|
En avant pour la « Watch Madness » genevoise de la mi-novembre, avec ses prix horlogers, ses expositions, ses enchères et sa concentration d'amateurs et de collectionneurs venus du monde entier.
POUR BIEN TERMINER LA SEMAINE, AVEC L'ACTUALITÉ DES MONTRES EN LIGNE DE MIRE, LE SNIPER A...
1)
••• SALUÉ LA CAMPAGNE HORLOGÈRE DE L’ANNÉE :
« MIKROGRAPH » DE TAG HEUER (PRIX « MONTRES PASSION »)...
Cette campagne « Mikrograph » (TAG Heuer) nous avait séduits (« La rainette et le colibri roulent des mécaniques » : Business Montres du 19 mai dernier). On ne peut donc que se féliciter de voir les jurés du prix « Campagne horlogère de l’année » la distinguer lors de la soirée organisée par Montres Passion (image ci-dessus). Notre commentaire du printemps sur cet hommage animalier à l’horlogerie mécanique : « Au centième de seconde, Leonardo diCaprio ne faisait plus le poids, ni de la langue, ni des ailes »...
••• Par gentillesse pour les organisateurs, on ne vous donnera pas les autres lauréats des « Montres de l’année », mais on recommande à tout le monde de ne pas manquer le spectacle, donc d’arriver tôt...
2)
••• RETROUVÉ BEAUCOUP D’AMIS
À LA « WATCHES NIGHT » D’ALAIN CARRIER ET ÉRIC OTHENIN-GIRARD...
Prélude aux « Watches Days », qui sont – qu’on le veuille ou non – le « plus beau salon horloger grand public en Suisse », la Watches Night rassemble à l’espace Hippomène les jeunes générations des manufactures genevoises, avec une belle concentration de jolies filles, de jeunes horlogers, une quarantaine de marques exposées (groupes et indépendants mêlés, dont un beau plateau de « nouvelle horlogerie »), l’appui de La Maison de l’Horlogerie (Alain Guttly) et quelques centaines de bouteilles de champagne parties en bulles et en éclats de rire. Comme c’est la saison, chacun pouvait voter pour récompenser les « montres de l’année », ce Grand Prix du public 2011 étant un des moins filtrés de ceux qui sont décernés en Suisse. Innovation de l’année : un nouveau aménagement de la grande salle, beaucoup plus élégante sans la superstructure qui surplombait le bar en plombant l’ampleur de l’architecture intérieure (trois jours d’exposition, jusqu’à dimanche : renseignements sur le site des Watches Days)...
3)
••• APPRÉCIÉ LES EFFORTS D’ÉVOLUTION
CONSENTIS PAR LES RESPONSABLES DU « POINÇON DE GENEVE »...
Alors qu’il fête ses 125 ans, le Poinçon de Genève s’offre un rafraîchissant lifting, avec deux principes directeurs. Désormais, la certification concernera chaque montre, individuellement désignée par son numéro de série, de mouvement et de boîtier (et non plus un échantillon de deux montres sur une production non limitée). Cette certification de 100 % de montres poinçonnées portera à la fois sur des critères de bienfacture (qualité des finitions, avec la mise en place d’un référentiel physique très précis pour chaque critère), mais également sur les composants d’habillage, la précision, l’étanchéité annoncée et la réserve de marche.
••• Une montre, un titre, un certificat : difficile de faire plus simple dès le 1er juin 2012. Sauf que la réalité est un peu moins simple, les nouveaux critère surajoutés aux précédents ne favorisant guère la lisibilité du label genevois, alors que les procédures de contrôle instaurées par Timelab (bureau de métrologie qui gère à la fois les certifications Poinçon de Genève et celles du COSC) reposent beaucoup plus sur des relations de confiance avec les marques candidates que sur un encadrement répressif. Quoiqu’il en soit, on ne peut que saluer la volonté de réfléchir à une adaptation de ce prestigieux Poinçon historique aux évolutions des beaux-arts de la montre...
4)
••• REGRETTÉ QUE LA MONTAGNE DE DÉLIBÉRATIONS
AUTOUR DE LA RÉFORME DU « POINÇON » AIT ACCOUCHÉ D’UNE SOURIS RÉGLEMENTAIRE...
