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Mais qui veut la peau de ces malheureux varans ?
 
Le 18-11-2011
de Business Montres & Joaillerie

On ose espérer que ce n'est pas pour des bracelets de montres de luxe qu'on massacre allègrement la faune sauvage en Asie…

POUR CE MILIEU DE SEMAINE, LE ZAPPEUR SACHAT ZAPPER A ZAPPÉ SUR...


1)
••• UN REBONDISSEMENT DANS L’AFFAIRE
OMEGA CONTRE LE SOLDEUR COSTCO (ETATS-UNIS)...
Déjà passablement embrouillé, l’affaire Omega contre Costco vient de connaître un nouvel épisode devant les juges californiens. Comme Business Montres l’avait déjà relaté (alerte du 21 avril 2010, info n° 8), avec un complément le 27 avril 2010 (info n° 7) et le 11 novembre 2010 dernier (info n° 5), c’est le droit de revendre des montres « à prix écrasés » – pourvu qu’elles aient été légalement achetées – qui est le vrai enjeu : « Au-delà du lot de montres Omega achetées par Cosco à des revendeurs agréés hors des Etats-Unis et revendues “comme neuves“ avec 30 % à 40 % de remise : le contrôle du marché gris par les marques - maîtrise de la vente, quel que soit le circuit commercial - et le droit de vendre des produits neufs de stock sans l’accord de la marque ». La Cour suprême des Etats-Unis semblait avoir donné raison à Omega en décembre 2010 (Business Montres du 16 décembre, info n° 9). Rebondissement le 9 novembre devant la cour de Californie : un biais juridique sur les droits d’auteur (copyrights) liés à certains détails du design de ces montres a permis à Costco de marquer un point, les juges californiens considérant qu’Omega avait « abusé » de la notion de droits d’auteur. La querelle est pointue, touffue et même particulièrement retorse : aujourd’hui, c’est Costco la victime, et Omega se serait pris les pieds dans le tapis ! On ne va certainement pas en rester là (source : IP Watchdog)...


2)
••• UNE ACTIVITÉ ÉDITORIALE DÉBORDANTE
POUR OSVALDO PATRIZZI, QUI N’EN SUIT PAS MOINS LES ENCHÈRES DE TRÈS PRÈS...
Avant les ventes, on a repéré sa silhouette longiligne dans quelques salles d’exposition, où il a laissé quelques ordres d’achat sur les pièces anciennes dont il avait repéré la qualité, pas toujours lisible dans le seul catalogue. S’il s’est retiré du marché actif pour se consacrer à la défense de ses intérêts après son éviction surprise de la direction d’Antiquorum, à la suite d’une manœuvre de ses co-associés nippo-américains, il retrouve un peu de temps libre maintenant que la justice genevoise commence à lui donner raison en abandonnant un à un les chefs d’accusation dont ses anciens partenaires l’accablaient : l’affaire est toujours à l’instruction, mais les charges encore retenues contre lui (et toujours à l’instruction) relèvent maintenant de la feuille de papier calque, et non plus du Bottin téléphonique. Certains témoignages devant la justice ont été accablants pour la légèreté avec laquelle ces accusations ont été portées...
••• Il lui reste donc quelques loisirs pour écrire des ouvrages sur l’histoire horlogère, comme celle de la Rolex Daytona qui devrait bientôt paraître aux éditions Mondani (comptez 680 euros en souscription, et 980 euros par la suite). Beaucoup plus accessibles : dans la collection des livres de poche « Patrizzi Pocket Expert », Osvaldo Patrizzi annonce pour ces jours-ci (éditions Patrizzi & Co) un manuel sur les « Cartier blanches » (acier, or blanc, platine, etc.), qui synthétise au format poche un énorme album précédent. La vraie nouveauté sera, toujours en « Patrizzi Pocket Expert », au format poche et à prix accessible (autour de 20 euros), le premier livre consacré aux WW.TC World Wide Time Control de Girard-Perregaux. Une montre qui a su s’imposer comme une icône en tout juste dix ans et qu’il étudie dans ses moindres détails et dans quasiment toutes les références et les variantes – cette collection n’en manque pas (image ci-dessus). Excellent bonus pour cette édition : une introduction sur l’adoption d’une « heure universelle » et des heures GMT dans le monde entier, avec des révélations historiques sur les pionniers qui ont imaginé d’imposer un jour à la planète une même heure de référence (toujours aux éditions Patrizzi & Co)...
••• Et à part les livres ? L’homme « qui a inventé les enchères horlogères » est devenu le consultant de Poly Auction, la première maison chinoise d’enchères multi-spécialisée – qui a visiblement de grandes ambitions sur le terrain des montres de collection. Il s’intéresse également de près aux trésors horlogers de la Chine impériale, dont il est un des très rares spécialistes de pointure internationale...


