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Lundi, un euro s’échangeait pour 1,2039 franc
Depuis que Philipp Hildebrand a démissionné de la présidence de la Banque nationale suisse (BNS) début janvier, le taux de change se rapproche chaque jour un peu plus du seuil de 1,20 franc pour un euro instauré le 6 septembre. Lundi, il est même passé sous la barre de 1,2050 franc, avec un plus bas de 1,2039.
Même si les échanges sont restés «plutôt calmes» hier en termes de volumes, Nicolas Tissot reconnaît que la situation s’est tendue ces dernières semaines. «Plus on va s’approcher de 1,20 franc, plus les marchés vont devenir nerveux», explique le responsable devises de la Banque Cantonale Vaudoise. Si bien qu’aujourd’hui, tous les regards sont tournés vers l’institution monétaire. Quelle sera sa réaction? Va-t-elle relever son taux plancher? Continuera-t-elle à le défendre avec la même détermination que sous l’ère Hildebrand? «Tout le monde s’attend à un signe de la BNS, souligne Nicolas Tissot. Particulièrement à l’étranger, où les investisseurs sont toujours plus nombreux à penser que le taux plancher ne tiendra pas.»
En attendant, le franc continue sa progression face à l’euro. Nicolas Tissot y voit deux explications principales: «Des investisseurs qui achètent du franc pour se couvrir contre toute appréciation future et des spéculateurs qui continuent à tester la volonté de la BNS et de son président par intérim, Thomas Jordan.»
Perte de crédibilité
Pour Bruno Jacquier, «l’affaire Hildebrand a entaché la crédibilité de la BNS». Selon l’économiste de la Banque privée Edmond de Rothschild, «les spéculateurs sont dorénavant plus enclins à tester un directoire (de la BNS) composé d’universitaires qu’un président issu de l’industrie des fonds alternatifs et très au fait des techniques spéculatives».
Toutefois, l’économiste reste confiant en la capacité de la Banque nationale à maintenir un taux de 1,20 franc pour un euro. «Mis à part une intervention massive au mois d’août – avant même l’instauration du taux plancher – elle est très peu intervenue sur le marché des changes, note-t-il. Si bien que la taille de son bilan demeure correcte – étant donné l’environnement actuel – lui laissant ainsi une certaine marge de manœuvre.» L’économiste ne s’inquiète donc pas outre mesure de la récente appréciation de la monnaie. «La BNS défend un plancher de 1,20 franc, rappelle-t-il. Elle ne va pas dépenser des sommes astronomiques pour défendre 1,22 franc.»
Mardi dernier, le numéro trois de l’institut d’émission, Jean-Pierre Danthine, a d’ailleurs réaffirmé que «la BNS va continuer à défendre avec la plus grande détermination le taux plancher et reste préparée à acheter des devises en quantités illimitées». Une volonté saluée le lendemain à Davos par George Soros, célèbre homme d’affaires qui s’en était pris à la Banque d’Angleterre en 1992.
Sebastien Dubas
LE TEMPS
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