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L’ancien patron du pôle horloger créé ex nihilo par le groupe LVMH quitte l'équipe de Bernard Arnault pour développer des projets personnels.
Il intègre en homme libre le comité consultatif de WISeKey (Suisse), donc un univers pas trop loin des montres et du luxe...
••• PHILIPPE PASCAL QUITTE LE GROUPE LVMH
OÙ IL VENAIT DE PASSER QUINZE ANNÉES
(DONT DIX DANS LES MONTRES)...
Confirmé : Philippe Pascal, ex-patron de la branche Montres & Joaillerie du groupe LVMH, quitte ses fonctions de conseiller personnel de Bernard Arnault pour se consacrer à ses « projets personnels » (Bourgogne, Paris, New York et... ailleurs). Sa première mission extérieure : conseiller le comité consultatif (advisory board) de WISeKey, une société suisse spécialisé dans la sécurité des systèmes d’information, qui compte notamment Hublot parmi ses clients. Ex-patron de la branche vins et spiritueux de LVMH (avant de passer aux montres), et donc vétéran des guerres du luxe, Philippe Pascal fera bénéficier WISeKey de son expérience des marques de luxe (et de son carnet d’adresses horloger)...
••• ÉVINCÉ DE LA DIRECTION DE LA BRANCHE SANS AVOIR DÉMÉRITÉ, mais aussi sans trop d’états d’âme de la part de Bernard Arnault, qui voulait à tout prix racheter Bvlgari (une belle histoire racontée à l’époque par Business Montres, 10 mars, info n° 9), Philippe Pascal se trouvait depuis ce rachat privé de mission consistante et de responsabilités. Pour tout dire, quoiqu'en excellents termes avec Bernard Arnault, il se morfondait un peu à la direction générale du groupe LVMH.
••• IL AURA PASSÉ QUINZE ANSau sein du groupe, dont cinq dans les vins et spiritueux, les dix dernières étant consacrées à construire la division Montres & Joaillerie de LVMH (image ci-dessus : avec Gabriel Tortella et, en cartouche, avec Jean-Christophe Babin et Jean-Claude Biver). Une mission couronnée par le rachat de Bvlgari, qui a achevé de placer le groupe sur le podium des grands acteurs de l’horlogerie. Comme c’était sacrifier le patron de la branche (pour y caser Francesco Trapani) ou rien pour finaliser ce rachat (dont Philippe Pascal avait personnellement avait géré les négociations !), Bernard Arnault avait sacrifié le « maillon faible », qui ne méritait sans doute pas une telle ingratitude et qui se trouvait dans la situation cornélienne du soldat qui doit se sacrifier pour sauver sa mission !
••• COMMENT RECASER UN LIEUTENANT AUSSI FIDÈLE ? Les propositions opérationnelles au sein du groupe n’avaient guère d’intérêt pour un dirigeant de l’envergure de Philippe Pascal, hormis la présidence de Louis Vuitton – mais Bernard Arnault y a préféré un recrutement externe. Le départ de l’ex-patron horloger de la branche devenait inévitable - on ne l’imaginait pas « pantouflant » comme « conseiller » sans fonction opérationnelle précise. Il est effectif depuis le début janvier et il s'est opéré sans drames, ni acrimonie...
••• IL EST ÉVIDENT QUE LE GROUPE LVMH s’appauvrit en perdant un cadre de cette valeur et en se montrant incapable de lui proposer un poste à la hauteur de son potentiel et de ses ambitions. D’une élégance morale assortie à sa silhouette élancée, fort de la confiance (souvent renouvelée) de Bernard Arnault, entrepreneur dans l’âme et manager plutôt rigoureux, Philippe Pascal venait du champagne sans rien connaître de la montre et des marchés horlogers : il a beaucoup appris en quelques années, et, surtout, bien compris les ressorts d’une industrie motrice du luxe, de ses coulisses et de ses délices. A son bilan : des acquisitions réussies, des crise épongées, des progressions facilitées - TAG Heuer, Hublot -, des maisons redressées - notamment Zenith - et de rares échecs - citons l’impossible relance d’Ebel ou celle de Fred. Il serait dommage qu’on ne recroise pas Philippe Pascal dans les eaux horlogères, mais sa mission pour WISeKey nous laisse penser qu'on le reverra bientôt dans nos parages... |