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En 1774, Pierre Jaquet-Droz (1721-1790), son fils Henri-Louis Jaquet-Droz (1752-1791) et leur collaborateur Jean-Frédéric Leschot (1746-1824) présentent pour la première fois dans leur atelier de La Chaux-de-Fonds les trois automates-androïdes l’Ecrivain, la Musicienne et le Dessinateur. Le succès est énorme. On vient de loin pour les admirer. Déjà fort connus en Europe pour la qualité et la complexité de leur production horlogère, les Jaquet-Droz vont mettre à profit ce succès et se lancer définitivement sur le marché international. Les automates présentés en 1774 ont largement contribué à ce développement. Ils ont constitué dès lors un formidable outil de communication et de marketing.
En entrepreneurs avertis, les Jaquet-Droz parcourent l’Europe avec leurs automates qu’ils démontrent dès 1774 dans de nombreuses cours européennes. On les trouve à Paris à la cour de Louis XVI, à Bruxelles ou encore aux Pays-Bas. Dès 1775 à Londres, une des places horlogères les plus importantes du 18e siècle, Henri-Louis Jaquet-Droz y rencontre des marchands horlogers, parmi lesquels le célèbre James Cox qui assurait la vente par le biais de son fils à Canton ou encore les Duval, tous spécialisés dans le commerce avec la Chine. Henri-Louis Jaquet-Droz installe un atelier de production qu’il dirigera. L’essentiel de la production est destiné à la Chine.
Pour la période 1781-1810, on peut penser que sur les 650 pièces vendues (mentionnées), les deux-tiers sont partis en Chine. Les listes en valorisent les caractéristiques : montres, tabatières, flacons ou temples, tous par paires. Elles décrivent la matière, parfois le mécanisme et toujours la décoration: émail, pierres précieuses, oiseaux chantants, airs de musiques. A Genève dès 1784, Jean-Frédéric Leschot va jouer un rôle essentiel, il perfectionne, assemble, emballe expédie et assure la livraison jusqu’à Londres. Ensuite les objets sont laissés dans les mains des marchands qui les achemineront à Canton.
Un ambassadeur d’Automates & merveilles en Chine
L’Ecrivain est le premier des automates Jaquet-Droz. Sa création, qui a débuté en 1768, est l’œuvre de Pierre Jaquet-Droz qui poursuivait ainsi ses recherches dans les domaines de la mécanique pittoresque et de la reproduction artificielle de la vie et du mouvement. L’automate d’une hauteur d’environ 70 cm, un petit garçon assis sur un tabouret, écrit avec une plume d’oie sur une table d’acajou. Son mécanisme de plus de 4'000 pièces est sans doute le plus complexe des trois androïdes. Programmable, et ceci révèle son caractère exceptionnel, il écrit n’importe quel texte de 40 signes sur trois lignes. De sa main droite, l’Ecrivain trempe sa plume dans un encrier en suivant le geste des yeux et de la tête, la secoue puis écrit son texte, lettre après lettre, sur un papier qui se déplace.
Pierre Jaquet-Droz, Henri-Louis Jaquet-droz et Jean-Frédéric Leschot n’ont jamais fait le voyage de Chine. En revanche leur notoriété, par la qualité de leur production, y était largement établie.
Le 8 décembre dernier, Montres Jaquet Droz SA était fier de présenter l’automate L’Ecrivain qui a effectué, pour la première fois, ce long voyage vers Pékin. Grâce au soutien de Montres Jaquet Droz SA et au prêt du Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel, l’histoire des horlogers chaux-de-fonnier a vécu une nouvelle étape, un bel hommage à trois hommes d’exception. Caroline Junier, Conservatrice du Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel, et Thierry Amstutz, Horloger, ont également fait le voyage depuis la Suisse et ont rendu possible cet événement exceptionnel. C’est dans un lieu où tradition et technologie sont adroitement combinés, à quelque minutes de la Cité Interdite, où Jaquet Droz a été la première marque horlogère a être importée, que les passionnés d’horlogeries et les aficionados ont eu le plaisir et l’émotion d’assister à une démonstration unique de L’Ecrivain inscrivant « Jaquet Droz en Chine ». Ils ont ensuite découvert les pièces anciennes précieusement conservées par Jaquet Droz ainsi que quelques modèles de la collection actuelle.
Le projet d’exposition « Automates & Merveilles: une exposition, 3 villes, 3 musées
Le projet est né de la conservation, dans les collections du Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel depuis plus d’un siècle, des automates historiques de Pierre et Henri-Louis Jaquet-Droz et d’une volonté scientifique de l’institution d’approfondir les connaissances à la fois de ces géniaux créateurs que du monde des automates.
Ainsi, le Musée d’art et d’histoire de Neuchâtel, le Musée international d’horlogerie de La Chaux-de-Fonds et le Musée d’horlogerie du Locle – Château des Monts se sont associés pour proposer une exposition autour de trois figures marquantes de l’horlogerie au 18ème siècle : Pierre Jaquet-Droz, Henri-Louis son fils et leur collaborateur Jean-Frédéric Leschot.
Afin de mettre en lumière le génie des Jaquet-Droz et Leschot et les questionnements qui les relient à aujourd’hui, les trois musées réunissent leurs compétences et leurs collections, enrichies par de nombreuses pièces exceptionnelles venant de prêteurs privés et publics. Présentée simultanément dans les trois institutions, cette manifestation artistique et technique d’envergure internationale mènera le visiteur du 18ème au 21ème siècle. |