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Le groupe genevois acquiert un immeuble près de la place Vendôme pour y vendre des montres suisses sur 2900 mètres carrés.
L’affaire qui passionne le monde de l’horlogerie et la presse depuis plus d’un mois est conclue: Richemont a acquis un immeuble dans le quartier de l’Opéra, à Paris. Le groupe genevois prévoit d’y établir le plus grand magasin de montres de luxe du monde.
La Société Foncière Lyonnaise (SFL) a en effet annoncé hier qu’elle a vendu un bâtiment au géant du luxe. «Un compromis de transaction pour la vente de cet immeuble de 2900 mètres carrés est signé», indique Bertrand Julien-Laferrière, directeur général de SFL. Le prix de vente n’a pas été dévoilé, mais il se situe «nettement au-dessus du prix expertisé dans les comptes de SFL».
En s’installant dans le quartier près de la place Vendôme, Richemont, propriétaire des prestigieuses marques Cartier, Piaget, Jaeger-LeCoultre, Vacheron Constantin et Baume & Mercier, a un objectif clair: capter la clientèle chinoise, avide de shopping de luxe. Les chalands de l’Empire du Milieu font déjà les affaires des grands magasins parisiens du quartier, comme les Galeries Lafayette ou Printemps.
Le voisinage de l’ensemble immobilier Edouard VII ne gâte rien non plus. Notamment depuis l’arrivée du japonais Uniqlo et de l’Apple Store. «Le quartier de l’Opéra explose commercialement», s’enthousiasme Bertrand Julien-Laferrière.
Cible chinoise
Tout cet environnement permet de miser en force sur la cible du moment. Richemont bénéficie en effet d’une hausse de la demande dans la patrie de Mao et dans le reste de l’Asie supérieure à la moyenne. «Nos marques sont très appréciées en Chine et nous allons continuer à y ouvrir de nouveaux magasins», indiquait le mois dernier le président exécutif de l’entreprise, Johann Rupert. Ce pays est désormais le troisième marché de Richemont, derrière Hongkong et les Etats-Unis.
Lutte contre le franc fort
Cette évolution démontre les capacités du géant du luxe dans sa lutte contre le franc fort. La maison genevoise a ainsi su adapter ses prix pour atténuer les conséquences du problème.
Le groupe compte en plus accroître ses investissements au-delà des 6 à 7% de son chiffre d’affaires annoncés en mai. Même la Suisse est concernée. Les dirigeants de Richemont viennent en effet de confirmer la création de près de 2000 emplois en terre helvète durant les deux prochaines années.
Prévisions surpassées
Les investissements prévus visent certes l’extension des points de vente, mais aussi l’augmentation des capacités de production. Excès de confiance? Peut-être. Mais comment oublier les résultats réalisés au premier semestre 2011-2012 (clos à la fin de septembre)? La firme a réussi un bénéfice net de 709 millions d’euros (874 millions de francs), en hausse de 10% par rapport à la même période un an plus tôt. Le résultat d’exploitation a quant à lui bondi de 41%, à 1,075 milliard d’euros. Du coup, les prévisions des analystes ont été largement surpassées.
Pour la suite de l’exercice, Richemont préfère se montrer prudent, du fait des difficultés économiques mondiales. La crise de la dette souveraine dans la zone euro encourage d’autant plus à ne pas bomber le torse. «Aujourd’hui il est extraordinairement difficile de savoir ce qui va se passer», admet Johann Rupert.
Tribune de Genève - 14 décembre 2011
Philippe Rodrik avec agences |