Il aura fallu deux ans de travaux pour réformer un règlement technique vieux de cinq quarts de siècle. La commission technique était de qualité et les « gardiens du temple » (le conseil de fondation, qui intègre des représentants de la ville et de l’Etat de Genève) sourcilleux dans leur défense d’un savoir-faire ancestral, mais on peut se demander si l’indéniable indépendance de manœuvre acquise par Timelab (structure de certification) n’a pas eu pour rançon un non moins indéniable conservatisme dans les nouvelles dispositions de certification. Quelques dictons latins pour illustrer les problèmes qui restent posés...
••• Cave Canem : sans aller jusqu’à la paranoïa de nos amis allemands, qui auraient hérissé de barbelés Timelab, en plaçant des Feldgendarmes dans les miradors placés autour, on peut se demander si les 15 (!) employés de Timelab feront vraiment le poids face aux marques candidates au Poinçon. Certains de ces vigiles seront assermentés, ce qui va certainement faire très peur aux tricheurs. Quand on voit à quel point le label Swiss Made est foulé aux pieds par ceux-là même qu’il est supposé protéger des malfaisances étrangères, on ne peut que se poser des questions sur l’efficacité de la nouvelle « police du Poinçon », qui vérifieront les montres au sein des entreprises concernées. D’autant que Timelab ne mettra qu’une poignée de ses 15 employés au service de ce Poinçon, avec une charge de travail d’environ 5 000 certifications annuelles par « poinçonneur ». Pas évident et pas gagné d’avance – même si l’éthique des marques poinçonnables est aujourd’hui insoupçonnables...
••• Ad augusta per angusta : on n’a pas choisi la facilité pour rendre lisible et compréhensible le message de bienfacture genevoise du nouveau Poinçon. Une montre produite dans la région de Genève peut bénéficier d’environ d’un peu moins de dix labels de qualité (du simple Swiss Made à l’AOSC – appellation d’origine suisse certifiée – de Bédat & Co, en passant par le « Poinçon Patek Philippe », le COSC ou même la « tête de vipère » de l’Observatoire de Besançon, puisque Genève refuse de relancer ses bulletins d’Observatoire). Pas facile de s’y retrouver, ni de décoder le règlement intérieur sans un diplôme d’horlogerie. Qu’on se mette à la place d’un néo-maître des forges milliardaire de Harbin, petite préfecture chinoise de 12 millions d’habitants : comment lui expliquer que ni Rolex, ni Patek Philippe, ni Franck Muller, ni Hublot (toutes marques genevoises réputées) ne recourent à ce Poinçon de Genève dont se flatte Cartier, marque française qui possède son usine à La Chaux-de-Fonds et un atelier spécialisé à Meyrin, les autres ténors du Poinçon œuvrant à Plan-les-Ouates ? Comment lui faire admettre que des manufactures situées du mauvais côté de la Versoix (Audemars Piguet, Jaeger-LeCoultre, Blancpain, Breguet) n’ont pas droit au Poinçon ? Vu d’Irkoutsk, à travers les yeux d’un oligarque bouriate, toutes ces subtilités géographiques relèvent d’un provincialisme suranné, indécodable hors des frontières cantonales...
••• Minimum minimorum : pour recadrer l’ampleur du débat, on rappellera sans ironie que le Poinçon de Genève ne concerne guère, actuellement, que 0,4 % de la production des mouvements mécaniques suisses et, de façon significative, qu’il n’implique plus guère que trois marques du groupe Richemont (100 % de la production de Roger Dubuis, 60 % de celle de Vacheron Constantin et moins de 3 % de celle de Cartier), avec des traces résiduelles pour diverses marques (Chopard, etc.). Rapportée à la production globale des montres suisses, la part « poinçonnée » passe à 0,09 %. Donc, pas de quoi rouler des mécaniques pour un canton qui ne représente jamais que 12 % des emplois horlogers en Suisse et qui est loin d’être, comme le pensent les autorités locales, le « premier canton horloger » de la Confédération...
