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Les arbres montent-ils jusqu’au ciel pour l’horlogerie suisse? La branche a-t-elle inventé un modèle acyclique?
Les arbres montent-ils jusqu’au ciel pour l’horlogerie suisse? La branche a-t-elle inventé un modèle acyclique? Evidemment non, mais sa santé insolente dans une période de fort ralentissement économique et de franc fort intrigue. Elle semble bien loin la crise du quartz, avec une horlogerie agonisante. L’an dernier, le secteur a battu tous ses records. Jamais il ne s’est exporté autant de montres, pour une valeur de 19,2 milliards de francs.
La recette? Une précision tout horlogère: tirer profit de la mondialisation et de l’augmentation des richesses, conquérir de nouveaux marchés encore improbables il y a peu – surtout pour des produits pas indispensables –, intégrer de nouveaux métiers et compétences et explorer des champs différents, comme des matériaux inédits. La branche profite aussi du statut de symbole de richesse et de réussite qui est conféré aux garde-temps partout dans le monde. Bref, l’horlogerie a su progresser, s’adapter, s’ouvrir, se rendre désirable et désirée. Mais il est aussi vrai que l’horlogerie helvétique jouit d’une position unique, sans concurrence dans le haut de gamme, inimaginable dans tout autre secteur. Une telle réussite ne doit en aucun cas occulter les défis à venir. Dont quatre principaux.
D’abord, la formation qu’il convient d’étendre, encourager, promouvoir pour maintenir ici le savoir-faire. Des milliers d’emplois sont en passe d’être créés. Dispose-t-on des forces vives en suffisance? Pas sûr.
Ensuite, renforcer au plus vite le «Swiss made», véritable ambassadeur de l’excellence et de la qualité suisse, dont trop d’horlogers ne respectent pas les contours. Il faudra le faire de manière légale – opération difficile car considérée comme protectionniste par d’autres nations –, ou du moins par des pratiques beaucoup plus éthiques. Passer de la parole aux actes devient urgent et crucial.
Puis, et il semble qu’une prise de conscience commence à émerger, investir dans l’appareil de production et donc diminuer la dépendance aux composants de Swatch Group. Contrainte ou volontaire, cette démarche industrielle est d’ailleurs inéluctable dans ce pôle d’excellence qui se concentre sur le seul Arc jurassien. Soit 200 km à peine. Là aussi un record mondial.
Enfin, réduire les disparités. C’est que le secteur évolue à des vitesses très différentes. Les grands groupes raflent tout au passage, se muant en véritables oligopoles mondiaux. A l’inverse, pour certaines petites marques exsangues, le chant du cygne se rapproche. Il en va tout simplement de la diversité de l’horlogerie. L’une de ses forces jusqu’à présent.
LE TEMPS
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