3)
••• UN RETOUR EN FORCE DES MASSACREURS
DE REPTILES « DÉPECÉS VIVANTS POUR LES INDUSTRIES DU LUXE »...
Attention aux mots : ils peuvent faire très mal, surtout en période de tensions économiques ! Apparemment, les massacreurs de reptiles n’ont pas réduit leur activité, toujours avec la complicité des marques de luxe qui feignent de penser qu’il s’agit d’« animaux d’élevage » – ce que réfutent les scientifiques. Selon le chercheur Mark Auliya, « tous les varans malais dont la peau est utilisée dans l'industrie de la mode proviennent de leur milieu naturel. Cela est également le cas pour les pythons réticulés de Malaisie et d'Indonésie ». Le Swatch Group s’est clairement prononcé contre toute utilisation de ces peaux : on aimerait entendre de la bouche des responsables de Richemont ou de LVMH, mais aussi des grandes marques indépendantes, les mêmes condamnations sans la moindre restriction de ces peaux, qualifiées ici même de « reptiles de la honte » (Business Montres du 12 octobre 2010, info n° 1).
••• Une mise au point pour éclairer le débat : les groupes de luxe et les marques de mode « font jusqu'ici valoir que la chasse au reptile en Indonésie permet aux populations locales de survivre. Pourtant, selon les experts, le nombre de chasseurs professionnels est minime. Les agriculteurs pratiquant la chasse aux reptiles ne perçoivent qu'un faible revenu supplémentaire, largement insuffisant en soi pour nourrir leur famille... Les reptiles ne sont jamais laissés au repos, ne serait-ce que pour leur reproduction. Même lorsque les prix du marché mondial s'effondrent, la chasse à grande échelle continue car les peaux des reptiles pouvant être stockées plusieurs années sans perte de qualité, les revendeurs attendent tranquillement la remontée des cours. Le prix du marché est influencé avant tout par le monde de la mode et ses clients. Le prix d'une peau de reptile varie selon son poids ou sa taille. La peau de python se négocie entre 8 et 16 dollars par mètre... A long terme, la chasse aux reptiles nuit même à l'agriculture locale. Dans l'ouest de la Malaisie, où la chasse sans limites de pythons a provoqué l'interdiction d'exporter les peaux de reptiles dans l'Union Européenne, les agriculteurs se plaignent de l'invasion des rizières par les rats. Les pythons réticulés, qui en mangeant les rats permettaient aussi de limiter leur population, s'y font de plus en plus rares » (source : Sauvons la forêt : dans l’article, les noms et les addresses e-mail des responsables de ces achats pour Hermès, Gucci et Cartier – pourquoi seulement eux ?)…


