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C’est la pré-Oyster par excellence : au format poche, avec un numéro de série tout juste antérieur à celui des premières Oyster de poignet.
C’est surtout la pré-Radiomir, l’ancêtre direct des Rolex utilisées par Panerai.
Une curiosité sous le marteau et une pièce historique encore accessible (Auktionen Dr Crott, 12 novembre)...
••• LES 650 LOTS DU CATALOGUE AUKTIONEN Dr CROTT
VIENNENT S’AJOUTER AUX 1 300 LOTS
DES ENCHÈRES GENEVOISES...
Même si la dispersion de ce catalogue de 650 lots se fera à Francfort (Allemagne), ce sera le 12 novembre, en coup d’envoi au week-end de folie sur les enchères de montres de collection (à peu près 1 300 montres à Genève, chez Christie’s, Sotheby’s et Antiquorum). Pour Auktionen Dr Crott, Stefan Muser a préparé lui aussi un catalogue d’anthologie, le 84e de sa maison, peut-être un des meilleurs de ces dernières années – moins par le nombre de ses pièces « exceptionnelles » ou « millionnaires » - il y en a quand même- que par la quantité de très beaux objets du temps, dans toutes les catégories et toutes les époques. Business Montres reviendra dans quelques jours sur ce catalogue d’un outisder qui ne déparerait pas le haut niveau du concert genevois...
••• UNE SIMPLE MONTRE (PAS TOUT-À-FAIT AU HASARD) pour illustrer la volonté de la maison allemande de ne pas se laisser distancer, en misant des pièces alternatives capables de piquer la curiosité des amateurs qui veulent bien regarder au-delà des classiques Patek Philippe. Il s’agit du lot n° 72 de ce catalogue : une Rolex Oyster de poche, n° 2000275, cal. 663, datée de 1926. Boîtier « coussin » en or, petite seconde à 6 h et mouvement mécanique plutôt soigné (qualité « Extra Prima ») : estimation 9 500-14 900 dollars (7 000-11 000 euros), ce qui n’est pas rien pour une Rolex de poche, mais la montre mérite le détour et justifierait même une bien meilleure adjudication (image ci-dessus). Le numéro de série est antérieur à celui des premières Oyster de poignet, mais elle porte tout de même le nom d’Oyster – associé à celui de Rolex – sur le cadran.
••• À L’ÉPOQUE, CETTE SÉRIE A ÉTÉ UN « BIDE » COMMERCIAL monumental, mais c’est toujours comme ça que commencent les légendes des Rolex qui renaîtront comme stars des enchères ! Les amateurs voulaient déjà des Oyster en montre-bracelet, pas en montre de poche, et cette série sera vite abandonnée. Très peu ont survécu, mais on doit les considérer comme la matrice des futures montres fournies par Rolex à l’Officine Panerai au milieu des années 1930. Rien ne se perd, tout se transforme, surtout chez les horlogers suisses ! Notez bien les dimensions de ce boîtier « coussin » : 46 mm x 46 mm. Un directeur de production de la manufacture à la couronne aura l’idée de le recycler en le tournant à 90° pour mettre la couronne à 3 h : à très peu près (avec une paire de cornes), c’est le boîtier de la future et mythique réf. 2533 proposée à Panerai – dont il ne reste guère que deux ou trois pièces authentifiées. Même le mouvement mécanique de ce lot n° 72 est très proche – sinon identique – à celui qui sera fourni à Panerai. On peut d’ailleurs vérifier ce cousinage sur le lot suivant du catalogue Auktionen Dr Crott, le n° 73 : une Radiomir-Rolex réf. 3646 de 1944, estimée 60 000-73 000 dollars (ce qui est peu pour une « Kampfschwimmer », même avec un cadran très patiné).
••• TOUT BON AMATEUR DE ROLEX « VINTAGE » ne peut donc éprouver qu’une grande tendresse pour cette Oyster de poche, que James Dowling qualifie très intelligemment de « chaînon manquant » entre les Oyster et les Radiomir. En cartouche, en haut : le prototype encore marqué Rolex de la réf. 2533 (dessin publié par John Goldberger dans 100 Superlative Rolex Watches, la « bible » des collectionneurs). On découvre dans ce livre qu’il y a un second « chaînon manquant » avant d’arriver aux Radiomir : la réf. 2081, avec un boîtier « coussin » en acier réduit à 30 mm pour être porté au poignet et un marquage Oyster (fabrication entre 1928 et 1930). Une lignée annexe, tout aussi rare, mais le lot n° 72 a l'avantage de rester accessible – le prix d'une Oyster neuve ! – alors qu'il est rare et porteur de gènes prestigieux... |