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Le Salon international de la haute horlogerie met à l’honneur les modèles historiques
Georges Kern déambule, heureux et fier comme un enfant, dans l’incroyable décor qui abrite la nouvelle collection de la marque qu’il dirige, IWC.
La firme de Schaffhouse a mis le paquet, cette année, en transformant son stand en base navale américaine. Au pied d’une tour de contrôle, les visiteurs, hommes et femmes, se pressent pour tester le simulateur de vol intégré dans une maquette d’avion de chasse F/A-18. Dans la multitude de détails du décor, tous sont inspirés par des faits réels, exulte le CEO d’IWC. La mise en scène vise à mettre en valeur cinq nouveaux modèles de montres d’aviateur, destinées à faire «rêver les grands garçons», selon les propres termes de Georges Kern. Les pièces présentées s’inspirent de la tradition de manufacture de montres d’observation, les B-Uhren ou montres de pilotes, fabriquées par la manufacture de Schaffhouse dans les années 40. Déjà, le CEO d’IWC parle d’enthousiasme des visiteurs. «En relançant cette ligne, nous allons plus que doubler nos ventes», relève Georges Kern, qui se refuse à apporter plus de précisions. Sur la santé de la marque, le dirigeant n’indique qu’une chose: «La question n’est pas de savoir lequel de nos modèles marche ou pas. La question est de savoir comment on va réussir à livrer les montres…»
Reste à savoir si les clients chinois – qui soutiennent les résultats mirifiques de l’horlogerie en 2011 – parviendront à s’identifier à un mythe américain. «Notre clientèle chinoise (ndlr: de professionnels de la distribution) réclame tout notre décor. On leur a fait remarquer qu’il s’agissait d’un porte-avions américain… raconte Georges Kern. Ils n’en ont rien à faire, pas plus que les Russes: les gens s’identifient au film, à la performance et à l’aventure. Ils n’y voient pas des symboles de guerre.» L’horlogerie évolue dans un monde globalisé, avec un profil de consommateur qui partage une culture mondiale. «Je ne crois pas à la segmentation du marché par zones.»
Plusieurs autres marques ont également revisité de prestigieux modèles du passé, dans une optique moins «musclée» et fracassante qu’IWC.
Vacheron Constantin célèbre ainsi les 100 ans de la première montre de forme (c’est-à-dire non ronde), sortie en 1912. Chez Audemars Piguet, on fête les 40 ans de la Royal Oak, caractérisée par un mouvement mécanique extraplat dans un boîtier en acier au prix d’une montre en or… Le décollage s’était fait attendre. Mais le modèle a fini par séduire des collectionneurs tels que Giovanni Agnelli, emblématique patron de Fiat.
Mais pourquoi donc relancer des modèles inspirés de performances du passé? Laissons le dernier mot au CEO d’IWC, qui envisage de faire de sa marque une institution: «Pour s’imposer, il faut faire évoluer un produit, à l’image d’une Porsche 911.»
Richemont explose les compteurs
Le groupe genevois, qui détient les marques Cartier, Van Cleef & Arpels, Jaeger-LeCoultre, IWC, Lancel et Baume & Mercier, a terminé 2011 en fanfare. Les ventes ont explosé au troisième trimestre (clos au 31 décembre), grâce notamment à la demande de la clientèle chinoise. Le chiffre d’affaires du groupe a progressé de 24% à 2,6 milliards d’euros, soit 3,2 milliards de francs. Sur neuf mois, les ventes globales ont même progressé de 31%, à taux de change constants, pour s’inscrire à 6,8 milliards d’euros (8,2 milliards de francs). Toutes les régions participent à cette hausse, et surtout l’Asie-Pacifique, qui a crû de 36% sur un an, dopée par la vigueur de la demande à Hong Kong et en Chine. K.G.
Un chrono plus rapide que l'éclair
«Le millième de seconde restera certainement, pendant des dizaines d’années, un niveau de précision qu’aucune marque ne pourra atteindre», lançait Jean-Christophe Babin, CEO de TAG Heuer, au dernier Grand Prix d’horlogerie de Genève. Des paroles aujourd’hui contredites par Montblanc et son TimeWriter II Chronographe Bi-Fréquence 1000.
Comme le Mikrotimer flying 1000 Chronographe présenté l’an passé par TAG Heuer et qui était le premier du genre, ce chronographe mécanique est capable de mesurer et d’afficher le millième de seconde, mais pour une réserve de marche de 45 mn contre 3 pour son prédécesseur. Lorsque le chronographe est enclenché, la trotteuse centrale rouge indique les centièmes de seconde, complétée dans sa course folle par un compteur à 6 h où s’affichent les secondes et les minutes du chronographe. Lorsqu’il est stoppé, un triangle rouge attendant jusque-là sur la position neutre d’un guichet à 12 h, vient s’immobiliser sur le millième de seconde atteint. Résultat: une précision extrême et une lisibilité parfaite malgré le squelettage partiel du cadran. Quant aux heures et minutes «classiques», rythmées par un balancier oscillant à 18 000 A/h, soit 2,5 Hz, elles figurent au centre, tandis que les secondes permanentes sont affichées à 9 h au moyen d’un disque transparent. Le tout est rassemblé dans un boîtier en or blanc à fond saphir, doté d’un poussoir de chronographe dissimulé entre les cornes à 12 h et d’un bracelet en alligator à double surpiqûre rouge du plus bel effet.
Tribune de Genève - 17 janvier 2011
Katarzyna Gornik |