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La soudaine montée au créneau de la FH suisse n’avait vraiment rien de stratégiquement urgent ces jours-ci... Certes, la crise a poussé de nombreux donneurs d’ordre à rogner un peu plus sur la vraie valeur ajoutée suisse de leurs montres « Swiss Made », mais pas dans des proportions dramatiques capables de constituer un péril majeur pour l’industrie...
Ciblés par l’initiative de la FH : quelques « fabricants étrangers, chinois surtout mais pas seulement », qui se permettent « de vendre des montres "suisses" où la part de valeur helvétique atteint à peine 20% ».
Ah bon, et lesquels ? Il y aurait ainsi, sans la FH ait cru bon d’intervenir, des tricheurs qui se flatteraient d'un « Swiss Made » avec seulement 20 % de Swissness
On a du mal à y croire, et même à imaginer, que la FH – dont c'est la mission – n’ait pas encore sévi in petto et manu militari contre ces mystérieux et si malfaisants tricheurs « pas seulement chinois »...
On veut bien parier que, si la pression monte, c’est que les principaux commanditaires de la FH – ceux qui cotisent le plus du fait de leur chiffre d’affaires et qui sont donc les plus influents – sont désormais prêts à certifier qu’ils ont bien 60 % de valeur ajoutée suisse dans leurs montres.
Bien connus, ces grands commanditaires ne sont pas, pour la plupart, concernés par cette évolution (évidemment souhaitable) du « Swiss Made » à 60 % : Rolex doit en être à 98 %, Patek Philippe à 95 % ou Richemont à 90 %...
Reste le Swatch Group, sur lequel on pouvait se poser des questions pour ce qui était du centre vers le bas de sa pyramide de marques – d’Omega, qui a toujours beaucoup sous-traité en Asie, à Tissot ou à Swatch.
On déduira de cet emballement de la FH que le Swatch Group a désormais achevé la première séquence de sa réindustrialisation en Suisse et qu’il est pressé de passer aux choses sérieuses – c’est-à-dire à la chasse aux nouvelles parts de marché que pourraient lui concéder des marques concurrentes des siennes qui n’auraient pas encore achevé leur redéploiement industriel en Suisse.
Suivez mon regard du côté du groupe LVMH, en particulier du côté de TAG Heuer, que le Swatch Group a déjà commencé à restreindre en mouvements (après l'avoir pris en tenaille entre Longines et Omega) et qui va maintenant devoir gérer, dans l'urgence et avec des censeurs vigilants, un « Swiss Made » à 60 % un peu plus contraignant...
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