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La victoire par forfait du dollar et de l’économie américaine
 
Le 23-11-2011

Le dollar a regagné 24% face au franc suisse depuis son plus bas niveau d’août dernier et retrouve ainsi son niveau du début d’année. Il n’en demeure pas moins que la monnaie américaine est celle qui a le plus baissé par rapport à ses principaux concurrents au cours des dix dernières années

Le dollar a regagné 24% face au franc suisse depuis son plus bas niveau d’août dernier et retrouve ainsi son niveau du début d’année. Il n’en demeure pas moins que la monnaie américaine est celle qui a le plus baissé par rapport à ses principaux concurrents au cours des dix dernières années, en termes réels basés sur les coûts salariaux (voir ci-joint), alors que le franc suisse a le plus fortement progressé. Au jeu dangereux du pays qui dévalue le plus vite sa monnaie, les Etats-Unis sont champions.

Au-delà des seules monnaies, les Etats-Unis se profilent comme le pays le plus proche d’une reprise économique, même si la situation demeure incertaine. Le PIB est certes supérieur à celui d’avant la crise, mais il manque 7 millions d’emplois pour revenir au niveau de 2007. C’est bel et bien la pire reprise économique de l’après-guerre.

Une approche positive de la conjoncture est possible si le regard se détourne de la scène politique et fixe son attention sur les entreprises et leurs investissements. La confiance dans une Amérique pragmatique, riche d’entreprises capables de restructurer et de se réinventer sans attendre un accord syndical ou politique, contraste avec la méfiance à l’égard de l’Europe.

Les multinationales s’en sont aperçues et agissent en conséquence, même les groupes européens… Volkswagen a par exemple investi 1 milliard de dollars dans une nouvelle usine au Tennessee. Le coût de chaque emploi, prestations sociales comprises, s’élève à seulement 27 dollars de l’heure pour ses employés (non syndiqués). C’est trois fois moins que le coût des effectifs (hyper-syndiqués) de General Motors avant qu’il ne fasse faillite.

Le groupe de Wolfsburg avait quitté les Etats-Unis en 1988. Dans sa stratégie de conquête de la première place mondiale, il redécouvre les charmes de ce pays et créé 1700 emplois directs à Chattanooga (9500 indirects) où il construit une «Passat» bon marché. Son ambition est de passer la barre du million de voitures vendues en 2018. Dans quelques mois, il pourrait même annoncer la construction sur sol américain des nouvelles Audit. Le message est limpide. Depuis le début 2010, les constructeurs automobiles ont annoncé pour 17 milliards d’investissements dans des centres de production aux Etats-Unis. «C’est Guangdong au Tennessee», a résumé Virginie Maisonneuve, cheffe stratégiste de la banque Schroders, lors d’un voyage de presse, à Londres. Le gérant de fonds recommande d’ailleurs de privilégier les actions américaines ces prochains mois ainsi que le dollar, «un pari par défaut», pour reprendre l’expression de Clive Dennis, responsable des monnaies de ce gérant britannique.

Pendant que le Congrès joue au jeu du chat et de la souris sur la dette publique sans grands égards pour le citoyen, l’économie américaine avance ses atouts. Nous avons déjà évoqué sa capacité de restructuration supérieure à la moyenne. Mais nous pensons aussi à sa moindre dépendance à l’égard des banques. La part des banques est deux à trois fois plus petite qu’en Europe. Le refinancement des entreprises s’effectue de préférence sur les marchés financiers aux Etats-Unis et par le crédit bancaire en Europe. La réduction forcée des bilans bancaires se traduira logiquement par une réduction plus sensible de la masse monétaire en Europe qu’aux Etats-Unis. La croissance américaine sera donc la moins touchée par la nouvelle réglementation bancaire.

Le troisième facteur de soutien conjoncturel vient du cash-flow record des entreprises. Il est largement supérieur au niveau de 2007 et dépasse 3% du PIB, selon Keith Wade, chef économiste de Schroders. Cette montagne d’argent devrait financer de futurs investissements. D’ailleurs au dernier trimestre, ceux-ci se sont très bien repris. Les marges d’exploitation sont supérieures à 2007 et continuent de progresser. Les bilans des entreprises sont sains et l’endettement réduit. Par rapport aux fonds propres, la dette nette des entreprises a chuté de 90 à 40% en dix ans. Enfin, les liquidités sont au plus haut depuis dix ans. Elles atteignent 14% du bilan des PME.

Le quatrième élément concerne la monnaie. Comme le Royaume-Uni, la Suisse, et au contraire de la France ou de l’Italie, les Etats-Unis sont un pays souverain. Ils peuvent émettre leur propre monnaie. Le marché obligataire l’a bien compris, qui offre un rendement des obligations d’Etat de 0,8% en Suisse, 2% aux Etats-Unis et 2,2% au Royaume-Uni (malgré d’énormes déséquilibres). A l’opposé, les taux d’intérêt à long terme sont de 3,5% en France et de 6,6% en Italie. Nul n’a besoin d’être un analyste d’une agence de notation pour comprendre que sans baisse des rendements, l’Italie ne pourra jamais financer sa dette publique au-delà d’un ou deux ans. A 4%, la discussion est possible, à 6,6% l’Italie va dans le mur. Le défaut de paiement est préprogrammé.

Les indicateurs conjoncturels s’améliorent lentement aux Etats-Unis, tant sur le marché du travail que l’immobilier.

A plus long terme, les indicateurs démographiques américains sont également bien plus favorables qu’en Chine, en Amérique du Sud ou en Europe.

Les Etats-Unis ne sont pas dans une situation moins désagréable que leurs concurrents. La zone euro s’enfonce chaque semaine davantage. Et en Asie, la Chine paie le prix de son plan de relance exorbitant, fêté à l’époque par les keynésiens comme la preuve éblouissante des mérites des politiques budgétaires. Ce plan de relance s’est traduit par une flambée de l’immobilier, une mauvaise allocation des ressources. Aujourd’hui, la banque centrale resserre le crédit, mais peine à provoquer un ralentissement qui se limiterait à l’immobilier et qui n’affecterait pas les PME. Un risque majeur pèse sur la Chine ces prochains mois.

Ce ne serait donc pas une surprise si le dollar, faisant fi de sa tendance à long terme, profite des malheurs des monnaies concurrentes et continue de s’apprécier ces prochains mois.

Emmanuel Garessus
LE TEMPS

 



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