait présenter dans quelques jours le prototype de sa montre à échappement co-axial à la Saatchi Gallery de Londres...
••• GEORGE DANIELS ÉTAIT UN GÉANT DU XXE SIÈCLE HORLOGER, un de ceux qui n'avaient jamais douté des beaux-arts traditionnels de la montre, aux pires moments des crises qui ont failli achever l'horlogerie mécanique. Son génie n'a sans doute pas été reconnu à sa juste valeur, hormis les génuflexions superficielles de circonstance. C'est le moment de rattraper le coup. Comme disent les Anglais, Pump & Circonstancies pour ce Commandeur de l'Empire britannique : il les mérite... |