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Qui gagne vraiment
de l'argent chez les marques
de montres du groupe LVMH ?
Où sont cachées les moustaches du dragon ?
Et le parachute de Pierre Arpels, quel rapport avec Fantomas ?
Qui veut s'offrir une légende à trois milliards de dollars ?
CETTE SEMAINE, AVEC L’ACTUALITÉ DES MONTRES EN LIGNE DE MIRE, LE SNIPER DU VENDREDI A...__
1)
••• TÂTÉ LA TEMPÉRATURE
DE QUELQUES SALONS PÉRI-HORLOGERS...
Tout le microcosme européen du sport et de l’outdoor avait rendez-vous à Munich pour le salon Ispo (2 344 exposants et 80 000 visiteurs, mais une toute petite poignée de marques de montres – ce qui est dommage !). Look Ispo assez substantiellement différent du SIHH : bonnet ou casquette de rigueur, jeans, vans, T-shirts, cheveux courts ou « dread locks » et tatouages. Tutoiement généralisé, personne ne se prenant au sérieux, surtout par les marques qui pratiquent qui pratiquent le stand ouvert, souvent sans comptoir d’accueil - sauf les marques les plus conservatrices, ce qui est assez mal vu ici. On est là pour le business, avec quelques nouveaux venus, comme les Français de Marithé et François Girbaud (qui se lancent dans le ski) ou les Chinois de Li Ning (pour la première fois en Europe. Tendances : la « glisse » et l’outdoor restent des courants porteurs très puissants, hyper-segmenté, en quête de diversification côté distribution. La quasi-absence de marques horlogères dans ce domaine – et sur ce salon – étonne, mais certains songent déjà à se donner une légitimité « haut de gamme » à travers des réseaux qualifiés comme les HBJO, qui sont eux aussi à la recherche de nouvelles diversifications...
••• Printor (Lyon) fêtait cette année ses 20 ans (Business Montres du 30 janvier, info n° 1) en donnant une leçon de convivialité et d’animation à beaucoup de salons horlogers réputés plus huppés ! Il suffit d’un croissant pour dérider un client : on l’a vérifié dans les allées. Une certitude : les marques d’entrée de gamme « cartonnent » dans la France d’en bas – celle que ne fréquentent pas les cars de touristes chinois...
••• Inhorgenta (Munich), c’est pour la fin de la semaine prochaine, avec beaucoup de bijouterie et de joaillerie, mais aussi des horlogers en quantité suffisante pour mériter le détour (Alpina, Casio, Esprit, le groupe Festina, Fossil, Fredérique Constant, GC, Guess, Junghans, Ice-Watch, Mondaine, Raymond Weil, Sector, Tutima, Vostok et quelques autres). Ambiance pour ces marques d’entrée de gamme : plutôt optimiste...
3)
••• AIMÉ LE TOURBILLON EN « PEAU DE DRAGON »
IMAGINÉ ET MIS EN SCÈNE PAR ANTOINE PREZIUSO...
Un tourbillon, oui, mais, en le regardant de plus près, on découvre son cadran en « peau de dragon » (écailles) et on se demande s’il n’y a pas un message métamorphique caché dans la montre, avec un rouage qui pourrait l’œil de ce dragon, une cage qui en seraient les griffes ou les moustaches, à moins que le pont du tourbillon ne soient autres que les moustaches du dragon, stylisées dans un goût chinois réimaginé par Picasso (image ci-dessus). Faisons confiance à Antoine Preziuso pour ne pas nous livrer les clés du code en même temps que le message secret : il est vrai que les dragons n’ont jamais été faciles à apprivoiser...
4)
••• RELEVÉ CHEZ LVMH
LE MOT QUI SERA À LA MODE CETTE ANNÉE CHEZ LES HORLOGERS...