••• E pluribus unum : on devrait rappeler la devise américaine à tous ceux qui n’ont que l’acronyme A.O.C. pour créer une analogie avec le Poinçon de Genève. Comment se gargariser d’un label AOC au moment où l’industrie viticole en ressent le carcan et réfléchit à sa mutation ? Comment ne pas oublier que c’est la segmentation illisible de la hiérarchie des vins de Bourgogne qui lui a fait perdre ses parts sur les marchés internationaux ou que Bordeaux ne s’en sort sur les marchés émergents que grâce à l’exceptionnelle facilité d’assimilation de son « classement de 1855 » ? Si urgence il y a, c’est de clarifier les multiples labels horlogers suisses et de les unifier dans un référentiel de valeurs enfin compréhensible par les non-initiés...
••• Post tenebras lux : la célèbre devise genevoise s’applique à ce nouveau règlement, mais la lumière maintenant victorieuse a pour effet pervers de révéler à quel point le roi était nu. Tous les Poinçons de Genève des années précédentes deviennent suspects. Les larges masses vont ainsi découvrir que, lors de 125 années précédentes, on ne poinçonnait pas les montres une par une, mais seulement un échantillon aux normes, sachant qu’on pouvait ensuite produire quelques milliers de pièces poinçonnées avec des pratiques plutôt élastiques par rapport au standard initial. On va enfin réaliser que ce Poinçon ne portait pas sur les montres, mais sur les finitions de leur seul mouvement, indépendamment de la montre elle-même, de ses qualités horlogères générales ou de la précision du calibre.
••• Festina lente : il aura fallu 125 ans et au moins quatre révolutions horlogères (la montre-bracelet, l’industrialisation, le quartz et les nouvelles technologies) pour parvenir à une première avancée dans le règlement du Poinçon de Genève, un progrès certes utile et nécessaire, mais certainement pas suffisant. Faudra-t-il encore attendre 125 autres années pour la prochaine réforme ?
5)
••• RESSENTI LA NETTE AMÉLIORATION
DE LA QUALITÉ DU « GRAND PRIX D’HORLOGERIE DE GENÈVE »...
Certes, tous les handicaps – structurels ou conjoncturels – n’ont pas été éliminés, et Business Montres les a suffisamment pointés du doigt pour qu’on n’y revienne pas, mais les points positifs sont devenus sensibles. Le partenariat avec la banque privée Edmond de Rothshild a mis un peu d’huile dans les rouages, en sortant le GPHG de son bricolage dans le faux luxe. La dignité de l’exposition des montres présélectionnées à la Cité du Temps en a apporté la preuve. Le fonctionnement interne lui-même est nettement moins sujet à caution : les discussions entre les membres du jury n’ont pas été polluées par des considérations extra-horlogères, ni par des manipulations en sous-main, même si l’hétérogénéité des jurés - notamment leur culture horlogère, incertaine pour les uns, mais trop marchande pour les autres - empêche l’émergence de décisions clairement argumentées. On peut regretter l’éradication des petites marques indépendantes et l’absence – toujours plus criante – des grandes marques du Swatch Group, du groupe Franck Muller, de Rolex, de Patek Philippe, de Cartier ou même de Richard Mille. Sur la base d’une sélection initiale qui reste entachée de défauts (notamment par sa soumission au seul bon vouloir des marques) et de la présélection ultérieure, qui s’avère plutôt cohérente, on devrait s’acheminer vers un verdict final sans excès d’originalité, mais également sans indignité – ce qui est déjà un progrès considérable. Mais ce sera toujours sous le doigt vengeur d’une Aiguille d’or Made in China puisque, à Genève, le ridicule ne tue pas...
6)
••• BLOQUÉ TOUT SON WEEK-END
POUR LA « WATCH MADNESS » GENEVOISE ET SES NOMBREUX RENDEZ-VOUS...
Lancement ce soir, avec la remise des prix « Montres de l’année » à l’Intercontinental (voir ci-dessus, info n° 1). Ne pas oublier de se rendre aux différentes expositions organisées pour les enchères de dimanche et lundi (Sotheby’s, Antiquorum, Christie’s) et faire le détour par l’Hôtel de la Paix (pile entre Sotheby’s et Antiquorum) pour découvrir l’exposition de la vente Jaeger-LeCoultre organisée fin novembre à Paris par Artcurial. Dimanche, coup d’envoi dès 10 heures chez Antiquorum (Mandarin Oriental), pour une longue séance jusqu’à la « nocturne » de Sotheby’s au Beau-Rivage. Pour se changer les idées, dimanche : la Bourse horlogère organisée par la SGAH (Société genevoise des amateurs d’horlogerie). Et, tout le week-end, The Watches Days à Espace Hippomène (voirci-dessus, info n° 2)...
