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Ce qu’il y a de bien, avec les grandes maisons, c’est qu’elles savent accepter et digérer leurs erreurs tactiques...
Après son relatif échec en novembre dernier, Sotheby’s prend acte des inconvénients stratégiques de ses ventes de montres du dimanche soir.
L'auctioneer reprend l’initiative en calant ses ventes le mardi (matin et après-midi).
C'est-à-dire après la vente Christie’s du lundi, ce qui va inévitablement changer l’attitude et le comportement d'achat des collectionneurs du monde entier...
••• RENDEZ-VOUS LE MARDI 15 MAI,
POUR UNE DOUBLE VENTE SOTHEBY’S
(MATINÉE ET APRÈS-MIDI)...
On ne va pas refaire le match, ni revisionner le film catastrophe de la dernière vente Sotheby’s Genève (montres de collection, 13 novembre 2011), mais tout le concept en était devenu obsolète, à commencer par le principe d’une session le dimanche soir (analyse Business Montres du 14 novembre dernier, info n° 2). Caler une vente de montres de prestige un dimanche soir, de 20 heures à minuit, entre la fin de la session Antiquorum et la matinée Christie’s du lendemain, c’était forcément se tirer une balle dans le pied : on ne peut y disperser qu’un catalogue trop court pour faire le poids, à des heures qui empêchent les amateurs chinois d’opérer sans pour autant avantager les acheteurs européens ou américains (autre élément d’analyse Business Montres du 15 novembre, info n° 2)...
••• MESSAGE REÇU CINQ SUR CINQ, APPAREMMENT, puisque l’équipe suisse de Sotheby’s (Geoffroy Ader pour le département montres et Marc Michel-Amadry, nouveau directeur suisse) a décidé de tenir ses ventes le mardi, au lendemain de la vente Christie’s du lundi, et en deux sessions (matinée et après-midi). Ce qui permettra d’allonger la durée de la dispersion, de concevoir des catalogues plus copieux et d’organiser la mobilisation à des heures « efficaces » du public des collectionneurs chinois (plutôt en matinée), américains (plutôt dans l’après-midi) et européens (dans la salle). Premier test dès le 15 mai prochain, avec une grande collection Breguet au programme : des pièces « historiques », dont certaines n’étaient pas sortis en salle depuis une ou deux décennies. On reconnaîtra dans cette cinquantaine de numéros le talent de « scout » d’un Jean-Claude Sabrier...
••• D’AUTRES INITIATIVES SONT ATTENDUES pour cette première vente Sotheby’s du mardi, notamment du côté des catalogues : nous en reparlerons. C’est une initiative stratégique qui replace clairement Sotheby’s en challenger direct de Christie’s sur le marché des montres de collection, puisque, désormais, le dernier mot appartiendra à Sotheby’s – et non plus à Christie’s, qui avait pris l’habitude de clore en beauté les séquences saisonnières de la « Watch Madness » genevoise. Rester une nuit de plus à Genève (donc jusqu’au mardi) ne gênera pas les marchands et les grands collectionneurs européens, mais cela peut influer sur leurs comportements d’achat : il faudra en « garder sous la pédale » si le catalogue Sotheby’s est alléchant (image ci-dessus : Geoffroy Ader). En revanche, ce déplacement du centre de gravité des ventes vers le mardi risque de pénaliser Antiquorum, qui misait tout sur le dimanche. On verra à l’usage...
••• LA SEULE CHOSE DONT ON PEUT DÉJÀ SE FÉLICITER, c’est de voir Sotheby’s se ranger à l’avis des professionnels, au lieu de s’entêter dans une formule de vente vieillie et contre-performante. Une nouvelle ère commence, avec l’annonce de catalogues plus consistants et plus riches en pièces de référence, ce qui nous promet, à des heures enfin favorables, des pugilats enchéristiques mémorables sous le marteau. On l’a souvent écrit ici même : la bataille pour la suprématie sur le marché des enchères horlogères est bien lancée. Pour s’équilibrer, le marché avait besoin d’un compétiteur de poids face à Christie’s : Sotheby’s vient de relever le gant...
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