Retenez-bien : « investissements capacitaires ». C’et du Bernard Arnault dans le texte, mais on peut y voir le leitmotiv 2012 dela grande symphonie horlogère – pour LVMH comme d’ailleurs pour toute l’horlogerie suisse hors Swatch Group. Sans chiffrage précis de la part de la direction du groupe, les marques de montres du groupe LVMH devraient casser leur tirelire en 2012 pour investir dans de nouvelles capacités de production (TAG Heuer dans le Jura suisse, Hublot à Nyon, Louis Vuitton à Genève, Zenith au Locle, Bvlgari à La Chauds-de-Fonds). Budget prévisionnel : 120 à 150 millions de francs suisses sur deux ans (estimation Business Montres, mais la branche horlogère réalise à présent 1,9 milliard d’euros de chiffre d’affaires (après la consolidation de Bvlgari dans ce pôle), soit un doublement de son périmètre, avec une croissance organique autour de 23 % (+ 41 % pour les profits)...
••• Quelques réflexions à l’examen des super-chiffres de la branche horlogerie du groupe (hors groupe Bvlgari, tout juste consolidé dans les comptes et pour six mois d’activités). Il est certain que quelques marques ont surperformé. Quelques calculs sur la base des estimations business Montres (« non officielles et non autorisées », comme il se doit) :
•• On peut estimer la croissance annuelle 2012 de TAG Heuer à près de 30 %, ce qui nous donnerait un chiffre d’affaires annuel d’environ 680-700 millions d’euros, avec des profits en hausse de près de 40 %. Jean-Christophe Babin reste le contributeur majeur aux profits de la branche, même avec le poids de Bvlgari à ses côtés.
•• Hublot ne doit pas être loin des 40-45 % de croissance, soit un chiffre d’affaires estimé à 250 millions d’euros et des profits en hausse de 35 %...
•• Zenith prouve la validité de son approche avec plus de 50 % de croissance de son chiffre (environ 110 millions d’euros) et des profits en hausse de 60 %. C’est spectaculaire, mais peu signifiant au regard des concurrents sur le marché (notamment Jaeger-LeCoultre, qui est sur la marche au-dessus de Zenith quand on regarde le podium des « vraies » manufactures qui réalisent 100 % de leurs mouvements)...
•• Les autres marques du groupe restent subrentables ou franchement déficitaires. Malgré une progression de 18 % de son activité (38 millions d’euros en 2011), Dior Montres ne parvient pas à l’équilibre (5 % dans le « rouge »), de même que Chaumet en dépit de 20 % de progression (120 millions, mais toujours un manque d'équilibre). De Beers ne va guère mieux (55 millions et des profits en baisse) et Fred ne décolle toujours pas (25 millions, mais des pertes très sensibles).
•• Consolidés dans l’ensemble de la marque Louis Vuitton (qui pèse 13 % du total de LVMH), le département des montres Louis Vuitton a connu une progression de l’ordre de 22 % (145 millions d'euros), un peu inférieure à celle de l’ensemble de la branche horlogère, avec une profitabilité difficile à analyser du fait de sa distribution exclusive...
•• Comme on l’a dit plus haut, ces chiffres – qui n’ont rien à voir avec la propagande du communiqué officiel diffusé en même temps que les résultats du groupe – sont « non officiels » (quoique recoupés et bien sourcés) et « non autorisés » (donc exclusifs). On peut toujours les contester, mais en leur opposant... les vrais chiffres, ceux des vrais comptes de la branche ! Chiche ?
5)
••• REVISIONNÉ UN CLIP TRÈS BIEN FAIT du SIHH 2012
(LA LÉGENDE DE « PIERRE ARPELS » RACONTÉE PAR VAN CLEEF & ARPELS)...
Une légende qui permet à la marque de présenter ce qui est probablement la montre masculine la plus élégante de ce début d’année : déjà connue comme « PA 49 » (PA pour Pierre Arpels), cette Van Cleef & Arpels masculine (un peu à part dans la collection du joaillier) vient d’être restylée par un des meilleurs designers de la place genevoise, qui a su en sublimer les codes et les moderniser sans les trahir. La proposition est on ne peut plus séduisante et d’une élégance totale on peut même dire qu’elle est parfaitement juste – ce qui n’est pas, et de loin, le cas de beaucoup d’autres propositions masculines de ce début d’année. On peut aller à la rencontre de la légende Pierre Arpels dans une vidéo à découvrir sur la chaîne images de Business Montres : c’est sans doute la première fois que Fantomas est mis au service de la communication d’une marque de la place Vendôme...
6)
••• NOTÉ QUELQUES INFORMATIONS HORLOGÈRES
À LA VOLÉE, EN VRAC, EN BREF ET EN TOUTE LIBERTÉ...
