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Oui, oui, on parle bien de Badollet, cette nouvelle marque indépendante lancée à (très) grands frais en 2009, avec un positionnement marketing si aberrant en pleine année de crise que personne n'avait mordu à un tel hameçon et que Robert Pferdmenges, l’investisseur allemand, avait préféré tirer la prise en attendant le retour à meilleure fortune.
Il n’avait cependant pas jeté le bébé avec l’eau du bain : grâce à Philippe Dubois, la marque a discrètement continué un micro-parcours horloger, qui a convaincu quelques détaillants d’y croire encore...
Ce « signal faible » était plutôt encourageant : il a incité l’investisseur à insister et à retenter sa chance sur le marché. Quand on vit entre Singapour et Monaco, on a une vision assez précise du marché du luxe et de l'attente des collectionneurs.
Une volonté de renaissance cristallisée par la rencontre entre le designer genevois Eric Giroud et Robert Pferdmenges, autour d’un cahier des charges simplifié : rétablir pour Badollet une vraie valeur ajoutée mécanique dans un écrin d’esthétique horlogère classico-contemporain.
Pas facile, mais impossible n’est pas Giroud. Lequel a piloté en parallèle la traduction technique et l’expression stylistique du projet de la nouvelle, prochaine et future montre Badollet, qui ne sera dévoilée qu’à Baselworld, et en tout petit comité. L'heure est à la modestie... Ce qui est dommage, parce que la pièce est une réussite totale, dans tous les compartiments du jeu.
Pour commencer, la mécanique, vue de dos. On est tout de suite rassuré : ce n’est pas un mouvement ETA, mais une vraie « bête de manufacture » - on vous dira plus tard qui en est responsable -, conçue et réalisée pour servir le design de la montre. On remarque tout de suite la cambrure du calibre, sans rupture, mais sur plusieurs plans : il y a du pignon conique dans l’air. C’est ce qu’on apercevra à travers le verre saphir du fond, lui aussi cambré : un tourbillon dont le pont reproduit le symbole du mouvement perpétuel (infini) et un barillet plutôt inhabituel. Des rouages superbement dessinés. Le style cambré et très fluide de l'ensemble est à lui seul une gourmandise pour amateur très exigeant...
Des finitions apparemment impeccables, avec des traits tirés et des anglages qui accrochent la lumière de façon très architecturale. Cette finition repoussée – forcément réalisée à la main – est de toute beauté. Il ne reste plus, maintenant, qu’à retourner la montre pour vérifier que le recto vaut bien le verso... |