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Les hommes, les femmes, les marques et les faits de janvier 2012, scannés en direct par les barorécepteurs du Quotidien des Montres.
Un classement en dix coups de projecteur sur les évolutions capricieuses de la météo horlogère...
••• LES « GRANDES GUEULES » DE L’ACTUALITÉ DES MONTRES
ET DE L’INDUSTRIE HORLOGÈRE POUR CE PREMIER MOIS DE L’ANNÉE 2012
Début d’année assez triomphant dans l’ensemble, sauf pour ce qui concerne quelques ratages (la médiocrité du GTE, les combines chez Chronoswiss, les mouvements plus ou moins « suisses ») : la « Wonder Week » a multiplié les signaux positifs, tant en direction des marques que des détaillants, des fournisseurs ou des amateurs. Il restera à consolider cette tendance positive à Baselworld, mais les nuages qui s’amoncellent à l’horizon ne rendent optimistes que les capitaines à l’aise dans les tempêtes. Les barreurs de beau temps sont déjà en train de rentrer au port, au nom d’une prudence qui confine ici à la pusillanimité...
GRAND BEAU
(par ordre alphabétique et sans idée de classement)
1)
••• BUSOLA AKOMOLEDE ET BOLA ANIBABA (D@AC)
Les deux créatrices nigérianes de la première marque horlogère 100 % noire-africaine (D@AC est la référence #13/Génération 2012) n’ont peur de rien : les noms de leurs modèles sont très évocateurs, de même que le « Akomolede Chic » du style qu’elles donnent à leurs montres sportives hyper-accessibles et... Swiss Made (Business Montres du 24 janvier)...
2)
••• JEAN-CHRISTOPHE BABIN (TAG Heuer)
En plein SIHH, il a réussi à voler la vedette aux marques de haute horlogerie grâce à son chronographe Mikrogirder, une « montre de laboratoire » capable de battre à 1 000 Hz et de chronométrer des temps (très) courts au 1/2 000e de seconde – ce qui est un progrès phénoménal dans l’art de la mesure du temps. Pour l’instant, ce Mikrogirder n’est qu’une « concept watch », mais la puissante R&D de TAG Heuer, talonnée par un Jean-Christophe Babin toujours plus impatient, vient d’accorder quelques précieuses longueurs d’avance (presque un tour d’avance !) à la marque...
3)
••• DOMINIQUE BARON (émailleuse d’art)
Le succès de la Poetic Wish de Van Cleef & Arpels lui doit beaucoup, au moins autant qu’au motoriste Jean-Marc Wierderrecht - voir ci-dessous - tellement Dominique Baron a su transcrire, par son art de la peinture miniature et ses talents dans l’émaillage d’art, le message poétique raconté par l’histoire d’amour de cette montre (image ci-dessus : la Poetic Wish, qui est vraiment la montre la plus réussie de ce mois de janvier). Comble de bonheur (pour nous !) : elle avait cette année deux montres pour s’exprimer et nous offrir deux versions de cette aventure romantique sur les hauteurs parisiennes...
4)
••• BERNARD FORNAS (Cartier)
Qu’on parle de pièces de joaillerie (magnifiques montres à secret), d’horlogerie « animalière » ou de haute horlogerie compliquée, Cartier a présenté la plus belle collection de tout le SIHH : la créativité et la cohérence de l’ensemble étaient magnifiées par un storytelling terriblement efficace, celui d’une marque de retour au meilleur d’elle-même, avec la puissance de plus d’un siècle et demi de traditions. Bernard Fornas, qui a piloté cette remontée en tête, profite d’une année 2011 exceptionnelle pour accélérer encore et passer en force à travers les remous et les cahots de 2012. Le vaisseau amiral du groupe Richemont semble insubmersible : Quo non ascendam ?
