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ENCHÈRES AUTOMNE 2011 : Radiographie d’un catalogue de combat (13 novembre, Sotheby’s # 2)
 
Le 28-10-2011
de Business Montres & Joaillerie

En attendant le premier « choc des géants », quand Sotheby's et Christie’s vont se retrouver dans l’arène pour les ventes horlogères de novembre, la suite et la fin de la radioscopie critique du catalogue Sotheby’s proposé par Geoffroy Ader (première partie : Business Montres du 27 octobre)...

3)
••• LES MONTRES DE POCHE NE SUFFISENT PLUS
AUX NOUVELLES AMBITIONS DE L’ÉQUIPE HORLOGÈRE SOTHEBY’S...

On a longtemps considéré que les montres de poche et les montre émaillées étaient devenues la « chasse gardée » de Geoffroy Ader. C’était une illusion d’optique : Christie’s en a toujours vendu autant que Sotheby’s, mais elles étaient plus diluées dans les catalogues d’Aurel Bacs, donc proportionnellement et visuellement plus impactantes dans les catalogues Sotheby’s – qui a cependant été la première maison à insister sur ces pièces, toujours appréciées des collectionneurs asiatiques. Une analyse un peu plus détaillée montre également que les prix moyens atteints chez Sotheby’s et chez Christie’s sont sensiblement équivalents : les deux camps le savent et ont donc compris que ce terrain de manœuvres ne pouvait être que tactique, et certainement pas stratégique. Avec, cependant, un avantage induit pour Sotheby’s, qui dispose désormais des conseils d’expert d’un Jean-Claude Sabrier, un des meilleurs connaisseurs de montres du XVIIe au XIXe siècle. Dans le catalogue du 13 novembre, quelques « perles » attirent l’attention, sans s’arrêter aux multiples montres émaillées du temps des sultans, des maharadjahs et des mandarins (Lépine, Ilbery et les autres, voire peut-être même Jaquet-Droz) :
•• Le Roy Paris : un calendrier à phases de lune, mais sans mouvement horloger en dépit de la forme de montre de poche. C’est très mignon, daté de 1790 et relativement accessible pour un objet « historique » (lot n° 155, estimé 6 700-8 900 dollars)...
•• Berthoud frères : un chronomètre de marine, daté de 1813, et apparemment rare par son numéro et par sa prestigieuse signature (lot n° 158, estimé 22 000-27 700 dollars)...
•• Isaac Grasset & Cie : une rareté pour les amateurs de mécanique alternatives, puisque le barillet de cette montre (brevet suisse de 1896) est remplacé par un ressort hélicoïdal (lot n° 160, estimé 6 700-8 900 dollars)...
•• Louis Audemars (attribution) : une vrai montre de sultan, avec un mouvement très soigné et une riche décoration dans le goût serti (lot n° 170, estimé 111 000-167 000 dollars)...
•• Dubois & Cie : les montes émaillées à l’effigie de l’empereur Napoléon Ier ne sont pas nombreuses, surtout avec un mouvement extra-plat daté de 1830, mais la pièce reste accessible (lot n° 182, estimé 6 700-8 900 dollars)...
•• Sandoz Frères : une superbe montre de poche émaillée, dont les automates reproduisent une rare scène de corrida, le tout daté de 1890 et probablement exécuté en commande spéciale (lot n° 206, estimé 33 300-55 500 dollars)...



4)
••• LES PATEK PHILIPPE DE LA TENTATION
POUR LES COLLECTIONNEURS DE PIÈCES MARQUANTES...

