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LE SNIPER DU VENDREDI : Investir dans les pierres (précieuses) ou investir dans la renaissance de...
 
Le 18-11-2011
de Business Montres & Joaillerie

Mieux qu'un portefeuille de valeurs boursières : la joaillerie, les diamants et les pierres précieuses !

Mieux que Genève, le bassin horloger genevois (France comprise)...

POUR CETTE FIN DE SEMAINE, AVEC L’ACTUALITÉ DES MONTRES EN LIGNE DE MIRE, LE SNIPER A...


1)
••• SALUÉ LA NAISSANCE DE « DIVINE JEWELS »,
PREMIER FONDS D’INVESTISSEMENT EN PIERRES PRÉCIEUSES ET JOAILLERIE DE COLLECTION...
« Premier » ? Pas forcément sur le plan historique, mais en tout cas premier d’une nouvelle génération de fonds un tant soit peu sérieux en « objets de passion » – on parle ici des grands vins ou des montres de collection (comme « Precious Time » : analyse Business Montres du 14 octobre 2010 – depuis, le fonds a pris plus de 10 % de plus-value). Curiosité : on ne parle pas ici de joaillerie, et encore moins de haute joaillerie : ces notions très françaises sentent trop le marketing et font trop place Vendôme – sinon Richemont – pour retenir les experts de « Divine Jewels », des anciens spécialistes du département Bijoux de Christie’s et un ancien bras droit d’Harry Winston, associés pour ce lancement aux créateurs de Passion Investment (le fonds luxembourgeois Elite Advisers)...



2)
••• POSÉ LA QUELQUES QUESTIONS SUR « DIVINE JEWELS »,
QUI VEUT FAIRE DU DIAMANT DE GRANDE RACE LE MEILLEUR AMI DES INVESTISSEURS...
Loin d’être simplement décalqué de « Precious Time », (dont on a pu remarquer certaines interventions dans les récentes enchères de la « Watch Madness » genevoise), « Divine Jewels » propose aux investisseurs une diversification dans les diamants (un marché qui explose), dans les pierres précieuses et dans les « bijoux » : comprenez la haute joaillerie signée Cartier, Van Cleef & Arpels, Boucheron ou même JAR, qui s’impose ainsi de façon spectaculaire au panthéon des grands joailliers – seuls les initiés le savaient déjà ! Côté diamants, uniquement des pierres taillées D, E ou F, le plus FL ou IF possible, entre 1 et 15 carats, avec tous les certificats (GIA, HRD, Kimberley) de rigueur. Pour les pierres précieuses : uniquement des rubis de Birmanie, des émeraudes de Colombie et des saphirs du Cachemire. On peut classer dans les « bijoux » les perles naturelles, mais les pièces signées des grands noms de la place Vendôme seront à l’honneur : une pierre de belle provenance avec une signature prestigieuse reste toujours survalorisée (Cartier et Van Cleef & Arpels sont aujourd’hui les seules marques à gérer dignement leur patrimoine). Les gérants du fonds sont Serge Fradkoff (ex-Harry Winston) pour les diamants et Eric Valdieu (ex-Christie’s) pour les pierres précieuses et les perles naturelles. La valorisation sera assurée par Raymond Sancroft Baker (consultant spécialisé pour Christie’s)...
••• Cette endogamie Christie’s (avec un zeste d’Harry Winston) est à la fois un facteur de confiance – on a sous la main quelques-uns des meilleurs connaisseurs internationaux du marché – et une possible source de méfiance : le facteur humain reste impondérable face à des possibles conflits d’intérêts. Les analystes des family offices et des banques privées craqueront-ils pour « Divine Jewels » ? Sans doute pas pour des raisons tenant à leur connaissance du microcosme joaillier ou des métiers de la pierre précieuse ! Plutôt pour des considérations de prudence : mieux vaut une SICAV investie en biens tangibles comme un lot de rubis ou de diamants (pierre qui vaut, à poids égal, 14 000 fois plus cher que l’or) qu’une ligne boursière en monnaie numérique. L’objectif des 10 % de rentabilité annuelle nette n’est pas inaccessible pour des « cailloux » qui font beaucoup rêver : le diamant deviendra-t-il le meilleur ami des investisseurs ?