7)
••• NOTÉ QUELQUES INFORMATIONS HORLOGÈRES
À LA VOLÉE, EN VRAC, EN BREF ET EN TOUTE CURIOSITÉ...
••• CHAISES MUSICALES (1) : la nouvelle présidente de la joaillerie Fred (groupe LVMH) sera Rachel Marounai, qui était directrice marketing de Sephora. Une spécialiste de la grande distribution place Vendôme ? Un renversement stratégique à suivre de très près...
••• CHAISES MUSICALES (2) : pas récent, mais pas encore signalé, l’arrivée de Juliette North (ex-Audemars Piguet, ex-Montre Hermès) à la direction marketing-communication de la manufacture Zenith...
••• CHAISES MUSICALES (3) : Laurence Courtois (ex-Zenith) quitte la direction de Codex (nouvelle marque hélvéto-chinoise pour rejoindre la direction marketing-communication des manufactures Eterna et Porsche Design (Granges), aux côtés de Patrick Kury, nouveau « CEO par intérim » de ces marques, qui appartiennent – comme Codex – au conglomérat néo-capitaliste chinois China Haidan (révélation Business Montres du 29 juin dernier)...
••• CHAISES MUSICALES (4) : Paxton Chow, qui dirigeait la marque Codex en Chine, prend en mains sa direction à Bienne (Suisse), confirmant ainsi par sa présence l’orientation de plus en plus nettement sinocentrique de cette maison « Swiss Made » (révélation Business Montres de l’été 2010), qui a fait cette sa première apparition à Baselworld...
••• GRAFF : à suivre de près, l’entrée en Bourse du joaillier Graff à la Bourse de Hong Kong, en grande partie pour financer l’expansion de la marque en Asie (ouvertures de boutiques, etc.). Pas de détails sur ce projet de cotation, qui accompagne celui de Prada à Hong Kong (une IPO à 2,5 milliards de dollars) et celui de Chow Tai Fook, un big player local sur le marché de la joaillerie (1 400 point de vente), qui devrait lever 3 à 4 milliards de dollars, toujours à Hong Kong. Graff compte ainsi prendre possession sur un des premiers marchés mondiaux pour la consommation de diamants (dans ce domaine, la Chine et l’Inde devraient avoir dépassé les Etats-Unis dans deux ou trois ans). Problème : on gagne et on perd très vite dans les Bourses asiatiques : – 20 % de décote en une semaine pour Prada ! Et on ne reviendra pas sur l’effondrement boursier d’Hengdeli, premier distributeur asiatique de montres, dont nous avons déjà beaucoup parlé...
••• LOLWATCH : la jeune marque en gestation (lancement par souscription sur les médias sociaux) LOLWatch a signé un accord avec la Smiley Company, propriétaire des droits sur les émoticônes les plus connues (les Smileys originaux). La montre LOLWatch sera présentée sur la page Facebook de Smiley : plus de 1,8 million d’amis !
••• RICHEMONT-OLD ENGLAND : l'affaire du mégastore multi-marques confié à Bucherer avec la bénédiction du groupe Richemont a provoqué quelques remous en France et en Suisse (révélation Business Montres du 9 novembre). D'autant que l'affaire se complique : il semblerait que LVMH (au moins Louis Vuitton, mais peut-être aussi les marques du pôle horloger) envisagerait une implantation de grande taille dans ce quartier Opéra-Grands boulevards, histoire d'y créer, à l'usage des touristes asiatiques de passage dans la capitale, une sorte de Samaritaine de luxe. Face au Printemps et aux Galeries Lafayette : de quoi transformer le quartier en « Disneyland du luxe à la française ». Ouvert le dimanche, bien entendu...
••• TAG HEUER : rumeurs très insistantes du côté de La Chaux-de-Fonds, pas pour des histoires de cadrans (indiscrétion Business Montres du 10 novembre à propos d'Artecad : les lecteurs ont été informés en priorité !), mais à propos de l'America's Cup. Il est fort possible qu'on assiste au retour de TAG Heuer dans la compétition, qui va bénéficier d'une bonne audience sur le marché américain, mais aussi en Asie puisque deux équipes asiatiques (Chine et Corée) sont engagées... |