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La Chine, nouvelle puissance et nouveaux défis
 
Le 05-12-2011

Dix ans après son adhésion à l’OMC, l’Empire du Milieu est devenu le premier exportateur mondial. Grâce à sa nouvelle prospérité, Pékin marchande son aide à l’Europe malade

«Il s’agit maintenant d’intégrer l’économie la plus planifiée au monde à l’économie de marché. La concurrence apportera prospérité et développement.» C’était le 17 septembre 2001 à Genève. Le vice-ministre chinois d’alors Long Yongtu ­venait de boucler quinze ans de négociations qui ouvraient les portes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à la Chine. L’acte final d’adhésion sera signé le 11 décembre après l’aval du parlement chinois à 800 pages d’engagements. Un exemple: baisser les droits de douane sur les produits industriels jusqu’à 9% alors que les pays en développement imposent un taux de 30 à 40%. En réalité, l’adhésion de la Chine à l’OMC a accéléré la transformation de son économie qui avait entamé un virage à 180 degrés dès 1978. «Peu importe la couleur du chat, l’essentiel est qu’il attrape des souris.» C’est par cette phrase désormais célèbre que Deng Xiaoping, le successeur de Mao décédé deux ans plus tôt, avait enterré le communisme et adopté le capitalisme.

Depuis 2001, l’Empire du Milieu est devenu le premier exportateur dans le monde, dépassant les Etats-Unis, l’Allemagne et le Japon. Sa part est passée de 3% à 12%. Quant aux importations, elles occupent le 2e rang, derrière les Etats-Unis.

Yi Xiaozhun, ambassadeur chinois auprès de l’OMC à Genève, dresse un bilan plus précis. «Après 2001, nous avons enregistré un taux annuel de croissance de 10,5% en moyenne. La richesse nationale a quadruplé, passant de 1300 à 4900 milliards de dollars. Le revenu annuel par habitant a augmenté de 800 à 3300 dollars. Près de 200 millions de personnes sont sorties de la pauvreté et chaque année, 10,4% de la population rurale s’installe en ville.»

Un succès qui ne cache toutefois pas des inquiétudes. «La Chine doit maintenant changer de cap, explique Eden Woon, économiste pékinois et membre de la direction de Hongkong University for Science and Technology. L’industrie doit investir dans la recherche pour monter en gamme. C’est impératif par rapport à la concurrence d’autres pays.» Le changement est déjà en cours. Alors qu’en 2001, l’usine du monde exportait surtout du textile, des chaussures et des jouets en plastique, elle met désormais des produits de plus en plus sophistiqués sur le marché. Mais de l’avis des spécialistes, la Chine doit être plus inventive si elle veut maintenir son rythme de croissance.

Autre fait: l’économie chinoise s’est rendue visible grâce à la présence de ses entreprises à l’étranger. Entre 2007 et juin 2011, ces dernières ont acheté 400 sociétés à l’étranger et actives dans des domaines aussi variés que la finance, l’électronique, les mines, et l’immobilier. Montant des investissements: 86 milliards de dollars. C’est peu par rapport aux 1300 milliards de dollars investis dans 12 400 fusions et acquisitions dans le monde, selon une étude du Rand Institute basé à Washington. Mais son auteur, Charles Wolf, prédit que les investissements chinois à l’étranger doubleront d’ici à 2020.

L’ambassadeur Yi Xiaozhun explique que Pékin encourage les entreprises chinoises à acheter des sociétés étrangères. Les cas de IBM rachetée par Lenovo et de Volvo reprise par Geely ont frappé les esprits. Mais au final, la montée en puissance de la Chine se lit dans ses réserves en devises, plus que multipliées par dix depuis 2001, à 3800 milliards de dollars. Une manne qui a permis à Pékin de prendre des mesures pour contrer la crise financière et économique de 2008-2009 ou de sauver ses banques menacées par une bulle immobilière. Et qui lui permet de marchander son aide aux pays européens en crise, notamment la Grèce, l’Espagne, le Portugal et la France.

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