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Du 12 au 18 octobre, le Conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann a conduit une importante délégation économique suisse lors de sa mission officielle au Brésil et au Chili.
Le Brésil a affiché un taux de croissance record du PIB en 2010 (+7,5%), le plus haut depuis 1986 et a bien surmonté la crise. Les perspectives restent positives pour 2011 et les années à venir. Cependant, il s'ensuit une surchauffe qui oblige les autorités à augmenter les taux d'intérêt. Corollaire de cette situation, le taux d'inflation reste préoccupant (+5,9%) et dépasse la limite visée par le gouvernement. La monnaie brésilienne, le REAL, s'apprécie fortement, ce qui pénalise les exportations locales face aux autres pays émergents, un air de déjà vu pour nous autres suisses! Les réformes nécessaires pour renforcer la compétitivité du pays se font attendre: fiscalité, droit du travail, administration publique, formation, santé, etc.
Le Brésil est de loin le principal partenaire économique de la Suisse en Amérique latine. En 2010, la Suisse a exporté pour 2,3 milliard de francs, principalement des produits chimiques et pharmaceutiques, ainsi que des machines, et importé pour 850 millions, principalement des produits agricoles, des matières premières, de l’aluminium, ce qui provoque un solde de la balance commerciale très positif en notre faveur.
Au niveau horloger, le Brésil n'est que le 39ème de nos principaux marchés mondiaux et le 4ème en Amérique latine, derrière le Mexique, l'Argentine et le Panama. Après une progression régulière jusqu'en 2008 - pour atteindre 62 millions de francs - les exportations horlogères suisses sont retombées à 41 millions en 2009, pour remonter à 44 millions en 2010. La reprise se poursuit et la hausse est de 50% à fin août 2011, par rapport à la même période de l'an dernier.
Le fait que ce marché demeure largement sous-exploité s'explique notamment par la difficulté d'accès liée aux taxes et à la bureaucratie. Les droits de douane ainsi que les taxes et impôts revêtent un caractère rédhibitoire. Ces prélèvements, qui relèvent d'une calculation particulièrement complexe, atteignent au total et en moyenne 46% du prix payé par le consommateur brésilien. En 2009 déjà, des discussions ont été engagées entre L'Institut brésilien des gemmes et des métaux précieux, avec le soutien de la FH, et les autorités locales pour déboucher sur des taxes raisonnables et améliorer le marché, jusqu'ici sans succès.
Cette situation favorise le marché gris et la contrebande. Elle pousse aussi les Brésiliens à acheter leurs montres hors de leur pays.
Autre sujet de préoccupation au Brésil pour la branche horlogère: la contrefaçon. De nombreuses contrefaçons sont offertes dans les grandes villes brésiliennes. La FH est active depuis plusieurs années et y organise régulièrement des saisies. Fait réjouissant, les autorités ont organisé des opérations de saisies dans plusieurs magasins de Sao Paulo au printemps 2011, portant sur des millions de copies, dont des dizaines de milliers de fausses montres suisses. C'est la première fois que de telles opérations d'envergure ont été menées. Espérons que d'autres suivront!
C'est dans ce contexte que la mission du Conseiller Schneider-Ammann a pris place afin d'aborder avec les autorités brésiliennes les différents problèmes bilatéraux qui nous préoccupent.
Lors de discussions avec le ministre du développement, de l'industrie et du commerce extérieur, Fernando Pimentel, Jean-Daniel Pasche a pu aborder les deux problèmes qui nous préoccupent. Un mémorandum a d'ailleurs été remis.
Dans sa réponse, le ministre a commencé par louer la réputation de notre branche. Il a ensuite souligné la volonté du Brésil de lutter contre la contrefaçon, car cette lutte est importante.
Au sujet des taxes, il a mentionné que les droits de douane devraient baisser à terme, sans donner de calendrier. Il a également ajouté que le Brésil n’a aucune raison de se protéger de l’horlogerie suisse car cette dernière ne concurrence pas vraiment les activités locales dans ce domaine.
Même si le Brésil se développe sur une base régulière, l'accès pour nos produits va rester difficile tant que cette problématique des taxes n'aura pas été réglée.
Le voyage de la délégation s'est ensuite poursuivi au Chili. Après une récession en 2009, ce pays affiche de nouveau une belle croissance du PIB en 2010 (+5,9%) et les perspectives restent positives pour 2011 et 2012. L'inflation reste mesurée puisqu'elle devrait se limiter à 3%.
La balance commerciale Suisse-Chili est favorable à notre pays avec des exportations pour un montant de 206 millions de francs en 2010, principalement des produits chimiques et pharmaceutiques ainsi que des machines, et des importations pour 56 millions portant essentiellement sur des produits agricoles et du papier.
Au niveau horloger, le Chili reste un petit marché avec des exportations pour 12 millions en 2008. Ce chiffre a baissé en 2009 pour remonter à 14 millions en 2010.
Malgré l'existence d'un accord de libre-échange, les exportations n'augmentent guère. Si les montres n'ont pas à acquitter de droits de douanes, il faut relever que les garde-temps en métaux précieux sont soumis à une taxe additionnelle de luxe de 15%, en plus de la TVA générale de 19%.
Ce point a fait l'objet d'une intervention du soussigné auprès du ministre de l'économie, Pablo Longueira. En effet, cette taxe affecte le marché horloger chilien et notamment sa compétitivité. Elle devrait être supprimée, d'autant plus qu'elle a déjà été annulée pour d'autres produits.
Dans sa réponse, le ministre a relevé que cette question méritait d’être étudiée par les autorités dans le cadre des mesures en discussion en vue de rendre le Chili plus compétitif. Il a conclu en relevant que cette taxe était absurde! La question a également été soulevée à l’égard du ministre des affaires étrangères, Alfredo Moreno, qui en a pris note en admettant que la taxe sur les montres est plus élevée qu’à l’égard d’autres produits. La FH va donc suivre l’affaire avec le concours de l’ambassade suisse à Santiago.
Fort de ses 17 millions d'habitants, le Chili profite d'une belle stabilité politique et d'une croissance appréciable. Si l'accès au marché pour nos montres s'améliore comme nous l’espérons, nous devrions assister à une hausse de nos exportations à destination de ce pays. |