3)
••• DÉCOUVERT LES DURES RÉALITÉS
DU « BASSIN HORLOGER GENEVOIS » TELLES QU’ON LES VIT CÔTÉ FRANÇAIS...
Chaque jour, plusieurs milliers de travailleurs français (environ 5 000, même s’il n’y a pas de statistique spécialisée) franchissent la frontière suisse pour venir travailler dans les différentes manufactures du « bassin horloger genevois » (canton de Genève et, partiellement, canton de Vaud, et les territoires français alentour). A l’occasion d’un petit déjeuner organisé par la Maison de l’Economie Développement d’Annemasse (animée par l’infatigable Marc Favre, le maire de Valleiry, une commune frontière du Genevois), Business Montres intervenait pour poser quelques repères sur l’horlogerie genevoise en général, mais les participants ont brossé un très intéressant tableau des coulisses industrielles de la Genève horlogère et de l’envers de son décor français. Hormis une poche de sous-traitance autour de Cluses et de la vallée de l’Arve, l’arrière-pays français ne profite absolument pas de la dynamique horlogère genevoise. Sinon comme variable d’ajustement de cette dynamique en matière d’emploi : la « pompe aspirante » fonctionne dans le sens France-Suisse en période d’expansion, mais dans le sens Suisse-France au moindre ralentissement conjoncturel - sachant que c’est le Pôle Emploi français qui paie les indemnités de chômage ! -...
••• On peut s’étonner que les marques suisses, perpétuellement confrontées à une pénurie de capacités industrielles, n’exploitent pas mieux la base arrière micro-mécanique savoyarde et ne tournent leurs regards que vers un « arc jurassien » saturé : sans doute un héritage – un peu absurde ! – de l’histoire, Genève et la Savoie ayant plusieurs siècles de contentieux et de confrontations militaro-économiques à leur actif. Apparemment, personne n’a vraiment expliqué les vraies règles du Swiss Made aux entrepreneurs savoyards, qui se pénalisent en se sentant exclus de ce label alors que les accords bilatéraux entre la Suisse et l’Union européenne permettent d’accorder ce Swiss Made à des productions frontalières. Ignorance grave au moment où le « franc fort » crée un véritable appel d’air pour les sous-traitants savoyards : l’argument du Swiss Made n’est même pas une barrière de papier...


4)
••• CONSTATÉ QUE LE SCANDALE DE LA FORMATION HORLOGÈRE
EN FRANCE NE CONCERNAIT PAS QUE LE BASSIN FRANC-COMTOIS...
Un gaspillage incroyable des fonds publics était récemment dénoncé par Business Montres (15 novembre, info n° 5). Ce vrai scandale est confirmé par ce qui se passe en « France voisine », dans l’arrière-pays savoyard auquel s’adosse Genève (voir ci-dessus). L’Etat français (ministère de l’Emploi) et les collectivités territoriales consentent de lourds efforts financiers pour former des horlogers de tous niveaux ou favoriser des reconversions professionnelles en horlogers immédiatement employables. Problème : ces horlogers – agréés par le Wostep suisse – sont immédiatement affectés à la création de richesses en Suisse, sans le moindre profit pour les économies locales, qui doivent malgré tout supporter les coûts du non-emploi de ces frontaliers à la fin de leurs contrats suisses. On déshabille le pauvre Pierre (le contribuable français) pour rhabiller Paul (la riche horlogerie suisse) ! On voit même les employeurs suisses draguer la main-d’œuvre frontière du côté de l’Alsace (source : Dernières nouvelles d’Alsace) : pourquoi se gêner ?
••• L’asymétrie est choquante : dans la région de Genève, les donneurs d’ordre suisses se détournent du bassin industriel savoyard, sauf pour en vampiriser à leur profit une force de travail dont ils n’ont pas supporté les coûts de formation. Cette base industrielle péri-genevoise n’est pourtant pas négligeable : ses racines historiques sont anciennes et son savoir-faire international reconnu (compétences hyper-pointues parfois uniques au monde). De quoi permettre le réenracinement de nouveaux pôles micro-mécaniques, voire de pôles néo-horlogers spécialisés...