5)
••• « LE GARDE-TEMPS, NAISSANCE D’UNE MONTRE » (Greubel Forsey)
Robert Greubel, Stephen Forsey et Philippe Dufour viennent de lancer, ensemble, une initiative horlogère de première importance pour la sauvegarde, la perpétuation et la transmission de la culture horlogère : le « trésor vivant » de l’horlogerie suisse, Philippe Dufour, va former pendant un an non pas un « successeur », mais un élève capable de synthétiser les connaissances acquises pour les rediffuser à son tour (Business Montres du 16 janvier, info n° 2). D’autres horlogers de tradition pourraient venir s’ajouter à cette initiative, qui exprime à la fois la passion de ses organisateurs pour leur métier et leur inquiétude pour la dissipation des techniques traditionnelles faute de passation des connaissances entre générations...
6)
••• JEAN-MARC WIEDERRECHT (Agenhor, Genève)
Le motoriste préféré des grandes marques est un habitué du Baromontres, toujours au beau fixe, et il y revient pour sa dernière création, un des montres dont on aura le plus parlé pendant la « Wonder Week » genevoise : la Poetic Wish de Van Cleef & Arpels, pour laquelle il a imaginé une répétition cinq minutes animée d’automates romantiques particulièrement réussis sur le plan horloger comme sur celui de la décoration...
VARIABLE
7)
••• RALPH LAUREN
De même qu’on parle de « redressement judiciaire » pour une entreprise qui met tout en oeuvre pour enrayer une spirale d’échec, on peut parler de « redressement horloger » pour une marque qui s’était égarée dans une ornière commerciale dont elle ne pouvait plus sortir. Après trois années de difficultés, 2012 restera pour Ralph Lauren comme l’année du retour sur terre, avec un nouveau positionnement commercial et de nouvelles ambitions, plus réalistes et plus conformes aux attentes du marché. Serions-nous à l’aube d’une renaissance horlogère (Business Montres du 16 janvier, info n° 5) ?
AVIS DE TEMPÊTE
(par ordre alphabétique et sans idée de classement)
8)
••• 30 000 MOUVEMENTS « CLONES ETA »
Ils sont arrivés en Europe, ils sont proposés aux marques suisses et ils s’affirment Swiss Made, même si certains les soupçonnent très fort d’être beaucoup plus chinois que suisses ! On assure aux marques intéressées par ces mouvements – la pénurie rend les marques attentives aux moindres disponibilités – qu’ils proviennent d’Allemagne et qu’il s’agit d’un déstockage de calibres 2824 d’origine ETA surcommandés pendant les années de vagues grasses. A d’autres, on explique qu’il s’agit de mouvements suisses réimportés de Hong Kong, où ils avaient été livrés par un motoriste suisse. Dans tous les cas, la défiance est de rigueur et les rumeurs entachent la réputation de la place horlogère suisse...
9)
••• CHRONOSWISS
Une vente quasiment « à la sauvette » à un mystérieux investisseur suisse (révélation Business Montres du 23 janvier, dernière analyse du 30 janvier, info n° 3), des changements de gérant qui inquiètent, un modèle économique épuisé et un manque de confiance du réseau : Chronoswiss ne fêtera pas son trentième anniversaire dans l’allégresse...
10)
••• GENEVA TIME EXHIBITION
Florence Noël, la directrice du salon, avait promis la Lune à ses exposants, mais ils n’ont volé qu’en classe éco dans un charter fatigué. Même son communiqué final était ridiculement survendu : revendiquer 6 000 visiteurs dans 2 000 mètres carrés revenait à proclamer qu’il y avait eu, proportionnellement, six fois plus de visiteurs au GTE qu’au SIHH, ce dont personne ne s’était aperçu (Business Montres du 20 janvier, info n° 5). Certes, le ridicule ne tue pas dans notre société du spectacle, mais on ne voit pas comment le GTE pourrait survivre sans se refonder totalement (concept, positionnement, espace, direction) : plutôt que d’aller dans le mur en klaxonnant, il faut cesser de se prétendre alternatif face à un SIHH sûr de lui et dominateur, voire même de plus en plus impérialiste pendant la « Wonder Week »... |