••• CHAISES MUSICALES : Sophie Bonnet (ex-marketing MCT-Manufacture contemporaine du temps) s’occupe désormais du travel retail (boutiques multi-produits d’aéroport) du groupe Bvlgari en Europe.
••• NOUVELLES MARQUES 2012 : dans la série des néo-marques monochrome « personnalisables », un nouveau venu, TIKKR (référence # 21/Génération 2012). On peut tout changer, et même créer des cadrans avec son propre logo...
••• BEAT HALDIMANN : le plus discret et le plus traditionnel des horlogers se révèle à travers un livre, lui aussi très discret et très traditionnel ! « Cet homme est dangeureux », puisqu’il nous démontre qu’une autre horlogerie est possible, dans « l’hyper-exclusivité de l’ultra-qualité », et que la vérité est ailleurs que dans les machines ou les cash machines (Business Montres du 1er février)...
••• CHRONOSWISS : décidément très compliquée, la dévolution de Chronoswiss à un discrétissime investisseur suisse (dernier article : Business Montres du 30 janvier, info n° 3). Ces jours-ci, la société repreneuse – Chronoswiss Montage – a encore changé de nom : elle est devenue Chronoswiss Deutschland ! Et Mme Hocke-Lang, l’épouse de Gerd R. Lang, est désormais la seule à pouvoir signer pour Chronoswiss Uhren, la société reprise... Que faut-il en penser ? Toujours pas le moindre commentaire côté allemand...
••• PIERRE DEROCHE : superbe poésie mécanique, la TNT Royal Retro (mouvement manufacture exclusif) de Pierre DeRoche égrène ses secondes séquentielles sous sept ponts saphir, qui transforment cette montre en une sorte de symphonie pour rouages et orchestre. Joli travail de mise en valeur d’un calibre déjà trop original par son concept multi-rétrograde. A découvrir en animation sur la chaînes images de Business Montres...
••• DÖTTLING la plus grande « boîte à montres » du monde pour les plus grands malades de la collection de montres (Business Montres du 2 février)...
••• SCHWARTZENEGGER VA RATER BASELWORLD : il sera bien en Suisse début mars, mais le 6 et le 7, il inauguera à Genève les nouveaux locaux de son ONG, R20, qui lutte contre le changement climatique et pour la création d’économies vertes durables. Accessoirement, à Genève, il sera plus proche de ses vallées horlogères préférées (quoique la marque qui porte son nom soit américaine : Business Montres du 10 janvier)...
••• WHITE & WHITE CLOCK : concept très réussi du designer Vadim Kibardin propose, en 3D, plusieurs fonctions horlogères, avec un affichage digital à base de LED. Effet saisissant sur le mur et graphisme plein d’élégance (source : Kibardin Design)...
••• UNE LÉGENDE À TROIS MILLIARDS DE DOLLARS : en 1942, le cargo Port Nicholson a coulé au large de Provincetown (Massachussets, Etats-Unis) avec à son bord 30 caisses de lingots de platine et peut-être 10 tonnes d’or, plus quelques caisses de diamants. La torpille envoyée par un sous-marin avait envoyé par le fond 53 millions de dollars de l’époque, avec un trésor estimé aujourd’hui ) 3 milliards de dollars. Si l’équipe de la Sub Sea Research parvient à ses fins et remonte le magot, ce sera la plus folle chasse au trésor de l’histoire et la naissance d’une légende – pour l’instant sans horloger associé (quel dommage !)...
••• LA MONTRE DE L’ARMISTICE : toujours pas de réponse probante à la question posée sur la montre qui a permis à un soldat américain de décompter les ultimes secondes de la Première Guerre mondiale. Le concours continue (chaîne images de Business Montres)...
••• LVMH PRÊT À CONTRÔLER LA DISTRIBUTION ANGLAISE ? On est à présent très au-delà des rumeurs – de plus en plus sûres – à propos du possible (prochain ?) investissement du groupe LVMH – au sens large, via L Capital, bras armé du groupe dans le private equity, et via le fonds d’investissement personnel de Bernard Arnault – dans la distribution anglaise. En rachetant Goldsmiths Aurum (une partie de ce conglomérat appartenait autrefois à la famille régnante du sultanat de Brunei), LVMH poursuit sa consolidation dans l’aval horloger en prenant le contrôle de Mappin & Webb, mais surtout du réseau Watches of Switzerland : un avantage stratégique peut-être décisif dans le grand Monopoly horloger au Royaume-Uni (révélation Business Montres du 2 février)...
