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Les incertitudes liées à la santé de l’économie suisse perdurent
 
Le 03-02-2012

Elle était présentée comme la période de tous les dangers par les économistes. Dans un contexte de crise européenne, de ralentissement conjoncturel ou même de récession pour certains pays, comment la Suisse allait-elle s’en sortir à fin 2011, sur le quatrième trimestre? Pouvait-elle tirer son épingle du jeu alors que sa monnaie reste de plus et de l’avis unanime surévaluée? A ce stade, les données disponibles font part d’une situation un soupçon meilleur que prévu mais les indicateurs s’avèrent hétérogènes. Et il n’est pas encore possible d’exclure le pire.

D’abord, les exportations suisses ont légèrement progressé l’an dernier, de 2,1% à 197,6 milliards, tirées notamment par l’horlogerie. Mais elles restent toutefois encore inférieures de 9 milliards à leur niveau record de 2008, selon les indications de l’Administration fédérale des douanes publiées jeudi. Et la croissance a perdu de sa vigueur à chaque trimestre pour virer au rouge au troisième, avant de retrouver quelques couleurs au quatrième, peut-être grâce à l’arrimage du franc à l’euro. Seuls quatre des dix principaux secteurs ont accru leurs ventes à l’étranger et sur le mois de décembre le commerce extérieur a reflué (-1,6%).

«Ces données montrent que la force du franc continue d’avoir des conséquences négatives. Nous nous attendons à ce que la Suisse soit tombée dans une légère phase récessive cet hiver - ndlr: deux trimestres consécutifs de baisse du produit intérieur brut, PIB. Toutefois, même en considérant la situation de la zone euro, je ne pense pas que la récession va s’aggraver et qu’on peut au contraire s’attendre à un retour à la croissance au deuxième trimestre», explicite Jan Poser, chef économiste de la Banque Sarasin. Pour Roland Duss, économiste à la banque genevoise Gonet & Cie, le quatrième trimestre 2011 s’est terminé probablement avec une quasi-stagnation du PIB de la Suisse ou même sur une très légère progression, de 0,1%.

Ensuite, les indicateurs avancés n’augurent pas que du mieux, loin de là. Notamment dans l’industrie qui pourrait connaître un passage à vide. A 47,3 points, l’indice PMI de janvier, qui donne une image immédiate et représentative de l’évolution de la marche des affaires dans ce secteur, laisse présager ces prochains mois un repli de l’activité. «Dans l’ensemble, le PMI vient étayer nos évaluations, selon lesquelles l’économie suisse ne progressera que faiblement dans le courant de l’année», d’après Claude Maurer, économiste au Credit Suisse, qui confirme dans la foulée sa prévision de hausse du PIB de 0,5% pour l’économie suisse cette année.

Nettement plus pessimiste, Janwillem Acket, chef économiste de Julius Baer, est d’avis que le creux n’a pas encore été atteint. Il en veut pour preuve les chiffres révisés nettement à la baisse du PMI pour décembre, mais aussi des entrées de commandes en berne, voire parfois en régression. Surtout il mentionne le baromètre de l’institut conjoncturel zurichois KOF, désormais dans la zone négative et ce pour la première fois depuis 2009. C’est le plus important et signifiant indicateur pour l’économie suisse.

Puis, jusqu’ici, les résultats 2011 des entreprises, celles qui les ont publiés comme Gurit, Kardex, Novartis, Roche, Feintool ou d’autres, n’ont globalement pas apporté de mauvaises surprises. Du moins pas de catastrophe. «Les résultats des sociétés montrent que le quatrième trimestre est resté correct, même si les perspectives sont légèrement plus délicates, surtout dans les activités très cycliques comme l’industrie ou la chimie», indique Roland Duss de Gonet & Cie. Ce qui signifie, selon lui, que le premier trimestre en cours se terminera à nouveau par une quasi-stagnation du PIB, probablement à cause d’un léger recul de la consommation et de l’investissement. Toujours est-il qu’une phase récessive ne peut être exclue ces prochains mois, mais, si cela se concrétise, le recul du PIB suisse sera modeste. Au maximum de -0,5%, d’après l’économiste.

Là aussi, Janwillem Acket, de Julius Baer, se montre nettement moins optimiste. Il anticipe carrément une récession sur l’ensemble de l’année, de -0,5%, doublée d’un recul des prix, soit une déflation. «Ce cocktail est très toxique à long terme. Il fait le lit d’une dépression», met-il en garde.

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