5)
••• REGRETTÉ LE MANQUE DE SOUFFLE
DES AUTORITÉS FRANÇAISES QUI GASPILLENT LES ATOUTS DONT ELLES DISPOSENT...
Il ne s’agit plus de chercher à monter des « usines » de montres : l’industrie chinoise est ici difficile à concurrencer et le défi suisse impossible à relever dans l’arc lémanique. Il ne s’agit pas non plus d’inventer une « filière horlogère » de volume, façon plan quinquennal soviétique : l’horlogerie française est morte de l’expérience Matra - un vrai gosplan socialiste du début des années 1980. Poids de l'histoire : depuis cinq siècles, Genève et son bassin n’ont jamais donné dans l’« horlogerie industrielle », mais dans la « belle montre ». Il faudrait plutôt favoriser l’incubation, puis l’éclosion de ces nouvelles capacités spécialisées qui ont tant de mal à éclore en Suisse, alors que la demande est criante dans le bassin genevois. Quand on voit les atouts dont on dispose côté français (multi-compétences techniques et potentiel en personnel formé « à la Suisse »), et quand on réalise que la moitié des cadres hyper-créatifs de l’horlogerie suisse sont français, une évidence s’impose : la France voisine a les machines, les bras et les cerveaux. Elle a même l’image forte (celle de la Genève horlogère) et les débouchés économiques (200 à 250 donneurs d’ordre potentiels en Suisse voisine).
••• On se demande combien de temps il faudra attendre pour que naissent une ou plusieurs manufactures sur les marches de Genève, à l’image de ce que Voltaire avait créé à Ferney et à Prévessin avant la Révolution. Que manque-t-il pour cristalliser de tels projets ? Une volonté politique forte (l’Etat, la région Rhône-Alpes et les communautés du territoire) : c’est bien le minimum. Mais il faudrait aussi une réallocation intelligente de budgets aujourd’hui gaspillés ou saupoudrés localement au profit exclusif de l’industrie suisse : la France est-elle encore le pays de Voltaire ? Et veut-elle s’en donner les moyens ?


6)
••• LU AVEC BEAUCOUP D’ATTENTION
UN ARTICLE SUR LE SUCCÈS QUI TUE LOUIS VUITTON...
L’analyse est de Shaun Rein, dans CNBC (15 novembre) : les très riches Chinois trouvent la marque Louis Vuitton un peu trop populaire et galvaudée à leurs yeux. Comme le dit un riche Pékinois cité par Shaun Rein, patron de la société d'études China Market Research Group : « Louis Vuitton est devenu trop ordinaire. Tout le monde en a. On ne peut plus aller au restaurant sans voir du Louis Vuitton... (...) Tout le monde peut acheter du Louis Vuitton mais rares sont ceux qui peuvent s'offrir une Bentley ». En Chine, marché-continent qui hypertrophie toute tendance, le succès peut tuer une marque...


7)
••• APPLAUDI LE TOURBILLON CONCORD
QUANTUM GRAVITY EN VERSION « POP ART »...
C’était en 2008, l’année de la crise : pas vraiment le moment idéal pour lancer une des montres les plus amusantes des années 2000 ! Un tourbillon déporté perpendiculairement sur les flancs du boîtier, avec un « tambour » qui égrener les secondes, un compteur heures-minutes décentré et un « Trust Index » pour caler la réserve de marché, le tout dans un boîtier en titane à la brutalité étudiée (on peut lire sur le fond de ce bloc de 48,5 mm : « Audace – Savoir-Faire – Avant-Garde »). En dépit de la ritournelle du « retour au classique », cette Quantum Gravity n’a rien perdu de sa force (image ci-dessus). La version « Pop Art » qui nous est proposée pour la fin de cette année a été retravaillée en couleurs collector (bleu, rose, jaune, vert), ce qui donne à cette série de la collection C Lab un style très sixties et quasi-warholien. Un feu d’artifice pour fêter les dernières productions d’une pièce qui aura marqué son époque ?


8)
••• NOTÉ À LA VOLÉE QUELQUES INFORMATIONS
HORLOGÈRES EN VRAC, EN BREF ET EN TOUTE CURIOSITÉ...

••• ON VOUS L’AVAIT BIEN DIT : on pouvait vous le signaler sans vous le révéler (Business Montres du 11 novembre, info n° 7). TAG Heuer sera bien une des marques horlogères partenaires de la prochaine America’s Cup, cette fois à bord du défi américain Oracle, qui est également Defender du plus vieux trophée de l’histoire nautique...

••• 2LMX : la nouvelle marque lancée par Arnaud Tellier (Business Montres du 3 novembre) a été injustement oubliée dans le décompte des « bébés » de l’année 2011. Elle sera donc la référence # 78/Génération 2011. Un étonnement : plus de 15 000 « vues » pour le film d’animation de cette montre à rouleaux qui relance « la course aux idées fortes » (à découvrir sur la AOL de Business Montres)...