••• E-COMMERCE « CONTEXTUALISÉ » : concept de site assez rigolo ! Brands on air ne vend que des produits de « placement » vus dans des films, des séries, des émissions de télévision ou des clips musicaux. Pointu, mais malin : dommage que les montres soient dans un fourre-tout avec les bijoux (TAG Heuer, F*** Me I’m Famous, Jaeger-LeCoultre, Rolex, Piaget, Tudor, Swarovski, Omega, Hamilton, Breguet, Tissot, etc., au prix du neuf). Recherches par marque ou par film/série...
••• CENTRE COMMERCIAL ÉPHÉMÈRE EN CONTAINERS : c’est à Londres, où Boxpart entend déclencher la « révolution du retail » avec son pop-up mall où de nombreuses marques indépendantes viennent s’exposer dans une soixantaine de containers. Ça ne concerne évidemment (pour l’instant) que le marché gastronomique, mais l’initiative participe de cette « réinvention de la ville » qui aura forcément un impact sur la distribution des montres. Nouvelle expérience d’achat pour nouveaux consommateurs : à découvrir et à méditer ! On rêve d’un espace indépendant à Baselworld, avec de tels containers relookés par des architectes déjantés...
••• « LA GÉNÉRATION Y PAR ELLE-MÊME » : quand les 18-30 réinventent la vie. Le livre est signé par Myriam Levain et Julia Tessier (éditions Françosi Bourin) et il raconte cette « génération Y » qui arrive lentement à maturité : « Individualistes, insolents, instables au boulot, indécis en amour, dopés au porno, dépolitisés, incultes… Les critiques pleuvent sur les 18-30 ans, la fameuse “génération Y”. Il était temps de nous insurger contre ces lieux communs sans fondement (ou presque) ! Si l’on nous comprend si mal, c’est que, au travail ou dans les sphères plus intimes du quotidien, nous inventons chaque jour de nouveaux modes de vie. Et pour cause : familiers de la précarité, nous avons dû apprendre à faire de notre vision à court terme un véritable atout... (...) Créative, entreprenante et solidaire, la jeunesse dessine chaque jour le nouveau visage de la société »... C’est sûr : on ne leur vendra pas les mêmes montres qu’à leurs parents, ni surtout avec les mêmes arguments !
••• CHINE (1) : Les Chinois y croient-ils toujours ? En tout cas, « les produits de luxe perdent un peu de leur éclat », nous apprend le South China Morning Post, avec un mois de décembre très en retrait sur les précédents, moins de touristes dans les boutiques et des fermetures de points de vente en cascade pour cause de loyers exorbitants...
••• CHINE (2) : message d’un correspondant local, à rapprocher de l’information ci-dessus. Les 710 000 « touristes » chinois de passage à Hong Kong pour le Nouvel An et les vacances n’ont pas vraiment fait la différence. Ils achètent moins et moins cher, mais, surtout, ce n’est pas forcément une clientèle idéale pour Hong Kong : beaucoup de laisse-aller et de rusticité, voire de manque d’éducation, pour ne rien dire d’un manque d’hygiène ou de propreté qui n’aurait rien de choquant en Chine continentale, mais qui détonne à Hong Kong. Bref, les serial shoppers chinois de l’intérieur ne sont plus ce qu’ils étaient...
••• CHINE (3) : toujours dans le même esprit, à propos des touristes chinois, ils continuent à dépenser beaucoup, mais leurs priorités ont changé. Mauvaise nouvelle pour le futur Old England de Paris : ils préfèrent visiter les monuments plutôt que les shopping malls et ils sont un peu lassés par les joies de l'autobus communautaire (source : Jing Daily)...
••• CHINE (4) : douze grandes tendances de consommation pour le marché chinois en 2012, par les experts de McKinsey – qui ont chaussé pour l’occasion leurs lunettes roses, en dépit de l’inflation galopante des prix de l’alimentation et d’un marché intérieur déprimé. Tant mieux pour eux (source : McQuinsey)...
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