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L'économie suisse, qui a ralenti au troisième trimestre, risque de plonger en début d'année prochaine en récession en raison du refroidissement conjoncturel mondial, ont estimé jeudi les analystes.
Les chiffres publiés par le Secrétariat d'Etat à l'Economie (Seco) ne laissent guère d'illusion à la Confédération, qui a jusqu'à présent été épargnée par la crise des dettes publiques dans la zone euro et le ralentissement économique mondial.
La croissance suisse, qui repose sur les exportations, a marqué le pas au troisième trimestre, la progression du produit intérieur brut (PIB) n'ayant atteint que 0,2% comparé au trimestre précédent, contre 0,5% au deuxième trimestre.
A titre de comparaison, la croissance économique a plafonné sur la même période en zone euro à +0,2% comme au trimestre précédent, selon des données publiées à la mi-novembre par l'office européen des statistiques Eurostat.
Si les chiffres sont conformes aux attentes des analystes, ils démontrent que la Suisse a été touchée par la dégradation de la situation économique chez ses voisins.
Les exportations de biens ont ainsi baissé 0,6% et les exportations de services de 2,7%, non seulement en raison d'une baisse de la demande mais aussi à cause de la cherté du franc suisse.
La Confédération, qui dégage 1 franc sur deux à l'exportation, a vu ses ventes à l'international pénalisées par le renchérissement depuis le début de l'année de la monnaie helvétique face principalement à l'euro et au dollar, ses deux principales monnaies d'exportation.
Le trimestre a dû son salut grâce à la bonne tenue de la consommation des ménages (+0,1%) et publique (+0,6%), ainsi que la croissance dans la construction (+0,7%).
La Suisse réalise ainsi son plus mauvais trimestre depuis le deuxième trimestre 2009, où la Confédération était ressortie d'une brève récession.
Le spectre de la récession devrait réapparaître l'année prochaine, ont estimé les analystes de la Banque cantonale de Zurich (ZKB).
"Le ralentissement économique mondial et principalement la cherté du franc suisse (...) vont laisser d'importantes traces sur le PIB suisse", ont-ils estimé dans une note.
Face à ces difficultés, les spécialistes de la ZKB tablent sur une récession au premier semestre 2012. Sur l'ensemble de l'année prochaine, ils tablent sur une faible croissance de 0,2%.
Pour Unicredit, le ralentissement va se poursuivre au début d'année prochaine, en raison d'un affaiblissement de l'activité industrielle, notamment dans la zone euro.
Cette situation devrait se traduire par une "contraction modérée" de la croissance début 2012, mais pas par une récession "profonde", ont nuancé les analystes de la banque italienne.
Pour l'ensemble de l'année, la Banque nationale Suisse (BNS) s'attend quant à elle à une progression du PIB entre 1,5% à 2%.
Depuis l'été, les entreprises suisses, tous secteurs confondus, ont supprimé plus de 10.000 postes selon un décompte de l'AFP, en raison de la hausse du franc et de la dégradation de la conjoncture mondiale.
Les perspectives ne sont guère réjouissantes. L'indice du baromètre mensuel de l'institut KOF, qui anticipe l'évolution de l'économie helvétique sur les six prochains mois, a ainsi reculé à 0,35 point en novembre, contre 0,75 point en octobre, laissant entrevoir la morosité des entrepreneurs.
Ces derniers appellent la banque centrale à relever de 1,20 franc suisse pour 1 euro à au moins 1,30 franc suisse pour 1 euro, le taux de change plancher défini par la BNS, afin de donner plus de marge aux exportateurs.
L'institut d'émission a indiqué à plusieurs reprises être prêt à prendre de nouvelles mesures et pourrait donner des indications dans ce sens lors de sa réunion du 15 décembre.
romandienews
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