4)
••• UNE RÉUNION OBLIGATOIRE
POUR LE PERSONNEL D’AUDEMARS PIGUET...
Que cache donc la demi-journée obligatoire de réunion à laquelle tous les collaborateurs de la manufacture Audemars Piguet sont convoqués, le 8 décembre prochain ? Non pas au Brassus, comme on pouvait s’y attendre, mais à Vallorbe, à quelques kilomètres du Brassus. Selon un membre du conseil d’administration, « il s'agira d'aborder les tenants et aboutissants de la nouvelle étape qu'AP est sur le point de franchir. En quoi consiste exactement cette nouvelle étape et en quoi est-elle cruciale dans la vie de l'entreprise? Que va-t-elle impliquer pour l'entreprise et ses collaborateurs ? Ces questions nous concernent tous et il est important que chacun les comprenne. MM. Philipe Merk, Tim Sayler, Octavio Garcia et Vincent Schneider s'efforceront d'y répondre en mettant en lumière la situation actuelle de l'entreprise sur le marché, les objectifs à atteindre et également les moyens d'y arriver. Le visage de l'entreprise a en effet beaucoup changé ces dernières années et la pression de la concurrence est toujours plus forte. Pour relever ces défis, AP doit réaffirmer son identité et se repositionner auprès de ses collaborateurs et clients ». Evidemment, en interne, cette « nouvelle étape cruciale » fait causer...


5)
••• QUELQUES INFORMATIONS HORLOGÈRES
EN VRAC, EN BREF ET EN TOUTE CURIOSITÉ...

••• CHAISES MUSICALES (1) : David Gouten (ex-Harry Winston, ex-Graff) est décidément un bon client pour cette rubrique. Il vient d’être recruté par Vladimir Sherbakov, le propriétaire de DeLaneau (ex-Volna), pour remettre la marque en ordre de bataille après le départ de Cristina Thévenaz-Wendt. Le roi David après la reine Christine ?

••• CHAISES MUSICALES (2) : Xavier de Roquemaurel (ex-marketing Ermenegildo Zegna) va déménager de Lugano pour prendre la vice-présidence marketing d’Ebel et de Concord, à La Chaux-de-Fonds, sous les ordres de Loek Oprinsen (président)...

••• AUTODROMO : Officine Autodromo pour être précis. Encore une nouvelle marque, dont on fera la référence # 76/Génération 2011 : Officine Autodromo nous arrive – comme son nom ne l’indique pas – des Etats-Unis, avec des mouvements suisses - on a évité le « Swiss Made » sur le cadran, pour se contenter d’un « Swiss Movt. » qui rassure - et un style italien qui donne dans le compte-tours (façon Giuliano Mazzuoli) et qui justifie les noms à l’italienne des modèles (Brescia, Vallelunga, Veloce). « Avec une Autodromo, vous vivez bien et vous conduisez bien », nous confie la marque dans un grand élan de nostalgie pour l’épopée automobile des années soixante...

••• CHRISTIE’S : contrairement à ce que raconte la presse, les 26,1 millions de francs suisse réalisés lors de la vente du 14 novembre ne sont pas, et de loin, un record pour des ventes horlogères à Genève (quoique cette vente ait vu tomber plusieurs records du monde). Dans les années 2000, Antiquorum avait réalisé plusieurs ventes d’un montant supérieur, notamment une vente à 40 millions de en octobre 2002 et une autre à 38 millions en avril 2002, l’année au cours de laquelle Osvaldo Patrizzi avait cumulé 148 millions (CHF) de ventes dans ses multiples sessions d’enchères. On trouve dans les archives Antiquorum (époque Patrizzi regnante) plusieurs autres ventes supérieures à 26 millions...

••• LA FABRIQUE DU TEMPS : Michel Navas et Enrico Barbasini chez Gérald Genta ? Mais non, ce n’est pas un scoop sur le transfert de l’année ! Surtout pour deux motoristes qui viennent tout juste d’être transférés chez Louis Vuitton... C’est juste l’annonce du déménagement des ateliers de La Fabrique du Temps (groupe LVMH) dans l’ancien siège social des manufactures Gérald Genta-Daniel Roth à Meyrin, dans la banlieue de Genève...

••• GEORGE DANIELS : les obsèques de ce grand maître-horloger – sans doute un des plus importants du XXe siècle – auront lieu aujourd’hui dans l’île de Man (Royaume-Uni). Désormais, ce sont ses montres qui nous parleront de lui et de sa vision de l’horlogerie...

