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On l’attendait avec impatience depuis des années, mais D@AC vient de voir le jour au Nigéria...
Et c'est une marque lancée par des femmes !
Saluons la naissance d’une horlogerie authentiquement africaine, qui sonne peut-être l’éveil de l’Afrique noire comme nouvelle terre de mission pour l’horlogerie « Swiss Made »...
LE STYLE AFRICAIN (« AKOMOLEDE CHIC »)
ET LA TRADITION SUISSE...
Pourquoi l’attendre si « impatiemment » ? Question ethno-culturelle, dont la réponse se trouve dans les origines africaines (Sénégal) du créateur de Business Montres, spontanément solidaire – tous les Africains sont frères ! – d’une initiative venue du continent noir. Certes, on objectera que le groupe Richemont pourrait être considéré comme un groupe de luxe sud-africain (de par les origines de son propriétaire), mais qui le croirait. Ici même, nous avions signalé la première « Rolex nigériane », ni officielle, ni autorisée, qui n’était cependant qu’un premier pas (Business Montres du 28 septembre 2010). Avec la nouvelle marque D@AC, qui sera la référence # 13/Génération 2012 du registre des actes de naissance pour cette année, on franchit une nouvelle étape, avec une enseigne autonome, une équipe de création autochtone et des montres... Swiss Made, assemblées en Suisse par un atelier suisse agréé par la FH...
••• AU-DELÀ DU « J’AIME-J’AIME PAS » qui permet à tout minus habens de se défiler sans réfléchir plus avant, on prendra le soin de souligner à quel point cette marque est africaine. Ses deux créatrices – chic, deux nouvelles femmes de tête dans l’horlogerie, qui en manque tant ! – sont Busola Akomolede et Bola Anibaba (image ci-dessus), deux jeunes Nigérianes qui ont décidé de passer à l’acte par vocation pour le design autant que par passion pour les montres : on trouvera quelques précisions sur ces jeunes diplômées (Bola a un MBA de l’université de Lagos et Busola un Masters de l’université Brunel, au Royaume-Uni) dans une page de BN (Bella Naijia), un des sites « tendance » de référence au Nigéria (merci pour les images).
••• DÉJÀ DEUX COLLECTIONS À LEUR ACTIF, une pour les hommes, une pour les femmes, alors même qu’elles ne travaillent à leur marque qu’en dehors de leurs heures de bureau, effectuées dans des entreprises extérieures. Et plusieurs lignes dans chaque collection, pensées avec soin par Busola, la CEO, et Bola au marketing, dans une logique de « Akomolede Chic » – ce qui ne veut rien dire vu des vallées suisses, mais qui traduit un certain lifestyle africain vue des côtes atlantiques du continent noir. Le seul nom de ces lignes de montres est un délice, hautement signifiant sur place : « Mr Take-Charge » pour les carriéristes à gros potentiel, « Mr Leo » pour les rois de la jungle urbaine et les séducteurs, « Miss GND-Next Door Girl » pour les battantes qui gardent leur sang-froid en toute circonstance, « Miss Virgo » pour les Barbies nigérianes ou « Metro Woman » pour chaque Super Woman d’une Afrique matriarcale qui n’en manque pas (150 à 300 CHF pour un design intéressant et une montre hors du commun)...
••• ET-CE LE PRINTEMPS D’UNE NOUVELLE HORLOGERIE AFRICAINE ? Il est sans doute encore un peu tôt pour le dire, mais il se pourrait qu’on assiste prochainement à quelques menus investissements africains dans la haute horlogerie, ainsi qu’à l’éclosion d’autres marques africaines. A force de se focaliser sur la Chine, l’horlogerie a perdu de vue le continent africain, qui ne représente guère que 1 % de ses statistiques d’exportations officielles, mais le double ou le triple en termes de ventes réelles, compte tenu de l’existence de multiples canaux parallèles de distribution qui pallient le manque de consistance des réseaux de vente classiques. Réputée « pauvre », l’Afrique n’en est pas moins un continent émergent, avec la naissance de multiples classes moyennes locales (on peut même parler de « bourgeoisie ») et des élites qui ont toujours aimé les montres. L’Afrique du Nord (Maghreb) a déjà commencé sa conversion au monde du luxe, par exemple avec de multiples boutiques au Maroc, mais les pays qui bénéficient d’une économie dopée par les matières premières (Nigéria, Angola, Gabon, etc., sans parler de l’Afrique du Sud) comptent des millions de consommateurs au niveau moyen des Européens. On ne va pas faire de l’Afrique un Eldorado de rechange pour le cas où la Chine déclinerait, mais ça n'aurait rien d'impossible : n’oublions pas que des centaines de milliers de Chinois (ingénieurs ou cadres de haut niveau) se déversent actuellement sur le continent noir, pour une recolonisation économique larvée... |