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ACTUALITÉS : Harry Winston sauve de justesse son Opus Eleven, mais consolide son atelier de haute...
 
Le 28-10-2011
de Business Montres & Joaillerie

Pour Harry Winston, il fallait à tout prix sauver le soldat Opus Eleven, menacé dans son existence par les différentes mésaventures de la marque MCT, qui en portait la paternité et la responsabilité d'exécution...

C'est gagné, mais de très peu : même le succès peut tuer !


1)
••• FRÉDÉRIC DE NARP A EU CHAUD
POUR LA SURVIE DE SA PREMIÈRE OPUS...

L’Opus Eleven, modèle 2011 qui était une des montre les plus étonnantes de Baselworld (Business Montres du 6 avril), a failli être emportée dans les remous de la restructuration de MCT, qui en assurait la mise au point et la réalisation déléguée pour le compte d’Harry Winston. En se séparant de Denis Giguet – le créateur de l’Opus Eleven – et de ses horlogers genevois (révélation Business Montres du 22 août, info n° 6), David Richards mettait en danger tout le projet Opus, la survie de MCT étant elle-même menacée. Côté Harry Winston, il fallait à tout prix « sauver le soldat Opus Eleven », porteurs des espoirs de renouveau de son président (image ci-dessus : une montre folle avec ses oreilles de Mickey, avec son ultra-complication pour afficher les heures). Côté MCT, il fallait trouver une solution pour éviter le naufrage économique...

••• C’EST CHOSE FAITE : Harry Winston reprend en direct le projet Opus, les études qui étaient à terminer, ses dernières mises au point et la fabrication des composants qui manquent encore, ainsi que tous les droits de propriété. Harry Winston se substitue à MCT dans les relations avec les fournisseurs, qui sont ainsi rassurés pour l’avenir. L’Opus Eleven sera donc la première Opus pilotée par la manufacture de Plan-les-Ouates (du moins pour sa phase ultime), qui va ainsi expérimenter les délices et les supplices d’un atelier de haute horlogerie intégré. Plusieurs horlogers seront embauchés, mais on ignore encore si on reverra Denis Giguet – ancien de la maison – comme consultant dans la dernière ligne droite [on sait qu’il a, en ce moment, d’autres projets personnels en tête, ne serait-ce que celui de digérer sa mésaventure entrepreneuriale]. Toute cette opération va retarder de quelques semaines, sinon de quelques mois, la livraison de ces premières Opus Eleven, déjà largement pré-commandée par les collectionneurs...

••• FRÉDÉRIC DE NARP, le nouveau président d’Harry Winston, a donc sauvé « son » Opus Eleven, la première de sa présidence, donc la plus symbolique. Mais il a surtout conforté son ambiton stratégique : mettre en place une vraie manufacture de mouvements pour ses montres. L’atelier monté pour l’Opus Eleven sera un vrai « galop d’essai » et une expérience in vitro pour la maîtrise de cette dimension manufacturière qui manque encore à la marque...


2)
••• MCT (DAVID RICHARDS)
A SENTI PASSER LE VENT DU BOULET...

Désengagé d’un processus coûteux qui mettait en péril la survie même de son entreprise (du moins dans sa nouvelle géométrie réduite au minimum vital), il a désormais la tête hors de l’eau, et il peut même garder la tête haute vis-à-vis de ses fournisseurs, héroïques dans leur patience. Avec sa petit équipe d’horlogers, conduite par Stéphane Widmer, il continue sur la lancée de la Sequential One, avec des objectifs limités à 30-50 pièces par an – le marché pourra-t-il les absorber, alors que la « niche » semble un peu saturée ? – et à la préparation d’une Sequential Two qui n’existe encore qu’à l’état de projet virtuel. Une partie de ce potentiel horloger sera d’ailleurs consacré au service après-vente, toujours important pour une petite marque dont le « mouvement manufacture » affiche encore quelques péchés de jeunesse. N’empêche : il était moins une et, sans la générosité d’Harry Winston dans la négociation, le pire était prévisible...

••• CETTE AFFAIRE D’OPUS ELEVEN CONFIÉE À MCT illustre parfaitement un des paradoxes de l’économie horlogère : on peut mourir en triomphant et s’effondrer sous les lauriers de la gloire. Pour une petit marque comme MCT (Manufacture Contemporaine du Temps), la réalisation de l’Opus Eleven était une consécration internationale en même temps qu’une chausse-trape inattendue : pas assez de trésorerie pour assurer les développements nécessaires et courir les 100 derniers mètres de la course. De son coté, Denis Giguet aura connu, dans la même année 2011, les parfums de l’encens de toute une communauté et les affres d’une éjection – jamais clairement justifiée – de la marque dont il était l’âme, le fondateur et le co-actionnaire (minoritaire). Les Romains affirmaient que la Roche Tarpéienne est toujours proche du Capitole : l’horlogerie reste plus que jamais une tragédie classique, dans laquelle même le succès peut tuer...

 



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