••• HAMON : l’autre passion du designer horloger Patrick Freiburghaus (Suisse), ce sont les couteaux. Il vient de leur consacrer une « Knives & Blades Gallery », qui sert de vitrine à de nombreux couteliers indépendants. La passion des couteaux de créateurs et celle des montres se chevauchant souvent, Hamon sera aussi un rendez-vous fréquenté par les horlogers (Hamon)...

••• MÉTAUX PRÉCIEUX : la joaillerie et l’horlogerie utiliseront l’année prochaine 70 tonnes de platine pour une production mondiale de 190 tonnes. La demande de platine augmente très faiblement, et celle des horlogers également : le niveau élevé des stocks devrait garantir une certaine stabilité des prix, sensiblement voisins de ceux de l’or, sinon inférieurs. En revanche, les achats de palladium sont en chute libre pour la joaillerie et l’horlogerie
•• Le chiffre exact est secret, mais les Chinois – qui n’aiment que l’or, mais qui ne le thésaurisent pas comme « valeur refuge – ont importé en septembre 60 tonnes d’or (!), qui s’ajoutent aux 140 tonnes achetées au cours de l’été et à leur propre production, en Chine ou dans les mines achetées ailleurs dans le monde (la Chine est déjà le premier producteur mondial). On estime que l’Inde et la Chine « consomment » (sous forme de lingots) 2 000 tonnes par an – 85 % de la production mondiale. Avec les achats des ménages chinois et du gouvernement chinois, la seule part chinoise serait de l’ordre de 30 % de la production mondiale – la Chine étant en train de doubler l’Inde sur ce terrain. Le stock d’or détenu par l’Etat chinois est un secret militaire, mais il pourrait dépasser les 4 000 tonnes : imaginons ce qui se passerait si on en revenait à l’étalon-or...

••• MOUGIN & PIQUARD : une très ancienne (1852) nouvelle marque, qui sera la référence # 77/Génération 2011. Pas de quoi s’énerver : il s’agit d’une réinterprétation des montres de pilote de la Luftwaffe - c’est la spécialité d’une bonne vingtaine de marques allemandes -, mais avec un mouvement à quartz Ronda et le label Swiss Made sur le cadran (assemblage à Bienne). Prix moyen de ces Mougin & Picquard, marque relancée par Tourneau avec un storytelling franco-suisse pas forcément convaincant : 425 dollars...

••• « SWISS MADE » : Jean-Daniel Pasche (FH) réaffirme dans L’Agéfi son soutien à l’initiative Swissness, par laquelle le Conseil national suisse a proposé que « 60 % au minimum du prix de revient des montres soit réalisé en Suisse ». La FH réclamait – avec une « volonté ferme », nous dit-on – 80 % pour les montres mécaniques : il n’en est semble-t-il plus question, puisqu’on nous précise que la FH en est toujours à requérir « l’introduction - dans la future ordonnance - de critères purement horlogers comme le taux de 80 % pour les montres mécaniques ». Ce qui signifie que rien n’est encore fait et qu’on aura du mal à y parvenir... Explication : « L’ordonnance “Swiss made“ ne fixe actuellement aucun seuil minimum quant à la plus-value suisse exigée. Bénéficiant du soutien de la très grande majorité de ses membres, la FH veut combler cette lacune et empêcher que ne soient désignées “Swiss made“ des montres qui n’incorporent qu’une très faible valeur suisse. Le consommateur qui achète une montre marquée “Swiss made“ s’attend en effet à ce que cette dernière soit fabriquée en Suisse et intègre une forte plus-value d’origine suisse. En plus d’assurer sa crédibilité auprès des consommateurs du monde entier, le renforcement du “Swiss made“ horloger permettra de maintenir l’existence d’un tissu industriel de fabricants et de sous-traitants en Suisse et de favoriser le développement des capacités de production dans notre pays, autrement dit de développer durablement l’investissement et les emplois »...

••• THE WATCH ENTHUSIAST : déjà 86 marques et 1 635 montres présentées pour le « Guide Parker » de la montre, avec un objectif à 110 marques et 2 000 montres (10 000 visuels !) en fin d’année. Une application numérique trilingue est en développement, mais le rythme actuel des achats en ligne ne se dément pas...

 



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