Il y en aura pour tous les goûts, dans le récent comme dans l’ancien, et presque à tous les prix : avec ces 46 Patek Philippe (lots 222 à 268, on va passer aux choses sérieuses. Beaucoup de pièces sont fresh to the market, ce qui nous évite l’éternel retour des « nanards » qui encombrent certains catalogues (des montres tellement repolies qu’on verrait presque à travers) et les occasions récentes de marchands qui grappillent quelques milliers de francs/dollars/euros en jouant ici et là sur les différentiels de change et sur les variations de cote selon les marchés. La bataille avec Christie’s va se jouer sur les pièces à cinq chiffres, parmi lesquelles :
•• Réf. 3448 : un calendrier perpétuel-phases de lune ultra-classique, cadran Gübelin et daté de 1977, qu’on peut considérer comme un pilier de collection (lot n° 245, estimé 12 000-144 000 dollars)...
•• Réf. 1415 en or rose : une Heures du monde sortie d’un coffre familial, assez rare dans cet état sur le marché (lot n° 258, estimé 89 000-133 000 dollars en raison de sa fraîcheur)...
•• Réf. 2523 en or rose : la pièce – rarissime sur le marché, et probablement même unique dans cette exécution de cadran (image ci-dessus : le détail du guillochage circulaire, aujourd’hui impossible à effectuer, sauf peut-être chez un seul artisan suisse) – est assez controversée chez les amateurs, qui lui reprochent des changements notables au cours de son histoire, notamment les cornes, refaites ici dans les règles de l’art. Encore une fois, c’est l’avis du gourou Eric Tortella qui tranchera : il a longuement étudié cette pièce et il l’a jugée « bonne », mais son estimation laisse planer un doute : sans polémique autour de ses cornes, elle pourrait frôler les deux millions ! Là, son prix n’est pas assez haut pour une montre irréprochable, mais il est trop haut pour une 2523 pas nette, qui vient cependant de la famille du propriétaire original (Lot n° 259, estimé 444 000-890 000 dollars)...
•• Réf. 1518 en or rose cadran rose : encore une pièce qui soulève de vives discussions chez les collectionneurs, en raison de ses changements d’aspect au fil des années (un coup avec un bracelet en or soudé, un coup avec un bracelet cuir, un retour au bracelet or – cette fois refait chez Patek Philippe) ! C’est une montre connue (Antiquorum, octobre 1983, vendue environ 700 000 dollars à l’époque. Tout le monde s’accorde à la trouver parfaite, au détail des cornes près : si les collectionneurs passent sur cette anomalie, on est parti pour un grand record, peut-être même au-delà des deux millions – même si le record de Christie’s à plus de 6 millions pour une 1518 exceptionnelle sera difficile à battre. Avec son cadran rose, cette montre est unique et son histoire unique a été bien tracée par Eric Tortella. Donc, c’est maintenant une question de confiance entre l’auctioneer et les enchérisseurs, qui peuvent – ou non – adhérer au storytelling bien documenté de Geoffroy Ader (lot n° 260, estimé 890 000-1 330 000 dollars)...
•• D’autres pièces à cinq chiffres ne doivent pas être négligées en fin de catalogue, mais il sera presque minuit et elles sont trop récentes pour déclencher des vraies passions. On peut donc estimer que la répétition minutes en platine réf. 3939 (c’est le lot n° 267) ou le tourbillon réf. 5101 (lot n° 268) se vendront à leur estimation.

••• TOUTE VENTE AUX ENCHÈRES EST UN CONTRAT DE CONFIANCE passé entre la communauté des collectionneurs et l’homme qui tient le marteau. Dans ce catalogue du 13 novembre 2011, Geoffroy Ader pose cette question de confiance à plusieurs reprises, pour plusieurs lots (les Patek Philippe ci-dessus, certaines Rolex) : il joue son sa crédibilité personnelle sur ces pièces et sur la façon dont elles seront appréciées par les amateurs et les marchands. La fiabilité de son joker (Eric Tortella) est elle aussi stratégique pour ce combat. Dans le contexte de compétition très serrée qui vient de s’ouvrir entre les deux principales maisons du marché, chaque détail compte : c’est ce qui justifie une analyse critique des catalogues en lice et de leur mise en scène...



 



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