••• BERGEON : fabricant d’outils horlogers « depuis 1791 », Bergeon (Le Locle) devrait racheter ces jours-ci la maison AF Switzerland (ex-Albert Froidevaux & Fils), elle aussi active dans l’outillage horloger et joaillier, mais surtout dans la distribution de pièces génériques (originales) pour le service après-vente. Société familiale depuis 1926, A*F Switzerland a toujours travaillé avec les plus grandes marques horlogères pour ces pièces SAV : on sait cependant que la guerre est déclarée sur ce terrain, les marques ayant pour la plupart internalisé ce SAV et privant les horlogers réparateurs indépendants des pièces d’origine nécessaires aux réparations des montres. Diverses actions en justice ont été lancées contre ce « monopole » et contre cet « abus de position dominante », qui pénalise les consommateurs en les obligeant à payer beaucoup plus cher le SAV de leurs montres. La cour européenne de Justice devrait bientôt trancher – mais pas forcément dans le sens de la restriction de concurrence pratiquée par les grandes marques...

••• CABESTAN : Eric Coudray et son équipe terminent la mise au point de la Trapezium, une Cabestan 3.0 qui succède au Winch Tourbillon vertical (première génération) et à la Scuderia Ferrari One by Cabestan (deuxième génération). On nous promet « un nouveau garde-temps vertical qui revisite les lois de la géométrie euclidienne ». Waow !

••• DUBAIL PLACE VENDÔME : inauguration hier soir de la nouvelle boutique Dubail de la place Vendôme, avec quelques stars de la profession (Karl-Friedrich Scheufele pour Chopard, Vartan Sirmakes pour Franck Muller, Philippe Schaeffer pour Rolex France). Avec un effet pervers inattendu pour le voisin de Pierre et Patrice Dubail : la boutique Cartier commence à faire « petit bouclard » maintenant qu’elle est coincée, avec ses deux petites arcades, entre les immenses vitrines de la future boutique Louis Vuitton (trois arcades), au coin de la place, et les vitrines de Dubail (trois arcades). Pas bon pour l’image, ça ! Les Chinois vont avoir des doutes...

••• GRAHAM : la marque lance ces jours-ci un chronographe Swordfish Booster Iris, réalisé dans un matériau qui crée des irisations en accrochant la lumière (iris pour « arc-en-ciel » en latin). « Revêtement unique et processus développé exclusivement pour Graham », affirme le communiqué de presse disponible sur tous les robinets d’eau tiède spécialisés. Exclusif et unique ? Euh, pas sûr... Si on se souvient bien, deLaCour avait présenté en janvier 2010, il y a près de deux ans, un modèle Bichrono SII en « astrocéramique », matériau céramisé qui n’est autre que l’« Iris » vanté par Graham et qui présentait exactement les mêmes irisations. Les perroquets du web en seront pour leurs frais...

••• HORLOGE TERRIFIANTE : quand on vous parle de la « crise de la dette », vous ne réalisez sans doute pas visuellement ce que cela peut signifier. Un coup d’œil sur l’horloge de la dette nationale américain va vite vous remettre les idées à l’endroit : une pratique terroriste, mais efficace de l’horlogerie numérique...

••• RJ-ROMAIN JEROME : pour vous rafraîchir la mémoire et pour mieux comprendre de quel drame la montre Titanic-DNA commémore le souvenir, la bande-annonce de la version Real3D et IMAX@3D du film de James Cameron. C’est encore plus cauchemardesque...

••• « WATCH MADNESS » : rien de plus chic, même quand il s’agit d’une montre payée un demi-million de francs suisses, que de s’offrir, aux enchères, la Patek Philippe vintage de son année de naissance. C’était un des secrets bien gardés de la vente Christie’s du 14 novembre, mais on ne vous dira pas le nom de l’heureux collectionneur qui a enchéri sur une « pièce unique » de toute beauté et de son âge...

••• ZENITH : démarque sympathique de la manufacture du Locle, qui a décidé de soutenir le Norman Mailer Center et de s’associe au Gala annuel de cette institution. Au programme de cette année : la remise du Prix Norman Mailer à quatre personnalités prestigieuses, Arundhati Roy, Elie Wiesel, Gay Telese et Keith Richards. Avec leur prix, les trois lauréats se sont vu remettre un chronographe Zenith El Primero Chronomaster Open. L’initiative n’est pas révolutionnaire, mais Business Montres se fait un devoir d’en soutenir le non-conformisme, qui tranche avec les sempiternels parrainages de pelouses souillées de crottin frais (polo), de golfeurs has been ou de handicapés mentaux chaussés de crampons (football)...

 



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