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VERTICALISATION : LVMH s’offre ArteCad, une des dernières manufactures indépendantes de cadrans
 
Le 11-11-2011
de Business Montres & Joaillerie

Cédée à ses cadres dirigeants par TAG Heuer en 2004, la manufacture de cadrans ArteCad revient dans le giron de LVMH Swiss Manufactures, le nouveau « bras armé » industriel du pôle horloger de LVMH, dont c’est ici le plus important investissement dans la verticalisation.

Des garanties d’approvisionnement ont été apportées aux marques clientes extérieures à LVMH...


1)
••• EN RACHETANT LE CADRANIER ARTECAD (TRAMELAN),
LVMH SWISS MANUFACTURES SÉCURISE LES APPROVISIONNEMENTS DE TOUT LE GROUPE...

Pas simple, l’histoire d’ArteCad ! L’ex-entreprise du cadranier François Kohli avait été rachetée par TAG Heuer en 2000, à la suite de difficultés financières : il s’agissait à l’époque de garantir des volumes de cadrans à la marque de La Chaux-de-Fonds. Il y avait alors une quarantaine de collaborateurs. TAG Heuer cède l’entreprise à ses dirigeants (Philippe Hubbard et Christophe Gouthier) en 2004 : la profession fait confiance au savoir-faire de Christophe Gouthier (ex-cadrans Stern et ex-Cadrans Design) et au management de Philippe Hubbard (ex-TAG Heuer). Rebaptisée ArteCad, l’entreprise se développe très vite et acquiert de nouveaux métiers qui lui manquaient, comme les appliques et le prototypage. En quelques années, ArteCad va passer à une capacité de production de 350 000 cadrans, en devenant, avec 215 personnes employées, une des principales entreprises horlogères de la région de Tramelan (Suisse). Néanmoins, toujours dans une logique de « sécurisation des approvisionnements », LVMH a décidé ces jours-ci de réintégrer ArteCad dans son dispositif industriel en rachetant l’entreprise à ses managers actionnaires...

••• QUESTION QUE SE POSENT IMMÉDIATEMENT les clients d’ArteCad, du moins ceux qui ne relèvent pas du périmètre LVMH (notamment les marques du groupe Richemont, du groupe Rolex ou diverses marques indépendantes) : et nous ? Et nous ? Et nous ? Des garanties de livraisons ont été apportées aux marques tierces par LVMH Swiss Manufactures (le fer de lance industriel du groupe dans le secteur horloger) et Jean-Christophe Babin (TAG Heuer) , qui coordonne les opérations. Des « contrats d’approvisionnement » ont été proposés aux plus sceptiques. On en déduira que la volonté de LVMH n’est pas de confisquer les capacités d’un outil devenu indispensable à une vingtaine de marques, mais de laisser le management en place assurer le développement de l’entreprise avec la même stratégie de diversification qu’auparavant. ArteCad reste (et devrait rester) un cadranier généraliste, dont les compétences industrielles permettent d’apporter une réponse industrielle ou artisanale à tous ses clients, pour les gros volumes de production comme pour la haute horlogerie ou les petites séries de haute joaillerie (atelier de sertissage intégré).

••• DEUX DOMAINES D’EXCELLENCE POUR ARTECAD : la réactivité pour le prototypage (certains affirment que ce sont les meilleurs délais de toute l’horlogerie suisse) et la R&D, qui a permis de créer une offre innovante (brevets exclusifs) pour des cadrans complets (y compris les index et les appliques). Une extension de 1 000 mètres carrés est même prévue pour augmenter les capacités cadranières globales d’ArteCad, notamment dans le secteur stratégique du prototypage pour la production haut de gamme. LVMH a également misé sur une forte capacité de croissance : on sait que les analystes adorent ce genre de projection dans l’avenir. De même qu’ils privilégient le maintien en place des équipes méritantes : si le montant de la transaction n’a pas été dévoilé, il est probable que, selon les bonnes vieilles habitudes de Bernard Arnault, les paiements seront échelonnés pour stabiliser les ex-actionnaires privés redevenus managers du groupe...


2)
••• LA CONSOLIDATION INDUSTRIELLE AU PROFIT DE LVMH
AMENUISE UN PEU PLUS LES CAPACITÉS OPÉRATIONNELLES DES INDÉPENDANTS...

Evidemment, il ne faut pas faire preuve de naïveté et imaginer le groupe LVMH en bienfaiteur de l’humanité, ni en philanthrope de l’industrie horlogère suisse. Si la continuité est à l’ordre du jour cette année, le sera-t-elle dans un, deux ou trois ans ? D’autant que l’intégration de Bvlgari dans le groupe LVMH accroît la demande interne de cadrans de grande série (l’atelier Cadrans Design pouvait assurer les petites séries pour Bvlgari). Sans la moindre paranoïa, on ne peut que constater le rétrécissement de facto des espaces de liberté concédées aux opérateurs indépendants, surtout dans un secteur aussi stratégique que celui des cadrans – qui restent une des principaux goulets d’étranglement de l’industrie horlogère et une des causes majeures de ses retards de production. Les gros prennent encore plus de poids et la part des maigres se réduit d'autant : on va bientôt attaquer l'os ! La main sur le cœur, LVMH nous assure que rien ne changera, mais il n’est pas certain que des marques extérieures au groupe acceptent longtemps cette dépendance directe d’un de leurs concurrents – ce qui les conduira à se rabattre sur les derniers fournisseurs indépendants, qui en seront d’autant plus engorgés. « L'indépendance nous a ouvert bien plus de portes que prévu », expliquait Christophe Gouthier après l'épisode TAG Heuer. Qu'en sera-t-il demain ?

••• LA VAGUE DE VERTICALISATION INDUSTRIELLE continue donc à déferler. Logique et rationnel pour verrouiller ses propres approvisionnements en cadrans, l’investissement du groupe LVMH dans ArteCad confirme la stratégie horlogère de plus en plus nettement industrielle du groupe, qui prend ainsi le pas sur le groupe Richemont – au moins dans l’acquisition significative de nouveaux métiers pour tout ce qui concerne l’habillage. Certes, LVMH reste loin de la profondeur industrielle du Swatch Group, ou même des capacités multi-spécialisées du groupe Rolex, mais la dynamique est puissante. Avec l’outil industriel Zenith, Hublot ou TAG Heuer, les boîtiers Cortech, la haute complication Louis Vuitton-La Fabrique du temps, les cadrans Artecad et quelques autres actifs (impossible de tout mentionner), l’archipel LVMH commence à ressembler à un vrai continent...

 



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